L’ABBAYE DE BELCHAMP, SES DEPENDANCES, SES SERFS
Jusqu’en 1188, la Cure de Valentigney posséda sur place des terres et des serfs ; cette année-là, le curé Villerme résigna son église et ses dépendances entre les mains de l’archevêque de Besançon qui les concédait lui-même à l’abbaye de Belchamp (27). (De ce fait, le prêtre du village allait être désormais désigné par l’Abbé). Peu après, le pape approuvait ces transferts. Dans une bulle confirmative des propriétés de Belchamp, il citait entre autres l’église de Valentigney, ses hommes, ses champs, prels, forêts, dixmes, etc.
Une partié de la glèbe de Valentigney et quelques manants main mortables dépendaient donc de l’abbaye ; si bien que lorsqu’un de ces serfs mourait sans héritier communier, son domaine revenait à l’Abbé par échute (mainmorte personnelle) ; ce fut le cas en 1507 du meix barnard des blans, accensé ensuite au Perrin bichenot.
D’autre part, assez fréquemment, le couvent recevait tout ou partie de l’héritage d’un fidèle qui désirait qu’une messe perpétuelle fût célébrée le jour anniversaire de sa mort. Ainsi, en 1459, Agnelât « relicte de feu Jehan Chilequey et fille de feu Jehan Vaulderue » légua ses propriétés à l’église de Belchamp ; elle fondait « un anniversaire pour le remède et le salut de son âme et de celles de ses successeurs» (28).
Ses enfants ne goûtèrent pas cette pieuse attention ; ils renièrent le testament maternel ; l’Abbé leur intenta un procès ; il obtint gain de cause à condition de leur verser une légère indemnité !
Avec les impôts que nous examinerons plus loin, les «censes » procuraient les plus belles ressources à l’abbaye ; citons-en deux exemples seulement:
«du 19 novembre 1529, sur Jean loyon, dud. Valantigney, et Catherine sa femme, la cerise annuelle et perpétuelle de cinq sols estev. payable à la Saint-Martin d’hyver pour le prix de cinq livres estev. assigné sur une vigne dit la grande vigne de Truchaut…m (29). En 1533, «sur Claude, Huguenin et Perin fromont, principaux ; Guillaume barbier, Guillaume fromont, Symon bonier de Valantigney et Jehan carray de Dale, plaiges, une cense annuelle et perpétuelle de liante sols pour le prix de trante livres», assigné sur diverses pièces de terre.
Après la Réformation, les autorités catholiques et les comtes protestants se disputèrent la possession de l’abbaye ; celle-ci, ses serfs et ses proprietés, passèrent finalement à la Seigneurie en 1552 ; un Receveur particulier administra pour le Comte les biens et revenus de Belchamp répartis dans divers villages, y compris Valentigney.
Le 31 mars 1584, le prince Frédéric affranchissait, contre une forte indemnité, environ 300 mainmortables établis sur les anciens domaines de l’abbaye. Or, l’année précédente, le Receveur et le Procureur chargés d’enquêter sur les disponibilités financières des serfs, avaient constaté « une grande pauvreté et pitié en la plupart… chargez de grandes charges seigneuriales, avec peu de moyens et héritages, grandement endebtez, oultre lesd. charges ordinaires » (30). Dans ces conditions, quelques serfs de Valentigney ne parvinrent pas à payer le rachat proposé et leurs successeurs restèrent longtemps mainmortables, parfois jusqu’en 1793.
Il est impossible d’en reconstituer la liste continue et complète ; néanmoins les archives citent : au 16e siècle, les perreney, les mordique ; vers 1627, Henry Merdique et son beau-frère Pierre Chopard ; en 1704, Jean Abram Charpiot; en 1727, Georges Bruot et Caterine Louys sa femme ; Jaque Juillard et Marie Bretey son épouse; en 1786, Jaque et Jean Bruot; Georges et Jean Nicolas, fils de feu Isaac Bruot (30).
Un terrier des fonds et immeubles mainmortables de l’ancienne abbaye fut reconstituée en 1747, à la demande du Prince Charles, par le conseiller Bouthenot qui s’était adjoint l’honorable F.N. Juillard, maire, co-juge de la Prévôté, et J. Fr. Barbier dit Roland ; avant d’assumer cette délicate responsabilité, les assesseurs avaient «presté serment sur les Saincts Evangiles de Dieu».
Une partie des fonds cultivée par des corvéables, sujets de la seigneurie, ne relevait donc que de la mainmorte réelle ; l’autre était exploitée par des manants ou serfs à merci (mainmorte personnelle) (31). La surface totale de ces terres atteignait alors, pour nos deux villages, une surface de 508 quartes 15 coupes et demie, soit environ 32 hectares.
Il serait fastidieux de reproduire en entier ce dénombrement qui comprend 74 noms de paysans avec les surfaces respectives de leurs fonds (32). Cependant, notons d’une part les mieux pourvus: F.N. Juillard, avec 36 quartes 6 coupes ; Isaac Renaud Ancien, 24 q. 13 e. ; J. Juillard, de Villers, 19 q. 22 c.; P. Barbiery 17 q., etc ; d’autre part, les plus pauvres : Samuel Boillot, 1 quarte 6 coupes ; Isaac Bernard, 1 q. ; P. Gentil, 1 q. ; Daniel Jeanneret, masson, 18 c.; J.-P. Bouton, natif d’Abevillers, 9 c.; etc.
Tout tenancier de ces biens mainmortables ne pouvait les vendre, échanger ou aliéner de quelque façon que ce fût, sans l’autorisation du Conseil et à condition de payer, outre les droits de lods ordinaires, un «droit de consentement». Il suffira, à titre d’exemples, de retenir ici deux des cas connus :
«Le 19 novembre 1791, Elizabeth Barbier, femme de Samuel Renaud, a vendu à Pierre et George Juillard, père et fils, un prel sous le Gras, contenant 2 vallemons de condition mainmortale envers S.A.S. à cause de Belchamp, pour 50 livres en principal, 6 livres de vin et 12 livres d’épingles ; a payé 14 livres de droit de consentement».
«Le 19 may 1770, le sieur Léopold friderieh Pillard, en qualité de commis à la Recette des Eglises, a vendu à Jean Barbier dit Roland, de Vallantigney, un champ sur le Chachu, d’une quarte, de condition mainmortable envers S.A.S. à cause de Belchamp, pour le prix de 25 livres dont les droits de consentement montent à 2 livres 1 sol 8 deniers» (32) ; (prix brut de l’are : environ. 4 livres).
Comme l’Abbé autrefois, le Seigneur recevait en échute les héritages des mainmortables dépourvus de successeurs communiers. Ainsi, en 1573, le Receveur mettait aux enchères les biens de Jehan perreney, dont les enfants avaient quitté la maison paternelle. Vers 1613, on vendait de même l’héritage Thomas Mordique. En 1684, Jacquotte BelRoix, veuve de F. Brethey, jadis serf à merci à Villers-la-Boissiere, disparaissait sans laisser d’enfants ; elle abandonnait au suzerain une maison et quelques terres.
Le Receveur disposait diversement des fonds récupérés ou disponibles. Il en amodiait quelques-uns pour une durée limitée : ainsi Claude Brung lui devait, en 1624, pour ses locations, 30 quartes de froment ; Jacques Regnault le Jeusne, en 1683, 4 livres 10 sols plus 4 quartes de froment et autant d’avoine ; etc.
Il pouvait également les céder aux paysans par accensement perpétuel : en 1580, Symon thourot et les freres bruot obtinrent, dans ces conditions, une partie de 1’échute perreney ; pour un champ d’environ 4 journaux, ils devaient chaque année une rente perpétuelle de 4 quartes par moitié froment et avoine.
D’autre part, il constituait ce que l’on appelait au Païs des censes ou rentes annuelles, redevances assignées – comme du temps de l’Abbé – sur des biens fonciers confiés à de bons cultivateurs ; voici trois cas typiques (33) :
«Du 27 novembre 1620, sur Jean Juillard le Jeusne, principal, Claude Chambert et Claude Feriot, plaiges, constitution d’une eense annuelle de 21 sols estev. payable à la St Martin d’hyver pour le sort principal de 21 livres dites monnoye », assigné sur une oiche au lieu-dit doz le Mont, etc.
«Du 22 octobre 1584, sur Guenot ferriot une cense ou rente annuelle et ‘ensable de 2 livres 4 sols jusques en fin de réachapt pour le prix de 44 livres assigné sur une pièce de terre arrible appelée dessoulz les noyes devant Villers, etc. s.
«Du 21 décembre 1562, sur Humbert et Girard juillard, une cense de 4 thinnes de vin rouge, pour le prix de 66 francs, assigné sur une vigne de la ceste de trochaud, etc.».
A cause de Belchamp, enfin, tous nos villageois payaient un certain nombre d’impôts ecclésiastiques :
• les chai-mages : légères redevances perçues par les Cures, au Pays. En 1624, Louys Barbier devait 3 gros 3 blancs forts ; Jean Courtot Regnaud, 7 gros ; Mathieu Froment, 7 gros ; etc. (34) ;
• les anniversaires (messes perpétuelles) : en 1601, Cl. et N. Regnaud payaient 2 sols pour l’anniversaire de «fut Jehan regnauld= et 8 niquets pour celui de Thévenin regnauld. Le maintien de ce droit, au Comté de Montbéliard, ne manque pas de surprendre puisque le catholicisme y était aboli. [Le premier ministre de Valentigney, Léonard Camuset, fut installé le 1er avril 1540. Ce Lorrain, moine augustin défroqué, avait été appelé par le célèbre prédicant de Montbéliard, Pierre Toussaint son compatriote, exchanoine à Metz, ancien aumônier de Marguerite de Navarre] ;
• la dîme de Belchamp, fournie également aux Cures. A ce litre, Claude Juillard le jeune alias du monnier devait 10 bichots 6 quartes par moitié froment et aveine en 1624 ; Claude Juillard le vieulx, 3 quartes de froment en 1615 ; etc. ;
• la dîme de Vallemon : ce canton de champ, appelé vallemon ou terrage, s’étend à proximité de Belchamp, sur le finage de Valentigney ; une dîme spéciale y était prélevée par le Receveur des Eglises dans des conditions particulièrement dures et injustes. Contrairement à la coutume générale de la onzième gerbe, on dîmait ici à la huitième, puis à la septième (Nos8, 16, 23, etc). En 1790, Valentigney adressa au Conseil une requête «tendante à faire déclarer que la dîme du petit vallemon serait prise à l’avenir sur le pied de l’onzième gerbe suivant l’usage général du Pays n; cette doléance soumise au Receveur n’obtint pas de réponse, à cette date !
• le coupot de ,Bel;champ : redevance ecclésiastique réglée par tous les campagnards du Comté et même, à Mandeure, par les sujets de l’archevêque ; elle se justifiait par le fait que Belchamp tenait la nef qui «passait » les voyageurs par de là le Doubs. A Valentigney, par exemple en 1650, les possesseurs d’une charrue entière (au moins 4 bêtes trahantes) payaient par an une quarte de froment (35) ; ceux qui n’avaient qu’une deuil-charrue, ainsi que les manouvriers, devaient un coupot ; les habitants de Villers, un coupot ; mais on ne réclamait qu’un demi-coupot à Cl. Thourot à cause de sa vieillesse et de sa pauvreté notoire ; quant à la fille Marguerite Chambert, accablée d’infirmités et à M. Bouthenot, pauvre de corps et de biens, elles étaient reconnues insolvables. A partir de 1759, les Boroiliots fournirent par an «un coupot de froment, outre quatre sols tournois par charrue et un sot, par chaque feu».
Belchamp assurait donc par la voie la plus directe les relations entre, d’une part Mandeure et Valentigney, d’autre part le gros du Comté ; c’était un passage d’importance vitale pour les paysans qui, obligatoirement, se rendaient aux foires et marchés de la capitale ou à des corvées seigneuriales. Au Moyen-Age, un pont de bois enjambait le Doubs à cet endroit. De là, trois chemins bien tracés s’engagaient à travers la forêt (36). Le premier rejoignait directement la Perrusse (Prusse) de Voujeaucourt et la route de Mastard (Mathay) (37). Le second aboutissait au gué de Mandeure, à la frontière franc-comtoise, à proximité de la source du Gras. Le troisième intéressait spécia3ement notre localité ; il conduisait à Villers en évitant les fortes déclivités du MontRoussot. Si, aujourd’hui, on le prend en sens inverse, on suit d’abord la Novie, qui vient de recouvrer une toute nouvelle importance puisqu’elle dessert un quartier moderne; ensuite le Chemin des Praslets qui coupe les pâturages descendant de la ferme des Buis (38) ; enfin, un sentier dans les bois, en grande partie effacé.
En 1318, à la suite d’une sentence arbitrale de 1’escuyer Huguenin de Bavans, les moines avaient réparé cette voie antique qui montait de Belchamp vers le finage de Valentigney, «en tel manière que chers et cherrautes si pussent acontrer, et que quanz li champs sairai veuz, que li dit prodomes de Velanteigney puissent par lou dit champ à cher et charraute sans aucison, per exchoir lou mal chemin de la dicte vie cherraul, se point en y havoit, etc » (39) ; autrement dit, la charrière devait retrouver sa largeur primitive, et les moines l’entretenir de façon que deux voitures puissent l’utiliser de front sans danger ; en retour, la communauté versait 10 livres à l’Abbé.
Au 16e siècle, le pont de Belchamp avait disparu ; une barque le remplaçait; à côté, un gué permettait le passage des bestiaux, des chars et marchandises. Le Receveur, chargé de faire assurer les traversées et entretenir la nef, soumissionnait le service de la barque. Le 16 septembre 1648, ce fut Jean Barbier qui l’obtint; il recevait 16 francs 10 gros forts pour une année à condition «de s’asquitter dehument et diligemment et aux jours accoustumez dud passage», c’est-à-dire le samedi et les jours de foire.
Le 8 novembre 1702, le service de la nef était «crié au rabbais et mis en prix par Hon. Jean Bernard, à 35 francs». Après plusieurs offres de baisse, J. Barbier l’emportait pour la somme,de 32 f., «ledit J. B. ayant promis de se rendre sur le port dud. Belchamp tous les sambedy et iours de foire depuis le soleil levant iusques au couchant, à l’effet de bien passer et repasser tous les particuliers qui ont droit au subiet dud. passage, et d’avoir et observer tous les soings nécessaires pour la conservation dud. bateau, à peine d’en respondre en son chef» (40). La nef ne devait servir qu’au transport des personnes. Aussi, en 1626, Jean Fostel fut sommé de ne pas utiliser la nouvelle «nef de sappin » pour passer du bois, des pierres et autres matériaux destinés à la « thuyllerie » d’Arbouans.
En 1710, les émoluments du passeur s’élevaient à 34 francs ; 32 f. en 1725, ce qui représentait un salaire de moins de 12 sous pour une longue journée d’occupation.
Au 17e siècle, un nouveau gué aménagé en amont, «sous la forge d’Audincourt», fut adjoint à celui de Belchamp. Dans une requête du 5 octobre 1663, les habitants de Valentigney s’étaient plaints de la détérioration des anciens gués (Belchamp et l’Etrier dont nous aurons à reparler) par suite des guerres et des crues du Doubs. Ils estimaient que celui de la Forge serait plus sûr et demandaient au Comte la permission de créer un chemin pour s’y rendre ; ils s’engageaient à indemniser les propriétaires des terres que son tracé endommagerait. Après avis favorable du Conseil, le Prince accepta cette initiative paysanne.
Une nouvelle charrière reliait donc le sommet de la Novie au gué de la Forge ;[un sentier subsiste encore, peu visible dans les prés ; il s’élargit à travers le bosquet des Combottes (41), se perd dans la prairie près de la route d’Audincourt à Belchamp, voie qui d’ailleurs n’existait pas au 18e siècle].
L’utilisation de la barque et des gués n’allait pas sans dangers. En période de crue, les eaux furieuses du Doubs pouvaient engloutir nef et passagers, emporter voitures et bestiaux. Le plus terrible de ces drames survint le 2 novembre 1720 ; le bac ayant chaviré, onze paysans se noyèrent, qui laissaient de nombreux orphelins.
Quoi qu’il en soit, ces lieux de passage ne perdirent de leur importance qu’après la construction des ponts sur le Doubs, à Valentigney et à Audincourt.
Quant à la grange de l’ancienne abbaye, les fermiers qui l’exploitèrent furent, les uns des habitants de Valentigney ou des villages voisins, les autres des étrangers, tel l’anabaptiste suisse Daniel Rich, brebisier à Voujeaucourt, qui succéda aux Chènelot. En 1726, « les frères Jean, Jean-Jacques et Jean-Georges Chènelot principaux, Jean Rolland Chainelot et Catherine Sire, leurs père et mère, plaiges et cautions» ont donc obtenu la ferme «pour le terme et tems de neuf ans consécutifs qui prendront leur commencement à la St Georges prochaine de la présente année 1726 et finiront à pareil jour de l’an 1735».
Ils s’engagent à payer «annuellement et à chaque jour de Saint Martin d’hyver la quantité de 14 bichots par moitié froment et avoine en bonne et licite graine dans les greniers de la Recette ecclésiastique dud Montbéliard et au profit d’icelle, avec 40 livres tournoises pour le canon ordinaire de la présente ferme ; ils délivreront aussi 2 bichots par moitié froment et avoine dans les greniers de la Seigneurie et pour le Dîme qui luy appartiennent sur lesd. terres et ladite ferme, etc.» (42).
En tant que fermiers du Prince, les Chapnelot jouissaient de privilèges enviables : exemption de toutes les charges et impositions; droit de pâturage dans les dépendances de la grange et même dans la forêt voisine dite de Bélieu ; droit de faire mettre dix pièces de cochons lorsqu’il y aura paisson entière, la moitié lorsqu’il n’y en aura qu’une demie ; droit d’affuage auxdits bois pour entretenir leurs chariots et charrues ainsi que les clôtures nécessaires».
Les clauses finales du contrat, si longues soient-elles, méritent d’être citées à l’intention des amateurs d’histoire du Droit ; les voici : a…. sous toutes lesquelles conditions la présente amodiation a été faite, promettant lesdits fermiers et leurs pleiges tant conjointement que divisément et l’un pour l’autre, l’un seul pour le tout, de les exécuter ponctuellement, pour seureté de quoy ils obligent tous et singuliers leurs biens meubles et immeubles présents et futurs qu’ils ont pour ce fournis, et soumettent à toutes cours et juridictions qu’il appartiendra en renonçant à toutes exceptions contraires aux présentes, même au bénéfice de Division, ordre de prévention et discussion de biens ; ladite Catherine Sire ayant même renoncé spécialement de prédite autorité de son mary au Senatus consult velléien, à la Loy Julie, aux authen h’ques siqua taulier et sive ame, et généralement à tous droits et loix favorables à son sexe ….». On ne saurait mieux, après avoir écarté tout risque, préciser l’incapacité d’une épouse et mère, et souligner les pressions intolérables exercées par les autorités montbéliardaises pour supprimer, au 18e siècle, les garanties que l’Antiquité et le Moyen-Age accordaient à la femme mariée!
En 1778, la Recette ecclésiastique, obligée de recourir «à tous les moyens d’augmenter ses revenus à peine suffisants pour les charges qui lui incombent», décide de revaloriser le bail. Jean Rich accepte un contrat à compter de la St Georges 1780, à raison de 2025 francs par an, outre les vins ordinaires; fermage prévu pour 18 ans (43).
Personne ne se doutait alors qu’une proche Révolution empêcherait cet anabaptiste de tenir entièrement ses engagements ; qu’elle abolirait le vieux régime qui permettait à une abbaye disparue de maintenir sous sa coupe, après avoir passé la main à des princes hérétiques, une fraction du finage de Valentigney et de ses manants 1
(27) Arch. Nat. K 2159
(28) Arch. Nat. K 2160
(29) Arch. Nat. K 2157. On a remarqué le taux légal de 5% d’intérêts. Il ne variera pas sous l’Ancien régime, au Pays.
(30) Arch. Nat. K 1726, 2158, 2159, 2163, 2198. Arch. du Doubs E986.
(31) Pour la distinction entre mainmorte réelle et mainmorte personnelle, voir G. Bugler, ouvrage cité, p. 53 g voir aussi la bibliographie du présent essai.
(32) Arch. du Doubs, E 994.
(33) Voir, entre autres, Arçh. Nat. K2157, 2158, 2159, 2163, etc. Arch. du Doubs E 990.
(34) Arch. Nat. K 2195
(35) Arch. Nat. K 2158.
(36) Aujourd’hui encore en retrouve quelques vestiges de ces anciens chemins ; consulter les Cartes d’Etat-Major, en particulier l’édition de 1841. Voir le croquis tiré d’une carte de 1750 (illustration n° 5).
(37) Cette voie s’appelait naguère « chemin ferré»; est-ce parce qu’il était emprunté par les convois se rendant de la forge d’Audiacourt à celle de Bourguignon ? Méritait-elle le sens originel de voie gallo-romaine dont la solidité défie les siècles ?
(38) Année 1959 : cette généreuse glèbe est bouleversée pour faire place à un autre quartier : la belle résidence des Buis.
(39) Arch. Nat; K 2161 ; Manuscrit Bibliothèque de Montbéliard n0 158.
(40) Arch. Nat; K 1986, 2158
(41) Parenthèse écrite en 1959. Depuis, cette voie rénovée, très importante, descend du quartier des Buis, rejoint, la route d’Audincourt à Belchamp ; ce qui permet d’accéder directement au nouveau pont pour Arbouans et Monthéliard ; pont mis en service l’an 1963.
(42) Arch. Nat; K 2086.
(43) Arch Nat. K 2161.