15 Rue du Docteur Eugène Jacquot, 90400 Danjoutin

Christ Roi
22novembre 2020

Mes amis, nous sommes dans un pays laïc où chacun a le droit de dire qui est son leader spirituel, sans l’imposer aux autres. En fêtant le Christ roi, nous disons que notre leader spirituel, c’est Jésus de Nazareth. Nous n’obligeons personne à soumettre sa vie au Christ ; mais nous disons notre joie de suivre le Christ…
            Précisons que le Christ est parfois mal connu, voire caricaturé en personnage qui prône la faiblesse voire la mièvrerie, qui a un curieux sens de son bon droit puisqu’il ne se défend pas quand il est attaqué, et qui, de ce fait, critique l’homme respectable qui revendique son bon droit. Oui, il est mal connu !
            Alors, nous qui le connaissons mieux, quel portrait faisons-nous de lui ? Pourquoi le suivons-nous ? Pourquoi l’aimons-nous, au point de souhaiter qu’il règne davantage sur nous…?
            Le Christ roi parle ainsi : « j’irai délivrer mes brebis ; la brebis perdue, je la chercherai, l’égarée, je la ramènerai ; celle qui est blessée, je la panserai ; celle qui est malade, je lui rendrai des forces ». Je ne connais pas d’autres leaders qui aient une telle préoccupation de leurs adeptes ; il leur suffit qu’ils votent pour eux ! « Les chefs des peuples commandent en maîtres et font sentir leur pouvoir » (Luc 22,25) ; le Christ, à l’opposé, promeut la liberté en disant « si tu veux » et il fait sentir sa douceur, sa compréhension, sa sollicitude. Vous avez senti la douceur du Christ : rendez-lui grâce !
            Le Christ roi parle ainsi : « tout ce que vous faites au plus petit, c’est à moi que vous le faites ». Il exprime donc que son palais royal, c’est toute personne humaine, celle que nous croisons banalement, dans le quotidien. Il serait donc logique qu’ayant le Christ pour roi, nous regardions le visage du frère comme le visage de notre roi à respecter avec joie ; que nous accueillions les désirs du frère comme les désirs de notre roi ; que nous servions le frère avec l’empressement dû à notre roi.
            Frères et sœurs, c’est exigeant d’avoir le Christ pour roi. Si je dis non à l’appel d’un malade, c’est à celui qui est mort pour moi que je dis non. Si je refuse un dépannage à celui qui a besoin d’une aide, c’est à celui qui a été torturé pour moi que je dis non. Si je méprise un frère parce que quelque chose me déplait en lui, c’est mon roi mort pour moi que je méprise. On comprend que la loi de notre roi soit « Tu aimeras ton prochain ».
            Et c’est peut-être parce que l’appel à aimer dérange trop que certains ne veulent pas que le Christ règne.
            Mais, il n’est pas un homme qui ne sente l’appel à aimer, à tendre la main, à partager, à chercher la justice… Tous nous l’entendons, et ils sont innombrables ceux qui se laissent déranger par cet appel. Nous sommes 7 milliards et demi sur terre ; qui pourrait compter les gestes d’entraide, les pardons, les sourires d’encouragement, les démarches fraternelles qui se font en une journée ? Ces gestes sont innombrables ; et c’est pourquoi l’amour règne déjà, c’est pourquoi le Christ est déjà roi. L’évangile le dit ainsi « le royaume est au milieu de vous ». Si vous en êtes convaincus, rendez-lui grâce.
            Enfin, le Christ roi parle ainsi : « mon corps livré pour vous ». Comme le bon berger s’avance face au loup pour que la fureur de la bête s’exerce sur lui et ne fasse pas de mal au troupeau, le Christ roi s’est avancé pour que la violence du monde s’abatte sur lui de sorte que l’homme en soit libéré. Il est clair que le trône du Christ, c’est la croix, et que, de ce trône, il dit à chacun « je t’aime, je suis prêt à mourir pour toi ». Rendons-lui grâce.
            Ce n’est pas manquer de respect envers les autres que de rêver que la société soit régie par la seule loi d’amour. Elle aurait un trésor qui manque à beaucoup : l’espérance. Si le Christ plein d’amour a vaincu la haine, nous pouvons espérer un royaume de paix ; si le Christ très fidèle a maîtrisé toute infidélité, nous pouvons accéder à un royaume sans mensonge ; si le Christ a donné sa vie pour ses frères, le chacun pour soi ne peut pas avoir le dernier mot. Le Christ est pour l’homme ; et je suis sûr que tout homme est attiré par la paix, la vérité, l’amour du prochain. Posons sur le monde les empreintes du Christ, de son attention fraternelle, de sa fidélité, de sa liberté ; et puisque le roi dit « mon corps livré pour les autres », disons sur nous-mêmes « mon corps livré pour les autres »… et nos compatriotes auront envie de connaître notre roi.

33ème dimanche du temps ordinaire
15 novembre 2020

Trois préambules. J’ai lu qu’un talent équivalait à 34 kg d’or et représentait le salaire de 6000 journées, soit le salaire de 20 ans. L’homme qui n’a reçu qu’un talent s’est vu confier quand même l’équivalent de 20 ans de salaire ; et l’homme qui a reçu 10 talents s’est vu confier l’équivalent de 200 ans de salaire ! Une fortune propre à faire penser à la richesse infinie de la grâce de Dieu. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, sa Parole, son Esprit ». Il nous a dit : « tout ce qui est à moi est à toi » La fortune que Dieu nous a confiée c’est notre vie, notre famille, nos aptitudes… sans oublier sa Parole d’amour consignée dans le saint Evangile, et le baptême qui nous renouvelle dans l’Esprit Saint, et la prière du Notre Père qui nous situe comme enfants bien aimés, et le pardon, et le sacrement du corps livré qui expriment l’amour infini dont nous sommes bénéficiaires. De Jésus que Dieu nous a donné, St Paul dit qu’il renferme toutes les richesses de la sagesse et de la connaissance. Etre baptisé c’est recevoir tout ce qui est à Dieu.
            Les serviteurs ont reçu « l’un dix, l’autre cinq, l’autre un, chacun selon ses capacités ». Si nous avons reçu moins, sommes-nous jaloux de ceux qui ont reçu plus ? Si nous avons reçu plus, méprisons-nous ceux qui ont reçu moins ? On dit « égalité » : est-ce que cela veut dire « tout le monde pareil », comme si nous étions des clones et pas des personnes uniques ?  
            Second préambule. La bible dit que dès qu’il y a eu un homme, Dieu lui a confié un jardin, mais cet homme a regardé Dieu avec méfiance ; il a fait sienne l’idée du serpent qui affirme que Dieu trompe l’homme (vous lirez Genèse 3) Cela explique le comportement du 3ème serviteur. Le baptisé, normalement, ne se méfie pas de Dieu ; il sait que Dieu veut notre bien
            Troisième préambule : le maître de la parabole confie ses biens à des gestionnaires parce qu’il va s’absenter quelque temps… Ce maître, c’est Jésus qui, avant son ascension, a confié à ses apôtres de gérer ces talents que sont l’évangile, la foi, l’espérance, la charité. Etre baptisé c’est agir parce que le Christ est absent au sens où il a voulu laisser aux hommes toute la place. Etre baptisé, c’est savoir que Dieu gère le monde par serviteurs interposés ; c’est la responsabilité que souligne le Pape dans son encyclique « laudato si » sur l’écologie où il dit que les hommes sont des gestionnaires d’une terre qui ne leur appartient pas et pas de propriétaires voraces.
            Frères et sœurs, nous, les hommes, avons tout reçu de Dieu et, en l’absence du Christ, nous avons à gérer notre vie, notre famille, notre quartier, notre monde. Selon nos possibilités, et tant que le Christ n’est pas revenu, il nous faut prendre des initiatives pour que la Parole de Dieu imprègne tout, génère ici la paix, là le pardon, là le développement des êtres.
            Alors, les hommes peuvent agir de deux manières. Certains, comme les deux premiers serviteurs, sont heureux que le maître leur ait fait une telle confiance ; ils disent « l’intérêt du Maitre, c’est le nôtre » et ils se fatiguent : ils vivent l’alliance. A la messe, nous disons cela : « tu es béni toi qui nous donnes : ce que tu nous as donné, augmenté du travail des hommes, nous te le présentons, nous te le rapportons » Et Dieu nous dit « entre dans une joie de maître ; c’est à dire « tu n’es plus serviteur, tu es mon ami, tu communies avec moi » Etre baptisé c’est faire fructifier ce que Dieu a donné
            D’autres sont paralysés par la peur. Ils sont comme le 3ème serviteur qui dit un ouf de soulagement quand il rend au maître le talent, comme si ce don de Dieu l’encombrait, comme si Dieu était l’ennemi de leur bonheur, comme si Dieu était trop dérangeant. Nous connaissons bien des personnes qui disent : « l’Eglise demande que j’ose appeler des personnes qui souffrent du confinement, que je m’insère dans une équipe, que… Mais j’ai peur de ne pas savoir, que ça dérange trop mon emploi du temps, que… Dimanche dernier la parabole racontait que des jeunes filles avaient laissé s’éteindre leur lampe ; ici, pareillement des gens, par peur, font mourir la foi, ne développent pas l’espérance, négligent la charité. Or ils ont un talent ; ils débordent d’initiative pour leurs affaires mais, quand il s’agit des affaires de Dieu, ils ont peur de ne pas savoir, de ne pas pouvoir ; alors ils enterrent la Parole, ils ne prennent pas le risque de se laisser guider par l’Esprit Saint… Leur vie est stérile parce qu’ils ne font pas confiance.
            Finalement cette parabole est une bonne nouvelle car elle écrit en rouge que Dieu fait confiance à l’homme et respecte sa liberté. Du même coup elle fait l’éloge de la foi et de la confiance.
            Beaucoup parmi vous sont mariés. Dieu vous a confié un époux, une épouse, des enfants… Vous n’avez pas pensé que Dieu voulait votre malheur ; au contraire, ce trésor vous a confirmé que Dieu veut votre bien. Heureusement que vous avez eu confiance et que vous avez développé votre réserve d’amour… De même pensez que votre baptême est un trésor et qu’il convient de le développer. Pensez que l’évangile est un trésor et qu’il faut le développer et le partager.

32ème dimanche du temps ordinaire
8 novembre 2020

Frères et sœurs, entrés dans le re-confinement, nous allons attendre le dé-confinement. Dès la 1ère semaine du confinement, nous avons hâte de voir ce jour où l’on nous annoncera que l’épidémie assez maîtrisée n’interdit plus d’avoir des relations normales, faites de la chaleur de la proximité. Nous avons hâte.
            L’évangile parle d’un autre désir pressant : le désir de voir l’amour du Christ embrasser toutes choses, de voir tous les hommes obéir enfin à la loi d’amour, de voir toutes nos fragilités revêtues de la puissance de la résurrection, de voir le jour où il n’y aura plus de cris, ni de larmes, le jour où la mort n’existera plus. Je pense que tous les chrétiens ont hâte de voir ce jour où le Christ viendra. « Nous attendons ta venue dans la gloire » !
            Pour décrire cette attente, l’évangile met en scène 10 jeunes filles d’honneur, toutes en émoi de rencontrer l’époux. Pour elles, l’avenir n’est pas préoccupant puisqu’elles sont sûres que l’époux va venir. Si sûres qu’elles s’endorment sur leurs deux oreilles, non pas par manque d’intérêt, mais parce qu’elles croient à la réalisation de la promesse : l’époux va venir. Mais l’époux tarde ; toute attente est longue.
            Le jour où la mort sera vaincue, où il n’y aura plus ni cris ni larmes, où l’amour embrassera toute chose… ce jour tarde : quand viendra-t-il ? et que faire en attendant ?
            Attendre le Seigneur, c’est, d’après la parabole, chercher le carburant qui permet à la lampe de la foi, de l’espérance et de la charité, de rester allumée. Et ce carburant, c’est ce que la 1ère lecture appelle « la Sagesse de Dieu ». Regardant nos années, nous avons observé que, pendant les périodes où, au lieu de nous appuyer sur la sagesse de la Parole de Dieu, nous avons basé notre vie sur les choses éphémères de la terre et sur les références mondaines ; la lampe de notre foi a dangereusement baissé d’intensité (Dieu n’était plus dans notre carnet de relations), notre espérance s’est laissée laminer par les mauvaises nouvelles (on ne voyait que le négatif), et nous avons pensé que la charité n’était d’aucun profit. En revanche, quand nous avons ouvert notre cœur à la sagesse de Dieu qui attendait, assise à notre porte, la lampe de notre foi, de notre espérance et de notre charité a retrouvé de la vigueur.  
            Il est clair que le défi du chrétien, c’est la persévérance. Ce n’est pas étonnant puisque c’est le même défi que rencontrent les mariés qui doivent tenir leurs promesses jusqu’à la mort, les éducateurs qui auraient souvent des motifs de renoncer… A l’heure actuelle, nous obtenons une réponse immédiate en ayant fait quelques clics sur un ordinateur… mais pour grandir en humanité, mon Dieu que c’est long ! Il faut tenir !
            Au début de la parabole, toutes les jeunes filles avaient leur lampe bien allumée, et il n’était pas question de distinguer les sages et les imprévoyantes. Nous aussi, nous avons tous commencé notre attente du Seigneur avec la lumière de la Parole et de la communauté, et il n’était pas possible de savoir qui pourrait tenir jusqu’au bout de l’attente. Mais, la vie est une course de fond ; il faut tenir longtemps, il faut de l’huile en réserve. Alors, demandons-nous ceci : Pour alimenter la lampe de notre foi, de notre espérance et de notre charité, prenons-nous appui sur ce qui est offert pour être en lien avec Dieu : la communauté, la Parole méditée en famille, des lectures, des groupes de partage… ?
            La fin de la parabole semble cruelle : aux 5 demoiselles d’honneur qui demandent de l’huile, les 5 autres opposent un refus. Comment l’évangile peut exposer si peu de charité ? Mais on comprend que la foi, l’espérance et la charité ne sont pas des objets qu’on peut se procurer chez le voisin ou chez un marchand. Elles sont des dons de Dieu qui les a déposées à notre porte, comme une graine qu’il faut cultiver… patiemment… le cœur aimanté par la promesse : « l’époux vient ».
            En conclusion, deux convictions : la premier c’est que « l’esprit d’amour est à votre porte, ouvrez-lui » ; la seconde chose consiste à nous rendre auprès de la communauté pour recharger nos lampes.

Fête de la TOUSSAINT
1er novembre 2020

Frères et sœurs, depuis le mois de mars, on répète que le bon citoyen est celui qui prend soin de lui. « Prenez soin de vous » ! Ce conseil inclut le masque, le gel sur les mains, la distanciation, éventuellement l’obligation de se faire inspecter les sinus, d’obéir au diagnostic et de se mettre en quarantaine. Et les gens obéissent, chacun étant sûr qu’en prenant soin de soi, il prend aussi soin des autres, et cela sans se prendre pour un héros. Par ailleurs, tous ont applaudi les soignants et d’autres servants de la vie parce qu’ils prenaient soin des autres.
            Les soignants que l’on applaudit aujourd’hui, ce sont ceux qui, pour la santé de la société, prennent des précautions spirituelles et pas seulement des précautions sanitaires. A la toussaint, nous regardons tous ces bienfaiteurs de l’humanité qui ont entendu – et qui entendent – dans leur cœur cette sage invitation : « prends soin des autres ». En effet, il est insuffisant de barrer la route au covid ; il faut aussi barrer la route au virus de l’orgueil, d’où la parole : « heureux les pauvres de cœur ». Il faut empêcher la propagation du virus du mépris qui se répand sous prétexte de la liberté d’expression ; d’où la parole « heureux les artisans de paix ». Il est insuffisant de se confiner ; il faut aussi prendre quelques minutes de silence pour se recueillir  et regarder le monde avec des yeux de bienveillance, de pardon, d’amour. Pourquoi mettrions-nous tant d’application à nous préserver du Covid, et n’en mettrions-nous pas autant pour préserver les hommes de ce qui les fait pleurer : le mépris, l’injustice, le mensonge, la rancune ? Ce serait le chemin du bonheur : « Heureux les doux, les artisans de paix, les assoiffés de justice… »
            En faisant le portrait de Dieu, la Bible montre qu’il est le grand serviteur de l’humanité (il libère, il donne, il fait confiance…Mais comme tout le monde ne lit pas la Bible, Dieu se montre présent à tous par des serviteurs de l’humanité, des gens qui traduisent la Bible dans leur vie, des gens dont le comportement est conforme à ses lois : les saints. Les saints d’hier et d’aujourd’hui, c’est la Bible que les contemporains peuvent lire. 
            En effet, l’histoire est pleine de saints. Vos défunts font sans doute partie de cette grande cohorte des serviteurs de l’humanité. S’ils ont soigné les corps ou les cœurs, ils ont combattu victorieusement les violents. S’ils ont eu soif de la justice, et si leur « oui était oui, que leur non était non », ils ont fait reculer les fraudeurs. S’ils ont su demander pardon et pardonner, ils ont été plus forts que des gens qui font pleurer leur conjoint, leurs enfants, leurs parents….
            Les saints ? Il y en a beaucoup aujourd’hui. Un papa qui est disponible pour dépanner, une voisine qui rend visite à une famille nouvellement arrivée, votre boulangère qui sait dire un mot d’espérance, un homme qui produit de la douceur dans ce monde violent, de la miséricorde dans ce monde sans pardon, de la joie pour les jours triste2ème dimanche du temps ordinaire
8 novembre 2020s, de la paix pour ce monde en tempête. Et tous ces gens qui n’adorent pas l’argent, se font serviteurs, prennent sur eux-mêmes pour aider qqn à vivre, s’efforcent d’apporter de la paix,… Bref, les saints ne sont pas saints parce que leur vie est constamment édifiante, mais parce que, prenant soin des autres, ils sont des humbles bienfaiteurs de l’humanité. Ce faisant, ils montrent Dieu.
            Et ils sont des dons de Dieu.
 En effet, la sainteté ne monte pas naturellement au cœur de l’homme (ce n’est pas naturel de pardonner, de prendre tous les risques pour la justice…) ; la sainteté est une étrangère qui vient chez nous discrètement, sous le visage de ceux qui pratiquent le pardon et qui donnent envie de pardonner ; sous le visage de ceux qui prient avec intensité et donnent envie de prier ; de ceux qui ont faim et soif de justice et donnent envie de travailler à la justice. Bref, la sainteté de tous ces artisans du royaume de Dieu prouve que le Christ est actif dans notre monde, pour lui donner une tournure plus humaine. Jésus a pris soin des autres jusqu’à dire « mon corps livré pour vous » Aujourd’hui, il trouve des complices à Danjoutin, Andelans, Meroux, Moval, Vézelois, Chèvremont, Bessoncourt, Pérouse, Fontenelle. Soyez les complices de Dieu. Bonne fête !

30ème dimanche du temps ordinaire
25 octobre 2020

Avant la 1ère lecture  
Aujourd’hui, l’Eglise nous parlera des commandements de Dieu. Parce que nous n’aimons guère être commandés, évitons le mot commandement. Disons que Dieu indique ce que l’homme doit faire pour être vivant, en société, créateur de paix. C’est une notice de bon fonctionnement. Quand vous prenez en main un appareil nouveau, pour être sûr qu’il fonctionnera, vous commencez par lire la notice d’utilisation. Aujourd’hui, l’Eglise nous fait lire la notice de fonctionnement de l’homme : elle tient en deux mots « Tu aimeras ».

Après l’évangile
            Rappelez-vous la dernière phrase de la 1ère lecture : Dieu disait : « si le pauvre crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ». L’homme se comporte bien s’il est à l’image de Dieu, compatissant. La société ne peut vivre en paix que si les gens sont « compatissants », s’ils prennent soin les uns des autres, s’ils se décarcassent les uns pour les autres.
            Merci Seigneur, d’être compatissant !
            Merci de nous avoir faits à ton image

            Frères et sœurs, avant de recevoir le commandement par lequel Dieu vous demande d’aimer, admirez comment Dieu vous aime. Que chacun savoure ceci et qu’il se dise : Le Père m’aime de tout son cœur, de toute sa force… bien que je ne sois pas toujours aimable ; le Fils m’aime de toute son intelligence et de toute sa force, jusqu’à mourir pour moi, alors que je suis pécheur. Vraiment, il est compatissant !
            Merci, Seigneur, d’être compatissant ! 
            Ayant admiré cet amour de Dieu, nous comprenons que nous ayant faits à son image, il ait prévu que nous aimions les autres de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces. C’est la notice du bon fonctionnement de l’homme. Si nous ne respectons pas la notice, nous nous détériorons. Au volant d’une voiture, chacun veille à ne pas rouler en 5ème à 30 à l’heure, car, en sous-régime, le moteur se dégrade. De la même manière, j’ai l’impression que nous ne voyons pas de difficulté à vitre notre amour en sous-régime ; nous nous disons « je fais cela, mais pas plus ; Dieu n’en demande pas tant ». Réfléchissant ainsi, nous perdons notre dignité. Frères et sœurs, à l’image de Dieu, nous sommes faits pour aimer de tout notre cœur, de toutes nos forces. (silence)
            Merci, Seigneur, de nous croire capables d’aimer autant que toi
            « Tu aimeras ». Quand je dis que l’amour est un commandement, des gens – notamment ceux dont je prépare le mariage – disent que l’amour est spontané et qu’il n’est pas besoin de commandement. Je ne pense pas que Jésus demande le pardon pour ses bourreaux, et meure pour ses bourreaux, spontanément, sans faire un acte de volonté coûteux. Je sais qu’il ne m’est pas spontané de pardonner et payer de ma personne ; il me faut un acte de volonté. Et je cite aux fiancés la lettre que le chancelier allemand Bismarck avait écrite à sa femme « je ne vous ai pas épousée parce que je vous aimais ; je vous ai épousée pour vous aimer », avec la volonté de vous aimer. Il faut faire un acte de volonté pour se déranger même pour quelqu’un qu’on aime, pour pardonner même à quelqu’un qu’on aime, pour prendre l’avis même de quelqu’un qu’on aime…. pour continuer de travailler pour des gens qui ont peu de reconnaissance.
            Saint Paul dit que les chrétiens de Thessalonique se sont détournés des idoles. Or je suis sûr que l’idole la plus redoutable, ce que j’adore hélas et qui me tient prisonnier, c’est « mon moi, mon ego » C’est pourquoi le commandement d’aimer les autres conduit à se détourner de cette idole malsaine. Aimer, c’est la santé, c’est le salut.
            Seigneur, libère-moi de mes idoles, donne-moi d’aimer
            Le commandement d’amour est une parole de Dieu, donc une parole qui nous crée, qui nous humanise, qui rend la société moins inhumaine parce qu’elle met l’homme au centre.
            Le Christ a mis l’homme au centre : « mon corps livré pour vous ». .

29ème dimanche du temps ordinaire
18 octobre 2020

Avant la 1ère lecture.  
 Le peuple juif a intégré l’idée qu’il est le peuple choisi, le peuple avec qui Dieu a fait alliance : « Pas un peuple qu’il ait si bien traité » dit un psaume. De ce fait, majoritairement les gens méprisaient les non juifs et les traitaient de chiens ! Or voilà qu’un roi non juif Cyrus, permet aux déportés de rentrer chez eux. Et le prophète dit que ce non juif est un « messie », un collaborateur de Dieu ! Nous ne méprisons pas les non-chrétiens, mais dirions-nous que Dieu a la liberté d’agir par eux ? Reconnaissons-nous qu’ils font les œuvres de Dieu ?

Après l’évangile.
L’impôt ! Avant qu’il soit prélevé à la source, certains savaient s’y soustraire – et ça continue peut-être. Pourtant par l’impôt comme par la quête, ceux qui le peuvent contribuent à financer ce qui sert à tous : les services publics, les routes, les écoles, etc… Mais saint Matthieu n’a pas écrit l’évangile pour dire le devoir de payer l’impôt. Il l’a écrit pour étudier comment un adorateur de Dieu doit se situer dans une société qui vit sans Dieu. La réflexion de saint Matthieu nous intéresse, puisque c’est notre cas.
            Récemment un ministre français a dit « aucune loi n’est au-dessus des lois de la république » ; bien sûr, les lois de la mafia, des trafiquants de drogue et d’autres ne sont pas au dessus des lois de la république ; mais l’homme entend une loi non écrite, la loi de sa conscience : quelle loi doit prédominer : la loi de la conscience ou la raison d’état ? L’actuelle proposition de loi éthique comporte la suppression de la clause de conscience pour des obstétriciens qui devraient pratiquer l’avortement contre la voix de leur conscience. On le voit, il y a César et ses lois écrites, et il y a Dieu et sa loi non écrite.
            César et Dieu doivent être distingués. Nous distinguons le politique et le religieux, (ce que ne font pas bien des musulmans). Quand le religieux n’est pas distinct du politique, le pouvoir met la religion à son service et il se prend pour dieu. C’était le cas de l’empereur de Rome, César, qui exigeait d’être adoré comme un dieu. Et les nazis disaient « Gott mit uns ». Si je dis que Dieu est forcément d’accord avec moi, je prétends qu’il doit servir mes projets ; et j’ai tout faux, car c’est à moi de me mettre à son service. Bref, la distinction du politique et du religieux est la meilleure chose.
            Mais cette distinction n’est pas une séparation. Ainsi, si nous avons bien compris que c’est en servant les autres que nous servons Dieu, nous ne prévoyons pas dans notre vie une case pour les affaires profanes et une autre case pour Dieu. Nous ne disons pas « Je consacre aux choses de la terre la majorité de mon temps, et je donne à Dieu une heure le dimanche ». J’espère que nous disons « Je donne à Dieu tout mon temps, toute ma personne, tout mon cœur, tout mon esprit, toute ma force… y compris quand je travaille pour la société terrestre, que l’évangile appelle César ». Oui, puisqu’ils servent à faire fonctionner la maison commune – et que cela va rendre service à des frères -, mes impôts indirects ou directs ne sont pas sans lien avec ma foi en Dieu le Père de tous.
Bref, 1. Dieu et César sont distincts ;
2. César – le pouvoir civil – n’est pas Dieu ; et en même temps,
3. croire en Dieu ne dispense pas au contraire de collaborer avec le pouvoir civil pour le bien commun.

            Alors venons à l’évangile de ce jour. Les gens voient que, Jésus se réfère constamment au Père, et qu’il conteste donc que César soit un dieu. Alors, si César est un faux dieu, ne renie-t-on pas Dieu si nous lui payons l’impôt ? Jésus ne dit pas qu’il ne faut pas payer l’impôt (donc on ne peut pas l’accuser de subversion ni d’atteinte à la sûreté de l’état) Mais il dit qu’il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu ; il faut considérer que la voix intérieure de la conscience ne peut pas être étouffée par les lois de l’état. Il faut considérer que ceux qui travaillent au royaume de Dieu rendent le plus grand service à la société. A la messe, nous offrons à Dieu le plus noble impôt : avec le pain, nous offrons en culte à Dieu les efforts des diplomates, la patience des conciliateurs, les initiatives des pédagogues, les fidélités des époux, les générosités des jeunes, les disponibilités des bénévoles, les attentions des visiteurs de malades… Et au cours des jours, vous rendez à Dieu ce qui est à Dieu quand vous contribuez au bien commun, que vous vous acquittez de vos responsabilités vis-à-vis du monde, que vous vous préoccupez du développement des pays pauvres, de la lutte contre la torture et l’inégalité, de l’éducation des jeunes, de la répartition des richesses, etc…

28ème dimanche du temps ordinaire
11 octobre 2020

Intro à la 1ère lecture :           
Les infos nous donnent des nouvelles souvent pénibles : ici on se bat, là des gens organisent des injustices, et partout on pleure. Dieu est père et ses enfants sont des enfants terribles Est-ce que ce sera toujours comme cela ? Est-ce que Dieu fait quelque chose pour que les hommes cessent de souffrir des affrontements et de pleurer ? Est-ce qu’il nous prépare un monde nouveau ?

Après la lecture, on répète quelques phrases :
            Le Seigneur prépare pour tous les peuples un festin
            Le Seigneur détruira la mort pour toujours
            C’est le Seigneur, en lui nous espérions, il nous a sauvés
 

Homélie sur l’évangile ;
            Dieu est comparé à un roi qui, pour fêter les noces de son fils, envoie partout des invitations « le roi et la reine sont heureux de vous inviter aux noces du prince héritier » ; un Dieu si avenant, nous lui donnons notre foi sans hésiter. Mais, à la fin de la parabole, Dieu est comparé à ce roi qui fait massacrer les invités sous prétexte qu’ils donnent la priorité à ce qui va les enrichir (les champs et les commerces) et Dieu est comparé à ce roi qui fait éjecter un pauvre bougre parce qu’il n’a pas le vêtement adéquat ; alors nous nous demandons si nous avons raison de lui donner notre foi.

            D’abord, il s’agit d’une noce, d’une alliance : Dieu exprime sa bonté en invitant l’homme à être son allié, c’est à dire à adopter ses manières, qui sont toutes des manières d’amour… Si tous avaient les manières de Dieu, il n’y aurait pas de violence, de jalousie, de mépris. Si nous donnons notre foi à Dieu avec une telle perspective de paix, nous avons raison de donner notre foi à Dieu ! Le problème c’est que les hommes –nous – préfèrent leurs manières comme les invités préféraient leurs champs et leurs commerces. Les hommes rejettent ceux qui transmettent l’invitation à la justice et à la fraternité… ils crucifient même le Fils, celui là qui n’a pas son pareil en matière de justice et de bonté.

            La bonté de Dieu s’exprime toujours par une invitation large. De même que le roi veut remplir la salle avec des gens bons ou mauvais, de même Dieu invite tout homme à croire qu’il est aimé et invité même s’il ne l’a pas mérité ; Dieu invite tout homme à croire qu’il n’est pas si mauvais, si pécheur, qu’il serait exclu de son amour.

            Alors comment comprendre que, d’après la parabole, Dieu qui est si bon ordonne l’expulsion d’un homme qui n’a pas le vêtement requis ? Je comprends qu’étant invité sans mérite de ma part, il me revient de remplir une exigence, celle qui est énoncée à mon baptême, lorsque m’a été remis le vêtement blanc : L’Eglise m’a dit : « revêts le manteau de la justice du Christ ; le manteau de la compassion du Christ ; le manteau de la fidélité du Christ ». Frères baptisés, vérifiez cela : avez-vous endossé la compassion du Christ, la fidélité du Christ, et sa détermination à aimer et à servir ?

            Ce n’est pas du folklore, le vêtement blanc du baptême. Celui qui n’aurait pas revêtu le Christ (sa compassion, sa patience…), celui là aurait perdu la dignité humaine : il serait déshumanisé ; l’évangile dit qu’il est comme un objet : on le lie comme un sac et on le jette comme un détritus. Ne le croyez-vous pas ? Dès maintenant, nous pouvons être déshumanisés – ou inhumains – si nous ne pensons qu’à nous, si nous n’avons aucun souci de la maison commune, si nous faisons la guerre, si nous méprisons le frère, si nous ne pensons qu’à l’argent. En revanche, celui qui a revêtu le Christ, qui a épousé les manières du Christ, celui là a trouvé la véritable dignité humaine. De lui on dirait ce que Pilate dit du Christ « voici l’homme »

            Je termine : Dieu prépare un festin où tous peuvent s’attabler ; étant à la même table, ils seront réconciliés, ils auront à manger un menu de fête, et la mort sera vaincue. 

Disons ensemble :  
Seigneur, réalise ta promesse         
Seigneur réconcilie les ennemis….
Seigneur, détruis la mort       
Seigneur garde-nous dans l’espérance

27ème dimanche du temps ordinaire
4 octobre 2020

Avant la 1ère lecture  
L’automne est là ; les récoltes sont faites. Les foins, les fruits, les légumes du jardin, les vendanges, les céréales… toutes les récoltes sont évaluées soit avec satisfaction, soit avec déception. Les pommiers ont produit les pommes que nous attendions ; mais nous, produisons-nous les fruits que Dieu attend, lui qui a labouré et ensemencé nos cœurs par sa parole ? Produisons-nous des fruits tels que amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi, justice et droit… ?

Avant la 2ème lecture
Saint Paul fait ses recommandations : écoutez-les en pensant que ce sont les fruits que Dieu espère cueillir sur sa vigne, dans son peuple. Ecoutez-les en pensant que Jésus a réussi sa vie parce qu’il a produit ces fruits. Ecoutez bien les conseils qui chassent l’inquiétude !

Après l’évangile
            Isaïe et st Matthieu parlent d’une vigne ; et le prophète a précisé qu’il s’agissait de cette vigne particulière qu’est peuple juif ; aujourd’hui l’Eglise précise qu’il s’agit de cette vigne qu’est la population actuelle ; Dieu prend soin amoureusement de la population comme un vigneron prend soin de sa vigne. « La vigne du Seigneur, c’est la maison d’Israël »
            Isaïe faisait le procès de la vigne à cause de ses mauvais fruits, « Dieu attendait de beaux raisins ; elle en a donné de mauvais ». Voilà le constat de notre juge : il attendait des hommes des fruits de fraternité : il se réjouissait de dire à chacun « j’avais faim tu m’as donné à manger… » ; et il constate qu’il est obligé de dire « j’avais faim et tu ne m’as pas donné à manger ». Voilà notre péché : trahir notre vocation.

            La parabole de St Matthieu fait écho à celle d’Isaïe. Comparons-les. En Isaïe, le juge déplorait la mauvaise qualité des fruits ; en saint Matthieu, il déplore le fait que les vignerons préméditent l’assassinat des prophètes plutôt que payer le fermage que doit tout locataire. Dieu est déçu par sa vigne, son peuple ; et il est déçu par les vignerons, les chefs du peuple. Mais que décide-t-il ? D’après Isaïe, il décide d’arracher la vigne, et d’après Matthieu, il décide d’anéantir les vignerons et de confier la vigne à d’autres ouvriers.
            Dieu est déçu par nous. Dieu souffre par nous, tout autant que par ces vignerons qui assassinent le fils pour s’approprier le domaine. Qui sommes-nous pour juger ces gens qui ne voulaient pas remettre au propriétaire le produit de la vigne ? Ne nous arrive-t-il pas de ne pas rendre à Dieu ce qui lui revient ? Qui sommes-nous pour juger ces gens qui sont restés sourds quand les émissaires leur demandaient de remplir leur contrat, et qui les tuent pour ne plus les entendre ? Ne nous arrive-t-il pas de rester sourds aux prophètes que Dieu nous envoie, de déclarer que ceux qui plaident pour le partage et l’accueil ne sont que des gêneurs, de décider que ceux qui plaident pour la justice et le respect de tous ne sont que des empêcheurs de profiter de la vie ?
            Pourtant, au milieu de ces faits honteux, trois choses me semblent grandioses. La première c’est la patience infinie que le maître montre (il envoie humblement des messagers, puis, en dernier, son fils, pour demander que les hommes butés changent enfin de vie ; aujourd’hui, il envoie des gens qui rappellent à l’ordre, qui plaident pour l’écologie dans la création, pour l’écologie de l’homme, pour la justice… Dieu est merveilleux d’envoyer constamment des prophètes. La seconde merveille, c’est que, malgré l’improductivité du peuple, et malgré le comportement assassin des vignerons, il est annoncé que Dieu ira au bout de son entreprise : il fera que sa vraie vigne, Jésus, produira le vin de la fête ; il est annoncé que la pierre rejetée –le fils – deviendra la pierre d’angle. Rien ne peut mettre en échec le projet de Dieu ; voilà la source d’espérance. Enfin, le projet de confier la vigne à d’autres est une manière de parler de l’annonce de l’évangile aux païens. Dans tous les pays, il y a des gens qui produisent de bons fruits. Pour cela, rendons grâce à Dieu, celui qu’Isaïe appelle « mon bien aimé » : et disons notre joie d’être sa vigne : Mon bien aimé possède une vigne »

26ème dimanche du temps ordinaire
27 septembre 2020

Avant la 1ère lecture   Si nous avons foi en Dieu, c’est que nous sommes d’accord avec lui. Mais quand il s’agit de justice, nous constatons que nous ne sommes plus d’accord avec sa conception de la justice ; et nous lui en faisons grief. Nous classons les gens ; les bons dont nous sommes et les autres… Les gens de chez nous à qui nous pouvons faire confiance et ceux qui viennent d’ailleurs dont il faut se méfier. Le prophète dit que certains réputés sûrs peuvent trahir et que d’autres réputés peu sûrs peuvent être de véritables appuis.


Avant la 2ème lecture Nous réfléchissons à la manière dont nous accueillons ceux qui viennent d’ailleurs. Adjoignons à nos pensées les conseils de saint Paul

Après l’évangile.  Selon le souhait du pape, cette journée est consacrée surtout aux personnes déplacées dans leur propre pays. Ca m’a fait penser à un livre paru il y a 30 ans peut-être. L’auteur, le P Alexandre, décrivait comment les gens d’un canton de la région de Rouen qui s’appelle le pays de Caux l’avaient accueilli avec une méfiance profonde, alors qu’il venait  de 100 km (comme de Besançon à Belfort). Ceux qui venaient de « hors » de chez eux, les gens de ce canton les appelaient les Horsains ; équivalemment les étrangers. Le prêtre se trouve affublé de cette étiquette, et il voit la méfiance de ces gens allergiques aux étrangers, aux horsains. S’il en est ainsi pour des français qui se déplacent en France de 100 km, c’est bien pire pour les personnes qui viennent de l’étranger ; elles ont souvent vécu un chemin de croix dans leur pays, et en arrivant ici, elles peuvent être regardées avec méfiance
            Aujourd’hui, dans l’église, nous nous mettons face à ce réflexe allergique à l’étranger, en compagnie de Jésus. Lui aussi vient d’ailleurs ; il est le horsain, il est l’étranger ; il est le corps étranger qui suscite le rejet de tout l’organisme. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu et l’ont même torturé à mort.

Disons ensemble : Jésus, nous te traitons comme un étranger ; pardonne-nous


            Ce que nous faisons à l’étranger, c’est à Jésus que nous le faisons. L’étranger est le sacrement de Dieu autant que la personne du même sang que nous. Dans l’église où nous utilisons volontiers le mot de sacrement, n’oublions pas ce sacrement qu’est le frère.
            Alors, je reviens sur le texte de saint Paul. « Si, dans le Christ, il est normal d’avoir de la tendresse et de la compassion… ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous » Oui, pourquoi quelqu’un qui vient d’ailleurs n’aurait pas un cœur pur, ne serait-il pas artisan de paix, ne serait-il pas assoiffé de justice, ne serait-il pas miséricordieux ?

Disons ensemble : Jésus fais que je voie les qualités des personnes.
                              Merci pour ceux qui voient mes qualités.

                       
            Bien sûr, chacun n’a pas que des qualités ; chacun a aussi ses défauts. L’évangile selon st Matthieu montre un fils qui est tout à fait rétif à la demande de son père ; mais il se reprend et devient bien plus obéissant que son frère qui faisait mine d’être docile. A nous qui pointons les défauts des autres – ou qui sommes parfois obnubilés par nos propres défauts -, saint Matthieu fait remarquer que tout homme évolue. Untel réputé égoïste se montre capable d’une belle disponibilité ; untel qui d’habitude est plein de douceur peut blesser sévèrement ; un autre, allergique au pardon se met à penser qu’il est plus sage de pardonner… La bonne nouvelle c’est celle-ci : nous évoluons, donc aucune situation n’est définitive : personne n’est déjà définitivement dans la sainteté et personne n’est à jamais irrécupérable. Pensez à Zachée le voleur qui distribue tous ses biens. Pensez à Pierre le renégat qui termine martyr.


            La présence des étrangers a un aspect religieux : d’abord parce que toute personne est un sacrement du Christ. Ensuite parce que la foi pousse les croyants à regarder toute personne avec confiance, avec espérance, parce qu’elle est habitée par l’Esprit Saint. Dieu lui-même regarde chacun avec confiance, avec espérance, avec la certitude que nous pouvons évoluer.; derrière nos médiocrités et celles des autres, il voit le cœur saint, le cœur de l’enfant qui a souvent dit « non » mais qui finit par faire la volonté du Père. Il croit à la conversion de chacun, parce qu’il habite dans le cœur de chacun et qu’il le façonne. le Christ fidèle sait que dans l’étranger et dans l’autochtone, il n’y a pas que le rebelle qui dit « non » de manière étourdie ; il y a aussi, le saint qui dit « oui » au Père et qui fait l’œuvre du Père.

25ème dimanche du temps ordinaire
20 septembre 2020

Nous savons que la vigne c’est le peuple de Dieu, et que le maître de la vigne, c’est Dieu. Dieu embauche des ouvriers afin qu’ils travaillent dans la vigne, où leur mission sera de mettre de l’amour là où il y a de la haine, du pardon là où il y a de la rancune, de la fidélité là où il y a des trahisons ! Dans la vigne, il y a du boulot ! Dans le monde, les artisans de paix, d’espérance, de justice, de fraternité… ont du travail !  
            Les embauchés de la première heure chargés d’être complices du Dieu d’amour, ce fut le peuple juif ; les embauchés des autres heures, ce furent les païens. Dieu embauche les uns et les autres pour que son travail soit fait ; mais – et c’est une fameuse bonne nouvelle – il embauche pour donner à tout homme l’honneur de participer activement à la réalisation du royaume de l’amour. « Allez travailler à ma vigne ». Nous mêmes, peu importe que nous ayons entendu son invitation dès notre première heure ou après bien des années, réjouissons-nous parce Dieu tient à ce que nous puissions écrire sur notre carte de visite « complice du Dieu d’amour ; ou ambassadeur de la miséricorde de Dieu ; ou serviteur de sa justice » ! Voilà pour quoi nous sommes sur terre : c’est pour travailler au royaume de l’amour, en famille, dans le quartier, en prenant soin des enfants, des parents, des fragiles.
            Alors si nous sommes embauchés par Dieu, avons-nous avec lui une relation pareille aux relations entre ouvrier et patron, une relation marquée par la revendication d’un salaire, l’acquisition de primes ou de mérites ? J’espère que nous sommes au contraire si honorés d’être les complices de la bonté que nous n’attendons pas de récompense. Personnellement si je disais au Seigneur qui est mort pour moi : « tu dois me récompenser parce que j’ai fait plus que 35 heures, j’ai veillé certains soirs et j’ai quelquefois bousculé mon emploi du temps», je serais un fieffé prétentieux De plus je ne pourrai jamais dire que je fais partie des ouvriers de la 1ère heure, puisque bien des gens ont travaillé avant moi et plus que moi.

            On comprend que la parabole décrive Dieu non seulement comme celui qui embauche mais aussi comme celui qui récompense selon une conception de la justice qui lui est propre.

            Effectivement, le maître paie ses ouvriers indépendamment du temps de travail et il donne autant à ceux qui ont travaillé peu longtemps qu’à ceux qui ont travaillé longtemps. Cela nous heurte. Mais, quel est votre avis ? Qui est le plus gagnant : celui à qui Dieu donnerait un salaire limité indexé sur son temps de travail et sa peine ? ou celui à qui Dieu donne un salaire illimité à la mesure de l’infinie générosité divine, une mesure bien remplie, tassée, secouée, débordante ? Mon avis, c’est que nous sommes gagnants si la récompense est indexée sur la grâce de Dieu. De plus, la justice des hommes organise une double peine pour ceux qui n’ont pas travaillé : à l’épreuve du chômage s’ajoute une absence de salaire à la fin du mois, tandis que, pour ceux qui ont eu du travail, à la satisfaction d’avoir développé leur travail s’ajoute une bonne paie. On voit que la justice selon les hommes légitime l’inégalité et encourage la non fraternité. Alors que la justice de Dieu est une bonne nouvelle.
            Réjouissons-nous, car les défavorisés de la vie, ceux qui peinent dans leur vie familiale, ceux qui passent des années sans santé, sans moral, ceux qui restent en marge… ceux qui ne se sont intéressés à la foi que tardivement, ceux qui ne se sont mis à servir les autres qu’après avoir seulement pensé à eux… tous reçoivent de Dieu « ce qui est juste ». Ce qui est juste aux yeux de Dieu, c’est ce qui est juste aux yeux des parents qui – étant à l’image de Dieu – donnent un surcroît d’amour à l’enfant qui a des problèmes ; les frères et sœurs de cet enfant comprennent qu’en donnant ce surcroît d’attention à celui qui a de la peine, les parents pratiquent une incontestable justice.
            Dernière pensée : le maître de la parabole demande que soient payés d’abord les derniers venus, pour que les premiers soient témoins de son immense bonté envers les défavorisés de la vie ; alors, puissiez vous admirer Dieu et être les témoins de son immense bonté.

24ème dimanche du temps ordinaire
13 septembre 2020

La famille est le lieu du cadeau. Nos parents nous ont donné leur attention permanente, leur patience admirable… Nous leur sommes redevables ; et pourrons leur rendre toute cette bienveillance ? Dans la parabole, un personnage remet une dette équivalente au salaire de 60 millions de journées de travail (si on travaille 300 jours par an, il faudrait le salaire de 200 000 ans pour rembourser cette somme) ! Ce personnage qui remet une dette si démesurée ne peut être que Dieu ! Frères et sœurs, vous entrevoyez l’immensité de la grâce ! Le Père qui nous a donné la vie, les parents, les amis, les aptitudes, les enseignants, les encouragements etc… nous donne encore en cadeau le pardon de tous nos péchés. Vraiment, nous sommes redevables pour tout ce qui nous a été donné ! Il ne nous est pas possible de rembourser cette dette astronomique ni à nos parents, ni à Dieu.
            Alors, même si notre dette est astronomique, faisons comme le serviteur, demandons que Dieu nous en libère. On comprend qu’au début de chaque messe – plusieurs fois au cours de la messe -, l’Eglise prévoit que nous demandions à Dieu son pardon, car il est riche en pardon. Que nous demandions à Dieu sa miséricorde, car aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés.
            Mais, si nous déclarons que ce Dieu est notre Dieu, la référence de nos vies, il convient que nous l’imitions ; si Dieu remet les dettes les plus monumentales et cela 70 fois 7 fois, il convient que nous remettions les dettes infiniment plus modestes. On voit dans la parabole que ce maître est prêt à tout pardonner sauf une chose : le refus de pardonner. Est-ce parce que le pardon de Dieu a des limites ? non ! c’est parce que celui qui refuse de pardonner fait son propre malheur. Il nous est indispensable de pardonner parce que nous nous faisons du mal à nous mêmes si nous ruminons nos amertumes au point d’avoir des insomnies et des ulcères d’estomac.
            On raconte que des enfants entraient dans l’atelier de Léonard de Vinci, et qu’un jour, un enfant bouscula une des toiles du peintre. Celui-ci se mit en colère, chassa l’enfant… Bref, il ne pardonnait pas. Résultat : le peintre s’est retrouvé sans créativité, et maladroit. Alors, déposant son pinceau, il alla trouver l’enfant, lui demanda pardon en disant : « J’ai fait pire que toi : toi tu as heurté une de mes créations, alors que moi, par ma colère, j’ai blessé une création de Dieu ».
            Certains disent qu’en pardonnant, on s’abaisse, on ne fait pas valoir son bon droit, on encourage les impardonnables. D’après l’Evangile, refuser de pardonner, c’est empêcher le problème de se résorber, empêcher la plaie de se cicatriser ; alors que pardonner c’est libérer l’avenir, ouvrir un passage dans un mur. Frères et sœurs, vous êtes comme Dieu, créateurs de vie si vous rendez l’avenir possible pour vous et les autres. Pour créer l’avenir, Dieu n’a qu’une méthode : il fait grâce, il pratique le cadeau. Dans beaucoup de relations, on ne fait pas de cadeau (à tous les sens du mot) ; nous pouvons au contraire pratiquer le cadeau de la réconciliation.
            Je conclus en disant simplement que la clef qui ouvre la porte d’entrée au Royaume de Dieu, c’est le pardon. Chacun a cette clef dans sa poche. Qu’il s’en serve !
            La clef, Jésus Christ l’a mise dans la serrure, et il a dit « mon corps livré pour vous », Au lieu de se venger de ses agresseurs, il a dit « Père pardonne-leur »..

23ème dimanche du temps ordinaire
06 septembre 2020

En venant ici, vous saviez d’avance que l’on répèterait l’invitation à aimer les autres. Devant parler au nom de Jésus, ne je peux que répercuter cette invitation pour la nième fois !
            Le poète malicieux Jacques Prévert a laissé un petit poème : « tu dis que tu aimes les oiseaux, et tu les mets en cage ; tu dis que tu aimes les fleurs, et tu les coupes ; tu dis que tu aimes les poissons et tu les manges ; alors quand tu dis que tu m’aimes, j’ai peur ». Voyez qu’il faut réfléchir à ce que veut dire aimer. Parce qu’aimer une personne, ce n’est pas être attaché à elle pour ce qu’elle nous apporte. Or selon Jésus, aimer quelqu’un, c’est tout faire pour qu’il marche sur le chemin de la justice et qu’il grandisse.
            Au tout début de la Bible, Dieu ne demande pas à l’homme s’il croit en lui ; il lui demande : qu’as-tu fait de ton frère ? Le soin du frère est essentiel. Tu prétends aimer Dieu, mais quand ton frère avait faim, soif… lui as-tu donné à manger, à boire ? La manière de vérifier que tu aimes Dieu, c’est de regarder si tu aimes ton frère.
            Regardons encore comme Jésus a aimé ceux qui s’étaient égarés : il dit à Zachée « tu t’es fourvoyé, mais je te parle pour que tu retrouves ta vocation et que tu grandisses » ; il dit à Pierre le renégat : « tu m’as renié, mais je suis là pour que tu reviennes à ta vocation et que tu grandisses ». Il dit à chacun de nous « ta vie est faite de lumière et d’ombres, mais je suis là pour que tu retrouves ta vocation et que tu grandisses ». Bref, Jésus est notre supporter.
            Alors quand Saint Paul dit « supportez-vous les uns les autres » : ça ne veut pas dire : « les autres ont leurs limites, il faut faire avec » ; ça veut dire « soyez les supporters les uns des autres ». Vous, les parents, spontanément, vous ne vous contentez pas de supporter vos enfants, vous êtes plutôt leurs supporters ! Saint Paul demande qu’on le fasse parce que c’est une dette que l’on a à leur égard. C’est une dette de réconforter celui qui peine, d’encourager celui qui hésite à persévérer, de prêter une oreille attentive à quelqu’un, .. et aussi de faire quelque chose – patiemment – pour remettre sur le bon chemin celui qui en prend un mauvais.
            Dans la parabole de l’ivraie, le maître nous a appris à nous comporter avec patience envers les pécheurs. Nous sommes tous pécheurs ; nous ne sommes pas une communauté de fervents, d’irréprochables, qui prétend expulser les déviants, … Nous sommes tous pécheurs avec une poutre dans l’œil qui nous empêche de dénoncer la paille chez l’autre.

            Saint Matthieu conseille de parler avec le pécheur. Pas parler dans son dos en disant : « untel, tu es au courant, si c’est pas malheureux de voir ça ! » mais parler avec lui. Frères et sœurs, voici comment Jésus parle avec les pécheurs que nous sommes : Il ne guerroie pas avec nous, ne nous fait pas de reproche, ne nous fait pas la morale ; il dit seulement « regarde, j’ai donné ma vie pour toi ».

            L’Eglise, c’est une caravane immense où des boiteux guident des aveugles, où chacun a son handicap, où chacun soutient et est soutenu par les autres. Dans l’Eglise, il faut s’entraider
            Le Christ se fait le supporter des hommes pécheurs et il dit «mon corps livré pour vous ». Nous nous attendions à entendre parler d’amour ; alors écoutons bien ce que le Christ dit aux pécheurs : « mon corps livré pour vous ».

22ème dimanche du temps ordinaire
30 août2020

Frères et sœurs, dimanche dernier, nous entendions la question de Jésus : « pour toi, qui suis-je ? » D’une manière ou d’une autre, nous avons répondu à la manière de Jérémie : « tu m’as séduit et j’ai été séduit par toi ». Oui, la miséricorde de Jésus, sa fidélité, son attention à chacun sans distinction, … tout cela est séduisant.
            Mais il y a le problème de la souffrance. Remarquons que Jésus n’est pas un séducteur qui fait de la publicité mensongère ; il annonce que, même s’il fait des choses extraordinaires, il sera tenu pour rien et passera au plus bas : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit tué… » et il ne cache pas que ses disciples auront à souffrir et à passer au plus bas : « si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il prenne sa croix ». Pierre qui était séduit, imaginait un messie qui réussirait sans calvaire, un maître de l’amour qui n’aurait pas à souffrir ; il exclut que Jésus souffre… Les 2 disciples d’Emmaüs excluaient aussi la déchéance du maître, eux qui disaient : « Puisqu’il a été si faible, nous avons eu tort de lui donner notre confiance »… A l’inverse, nous ne sommes guère choqués par la croix, tellement nous sommes habitués à la voir.
            Pourquoi la croix se tient au centre ? Pas parce que nous sommes amateurs de cruautés, sadiques et masochistes ! mais parce qu’au centre, il y a ce Jésus qui aime quoi qu’il lui en coûte.Vous, les époux, les parents, vous savez que si vous mettez des limites à votre amour, vous perdez toute dignité. Si vous disiez à votre conjoint ou à votre enfant « je t’aime tant que ça ne me dérange pas trop ; je mettrai fin à mon amour si ça devient trop exigeant », ils auraient raison de dire que vos beaux mots d’amour sont de la publicité mensongère. De même, le Christ ne dit pas «j’aimerai les hommes tant qu’ils sont à peu près aimables, tant qu’ils ne m’accablent pas d’offenses ». Il dit au contraire à chacun : « quel qu’en soit le prix, je t’aimerai ; je continuerai de t’aimer même si, souscrivant à des propos racistes, tu m’enfonces la couronne d’épines sur la tête ; même si, refusant de pardonner, tu me frappes du fouet ; même si, acceptant telle infidélité, tu m’enfonces des clous dans le corps… même si ça m’oblige à souffrir en croix … quoi que tu fasses, jamais je ne renoncerai à t’aimer ». On voit bien qu’en nous disant qu’il doit souffrir, Jésus n’est pas un horrible masochiste ; il est l’amoureux fidèle. C’est pourquoi, pour répondre sa question « pour toi, qui suis-je ? » il faut se placer devant la croix.
            Et alors, quand Jésus nous dit de prendre notre croix, il n’est pas l’horrible sadique qui veut faire souffrir ses disciples ; il est le maître qui enseigne que notre amour ne sera vrai et ne conduira à la joie que s’il est sans limite. Et si l’Eglise dit la nécessité de se convertir, ce n’est pas par plaisir de contrarier, c’est par impatience de voir les hommes acquérir la joie d’aimer.
            Hier j’ai célébré l’unique mariage de l’année, les autres ayant été reportés à l’année prochaine. Ce qui conduit des chrétiens à se marier à l’église, c’est qu’ils ont repéré que, parmi toutes les manières d’aimer, la seule bonne manière d’aimer, c’est celle de Jésus…
            C’est la rentrée scolaire et la reprise de bien des activités. Spontanément nous sommes allergiques à tout ce qui contrarie notre tranquillité (voyez bien les réticences à porter le masque). Eh bien, comprenons ce que veut dire « prendre notre croix ». Prendre notre croix, ce n’est pas courir après la souffrance, mais c’est consentir à se déranger pour aider d’autres à vivre, parce qu’on a de l’amour dans le cœur. Il faut aider des enfants à connaître Jésus : qui laissera déranger son emploi du temps pour faire du catéchisme ? Il faut aider à vivre les familles en deuil : qui prendra sa place dans les équipes de funérailles? Il faut aider à vivre les malades : qui consacrera du temps à la visite des malades ?… Et bien d’autres appels vont surgir : qui voudra bien ne pas mettre de limite à son amour ? Que chacun regarde le Christ qui n’a pas mis de limite à son amour, et se pose cette question : « pourrais-je me dire disciple de Jésus et mettre des limites à mon amour ? »

21ème dimanche du temps ordinaire
23 août

Jésus pose à chacun de nous la même question qu’il a posée aux disciples : « Pour toi, qui suis-je ? Que dis-tu de moi ? » Attention ! Comprenons bien : Jésus ne sera pas content si nous répondons en citant le dictionnaire (J’ai regardé mon vieux Larousse et j’ai lu « Jésus, le fondateur du christianisme ») ; car cette réponse impersonnelle suggèrerait qu’avec Jésus, nous avons une relation aussi distante et impersonnelle qu’avec des personnages qui n’ont pas d’influence sur notre vie, tels Jules César ou Gengis Khan. J’ose dire que Jésus ne sera pas content si nous citons les mots du catéchisme ; j’ai entendu des gens dire les mots du catéchisme et j’ai eu le sentiment que les mots « Jésus fils de Dieu, Jésus sauveur » étaient si énigmatiques qu’ils n’aidaient guère à vivre. Non ! Ce que Jésus demande c’est « comment ta vie est-elle colorée, charpentée, modifiée… par le fait que tu me connais ? Est-ce que ta vie est un peu – ou beaucoup – imprégnée de ma présence ?». Ce « pour toi qui suis-je ? » exclut que nous donnions une réponse impersonnelle, et impose que nous répondions en disant « je », en parlant de nous.
            Donc Jésus demande « pour toi, qui suis-je ? » Certains peuvent répondre ceci : Jésus a une telle liberté face aux pouvoirs des hommes, face aux règlements des hommes, face aux peurs des hommes… que, grâce lui, j’apprends à être davantage libre face aux pressions, face aux rancunes. D’autres peuvent répondre : je contemple sa croix et je vois que pour aimer à ce point, il a une fidélité extraordinaire : du coup, je sais que son amour me sera absolument fidèle et que je peux regarder l’avenir avec espérance. D’autres peuvent répondre : Il est le seul qui regarde chacun avec miséricorde ; cela m’amène à penser que cette manière d’être en relation est la seule manière de construire la paix, et la justice, etc… Frères et sœurs, vous, que diriez-vous quand Jésus vous demande « pour vous, qui suis-je ? » (silence)
            Il faut préciser que Jésus pose sa question à tout moment de la vie. Si des personnes tiennent des propos racistes, Jésus nous interroge : « il y a des racistes ; mais toi, me tiens-tu pour le frère universel ? » Si se présente une situation injuste, Jésus nous demande : « il y a de l’injustice ; mais toi, es-tu comme moi, assoiffé de justice ? » Des personnes sont-elles cataloguées, condamnées ? Jésus nous questionne : « ils sont sans miséricorde ; mais toi, que fais-tu de ma miséricorde ? » Bref, chaque jour, le Christ nous dit « Par bien des aspects la société est inhumaine ; mais parce que tu me connais, me prends-tu pour celui sur qui on peut construire une société humaine ? »

            On voit qu’il faut donner du contenu aux affirmations du catéchisme. Le catéchisme dit que Jésus est vrai homme, le vrai homme ; mais il me revient de dire pourquoi Jésus a réussi sa vie d’homme, de dire pourquoi son invitation à accueillir, à partager, à pardonner… fait grandir en humanité, de dire de quelle manière il me donne le goût de m’élever au-dessus des vaines idoles (la plus redoutable des idoles étant le « moi »), de dire pourquoi je considère que le don qu’il a fait de lui est un sommet d’humanité… Puissions-nous dire ne substance : « Jésus, tu es l’homme tel que je me sens appelé à être homme, l’homme qu’il serait urgent d’imiter en tournant le dos à tous les péchés qui dévalorisent la noblesse humaine»
            Le catéchisme dit aussi que Jésus est vrai Dieu. Il ne suffit pas de l’affirmer ; il nous revient de dire qu’en sa personne, Dieu a montré que son amour sans limite est offert et à ceux qui font la noce et à ceux qui souffrent le plus cruellement… qu’il est Dieu qui réconforte ceux qui se croient abandonnés. Il nous revient de dire qu’il n’est pas un être du passé mais qu’il est vivant aujourd’hui, qu’étant vivant, il est actif et que son activité, c’est d’être créateur de vie comme Dieu le Père, de donner à chacun sa force de vie, sa résurrection, comme Dieu le Père.
            Jésus demande aux fidèles « Pour vous qui suis-je ? » Nous portons le titre de fidèles du Christ non parce que nous venons régulièrement, fidèlement, mais parce que nous lui donnons notre foi (foi vient du latin fides qui a donné fidélité, fiançailles…). Saint Paul dit pourquoi il donne sa foi à Jésus. Parce que « tout est de lui, tout est pour lui, tout est en lui ». Tout est de lui, car s’il y a quelque chose plutôt que rien, c’est parce que le Christ est la source de vie, à l’origine de tout ; « tout est pour lui », car il ouvre les bras pour tout rassembler dans son amour ; « tout est en lui » car il saisit l’humanité dans sa fidélité et son amour et nous avons la chance d’être baptisés – plongés en lui. A lui la gloire pour les siècles.

20ème dimanche du temps ordinaire
16 août 2020

Les moyens de circulation ont accentué la mobilité des gens, le brassage des peuples, la rencontre d’autres cultures, d’autres religions. Parfois, ces rencontres se passent sous le signe de la bienveillance, mais pas toujours. Il est remarquable que les Juifs qui sont sûrs d’être le peuple choisi infiniment plus sage que les autres peuples, gardent précieusement les enseignements qui contestent leur privilège et disent la vocation sainte des païens, de ceux qui ne sont pas « de chez nous », de notre pays, de notre Eglise : ainsi vous avez entendu Isaïe : « les étrangers attachés au Seigneur, je les conduirai à ma montagne sainte, je les rendrai heureux » ; et l’enseignement de saint Paul : « Dieu veut faire miséricorde à tous ». Et voyez l’éloge que Jésus fait d’une païenne « Ta foi est grande ».
            Nous qui mettons des masques et gardons des distances pas seulement pour nous protéger d’une épidémie mais aussi pour nos protéger de ceux qui ne sont pas comme nous, nous qui n’incluons pas facilement dans nos familles, dans notre village ou dans les groupes de paroisse celui qui est nouveau, qui a d’autres idées…, nous qui disons comme les disciples « elle nous dérange, renvoie-la », recueillons un premier enseignement : est sur la bonne voie la personne qui entend la voix qui critique ses réflexes. Cette voix contrariante, bienvenue, c’est la présence de Dieu en nous ! Et les déclarations de l’Eglise qui contrarient nos réflexes, accueillons-les comme une chance de n’être pas prisonniers de nos peurs, de nos replis, de l’idolâtrie de nous-mêmes.
            Il y a un deuxième message : C’est que Dieu a pour habitude de donner ses bienfaits à tous, aux non-baptisés autant qu’aux baptisés, à ceux qui ont la peau bronzée autant qu’à ceux qui ont la peau blanche. Bien sûr vous trouvez surprenant que Jésus dise qu’il n’est venu que les juifs et qu’il n’a pas à sauver les non-juifs. Il me semble que St Matthieu a mis cette phrase sur les lèvres de Jésus pour prendre en compte les pensées de ceux qui, dans sa communauté comme dans les nôtres, s’opposaient à l’idée qu’il y a du salut pour les non juifs, et qui s’opposaient au projet de leur annoncer l’évangile et de les baptiser. En faisant dire à Jésus qu’il n’est venu que pour les juifs, Saint Matthieu a l’occasion de faire dire à la femme païenne une profession de foi magnifique. Elle – la païenne à qui les juifs donnent le qualificatif injurieux de « chien » – dit à Jésus qu’une miette de sa miséricorde suffira à sauver sa fille ; vraiment, elle ne manque pas de foi. Je vous suggère de prendre quelques instants de silence pour faire la même profession de foi et pour dire au Christ : « Par bien des côtés, je suis un païen, mais une miette de ta miséricorde suffit à me sauver » (silence)
            Pensons aux non-chrétiens que nous connaissons. Regardons donc comme des gens attirés par Dieu, comme les mages païens… Pensons que Dieu veut les associer au même héritage que les juifs et les chrétiens, que Dieu les appelle à être sauvés tout comme nous, puisque Jésus a dit « allez, de toutes les nations faites des disciples ».
            Enfin troisième réflexion : la païenne demande une miette de miséricorde ! Mais en fait, Dieu ne donne pas des miettes : il donne tout son trésor. Il donne son fils unique. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique fils ! Nous ayant donné son Fils, comment Dieu pourrait-il ne pas nous donner tout ? Par la foi, nous sommes entrés dans le monde de la grâce, le monde où tout est donné… par Dieu qui donne à tous. Puisque Dieu donne tout à tous, il donnera à ceux qui n’ont pas été encore intégrés au monde de la foi d’y appartenir, il donnera à ceux qui n’ont pas encore été touchés par l’amour de Dieu d’en être bouleversés ; il donnera aux païens d’avoir leur place dans le plan de Dieu. Prenons le temps de dire dans notre cœur : « que ton nom soit sanctifié… par tous ! (silence) que ta volonté soit faite… par tous ! (silence) que ton règne vienne… pour tous » (silence)
            Un dernier mot : si les païens sont traités aussi bien que les croyants, à quoi sert-il d’être croyants ? Les non chrétiens reçoivent de l’amour sans connaître celui qui l’offre. Avoir la foi, ça sert à connaître ce Dieu qui aime tous les hommes et qui est la source de tout amour : n’est-ce pas infiniment appréciable de pouvoir dire merci à celui qui fait tout pour nous ? Pouvoir dire merci à celui qui offre de l’amour, c’est appréciable. C’est ce que nous faisons à la messe.

Assomption
15 août 2020

Frères et sœurs, l’assomption de Marie, c’est un peu Pâques en été ; vous tenez à célébrer cette fête, malgré les occupations diverses, parce que vous devinez qu’en annonçant l’aboutissement de l’itinéraire de Marie, on annonce l’heureuse issue de l’histoire des hommes. Vous vous dites ceci : de même que Dieu a donné à Marie d’entrer dans la pleine vie après avoir porté le quotidien le plus modeste et après avoir traversé la pire tragédie, de même Dieu donnera à tous les hommes d’entrer dans la pleine vie après avoir porté le quotidien le plus banal et après avoir traversé les tragédies.
            Mon attention a été attirée par la révélation que tout ce qui est banal est en fait très grand, que tout ce qui est quotidien a la grandeur de la présence de Dieu. Marie va chez Elisabeth : quoi de plus banal qu’une jeune femme qui va aider sa cousine enceinte ? Or cette rencontre parfaitement naturelle produit des professions de foi fondamentales : Elisabeth dit « Tu es la mère de mon Seigneur », autrement dit « ton enfant, c’est mon Seigneur et mon Dieu » ; et Marie poursuit : « le Seigneur fit pour moi des merveilles ». Frères et sœurs, soyez sûrs que dans les rencontres les plus banales, vous entendez et vous prononcez des réflexions, des professions de foi, des exclamations qui disent l’émerveillement, l’espérance, la solidarité… Dites après moi :
            « Dans notre quotidien, Seigneur, tu fais des merveilles
            Mon attention a été attirée aussi par le fait que Marie est décrite de deux façons : pendant que st Luc dit qu’elle est la jeune femme enceinte qui, banalement, va voir et aider sa cousine, saint Jean dit qu’elle est la femme qui a le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et qui est couronnée d’étoiles ; le psaume la décrit : « fille de roi, elle est là dans sa gloire ». Quand Elisabeth accueille Marie sa cousine, elle ne voit pas qu’elle a le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et une couronne d’étoiles ». Elle voit une femme ordinaire mais qui a le regard très pur, le sourire très franc. Nous avons chanté « toute parée d’or » ; pas l’or des joailliers, mais l’or plus précieux de la justice, de la fidélité, de la miséricorde. Or, beaucoup ont en eu un tel trésor. J’ai l’impression que notre joie déborderait le temps de cette célébration si nous apprenions à voir au-delà des apparences, la beauté et la richesse du cœur des autres : en toute personne, il y a le Saint Esprit ; le Saint Esprit fait un manteau de lumière pour votre mari, votre épouse, votre enfant, votre voisin… Dites après moi :
            « Seigneur, la noblesse de toute personne, c’est ta présence en elle»
            Cette fête de l’assomption de Marie pourrait être appelée la Transfiguration de Marie. Nous est révélé que l’Esprit de Dieu transfigure toute personne à l’image de Jésus, qu’il rend nos pauvres corps semblables au corps glorieux de Jésus. Je dis cela pour qu’on comprenne bien qu’en disant que Marie est élevée au ciel, on ne dit pas qu’elle a changé d’altitude. Quand on dit qu’elle est élevée, on dit que la force de la foi et la beauté de l’amour l’ont construite à l’image de Jésus.
            N’avez-vous pas envie que votre personne soit construite à l’image de Jésus, que votre prière soit construite à l’image de Jésus, que votre fidélité à vos engagements soit construite à l’image de la fidélité totale de Jésus ? Or ce qui permet cela, c’est l’évangile. La semaine dernière, un prêtre suisse s’exprimait sur la chaine KTO et disait à propos de l’évangile : c’est une force de construction massive (par différence avec les armes de destruction massive). Oui, par l’évangile, nous est donné de monter chez Dieu, comme Marie et d’aider les autres à monter chez Dieu, à grandir dans l’amour et le don de soi. A quoi ça sert de croire au Christ ? A être constructif, à élever les personnes (comme on dit que les parents élèvent les enfants) et à se construire soi-même comme être libre, responsable… Inversement, il est probable que, sans le Christ, on obéit aux réflexes matérialistes et mondains et on n’est pas constructif. C’est donc important de baser notre vie sur le Christ ! La foi ça sert à quelque chose : c’est une force de construction massive.
            Disons la foi : Je crois en Dieu…


19ème dimanche du temps ordinaire
09 août 2020

Avant 1ère lecture : 
Dimanche dernier, la parole révélait que Dieu ne fait que donner. Aujourd’hui, préparons-nous à recevoir la parole qui explicite comment le Dieu d’amour se comporte avec le mal. Il y a 3 semaines, la parabole de l’ivraie dans le champ révélait que Dieu a une patience infinie. A notre avis, Dieu devrait exercer son autorité sans patience. Le prophète Elie le pensait aussi, lui qui pensait bien faire en tuant au nom de sa foi 400 faux prophètes… Ecoutons comment il a appris que Dieu n’est pas une force destructrice, à la manière d’un tremblement de terre ou d’un ouragan ; mais qu’il est présent au monde comme un fin silence. Pour entendre le fin silence de Dieu, faisons silence.

2ème lecture :
Paul, qui est juif d’origine, souffre de voir que le peuple juif n’a pas accueilli Jésus. Il pourrait ne voir en ses frères juifs que ce refus de Jésus. Au contraire, il fait la liste de toutes leurs richesses. Il serait bien que nous voyions les richesses de ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord !

Après l’évangile
La tempête ne se produit pas seulement sur le lac de Tibériade et sur les océans. Des tempêtes… elles ne manquent pas dans les familles, dans les immeubles, dans les communautés… lorsqu’une parole ou un comportement sont jugés inacceptables ou qu’un virus met à mal les économies et toutes les relations… sans oublier les terribles tempêtes qui secouent celui à qui le médecin diagnostique une grave maladie ou à qui est signifié la fin de son contrat de travail. C’est la tempête, c’est la nuit, c’est l’impression que Dieu abandonne.
            « Seigneur, sauve-nous » : tel est le cri qui sort de la bouche des malades, des populations terrifiées par la guerre, des personnes battues et trahies, des époux qui se déchirent, des enfants qui voient leurs parents s’agresser, des chrétiens qui constatent que les députés votent des lois contre la nature… Seigneur, sauve-nous !
            Au milieu de la tempête, dans la nuit, Jésus est venu rejoindre les disciples… Il n’est pas venu comme un fantôme, le spectre d’un mort, mais comme un vivant, ressuscité. Il fait encore cela : il est avec nous tous les jours, en toutes circonstances. Mais plus encore, il invite chacun à marcher sur l’eau ! Pas seulement ‘marcher sur des œufs’, agir avec précaution ; mais marcher sur l’eau… croire qu’en prenant appui sur la parole du Christ, on peut n’être pas englouti par nos tempêtes. Vous les mariés, bien que un couple sur deux connaisse le divorce, vous avez cru qu’en prenant appui sur la parole du Christ, vous ne sombreriez pas dans les tempêtes qui secouent les couples ; n’est-ce pas marcher sur l’eau ? Nous les célibataires consacrés, nous avons cru qu’en prenant appui sur la parole du Christ nous ne sombrerions pas dans les tempêtes de la chair ; n’est-ce pas marcher sur l’eau ?
            Il faut ajouter que chaque fois que nous allions enfoncer, chaque fois que nous étions sur le point d’être en perdition, le Christ nous a tendu la main comme il a tendu la main à Pierre. Ayant fait pendant des dizaines d’années l’expérience du Christ qui tend la main et qui sauve, je trouve que le récit de la tempête apaisée et de la marche sur l’eau exprime exactement ce que nous vivons. Et, si nous arrivons à dire « je crois en toi », c’est parce que comme les disciples, nous avons constaté que le Christ apaise les tempêtes.
            Une dernière pensée concerne la barque battue par les vagues. Vous le savez, l’Eglise est comparée à cette barque parce qu’elle est elle-même bousculée par les perturbations de l’histoire. Elle succède à l’arche que Noé avait construite quand est arrivée la grande perturbation du déluge ; et puisque le Christ vient toujours à sa rencontre, depuis 20 siècles, elle demeure le lieu où l’on reconnaît l’intervention du Seigneur et où l’on fait la profession de foi. Avec tous ceux qui sont dans la barque de l’Eglise, faisons la profession de foi au Christ qui marche sur l’eau, qui piétine ce qui met l’homme en danger. Faisons la profession de foi au Christ qui, comme dit saint Paul, met à ses pieds tous ses ennemis

18ème dimanche du temps ordinaire
02 août 2020

Dès qu’il est question de manger, nous sommes attentifs ! Les évangiles le savent, puisqu’ils racontent de nombreux repas. Mais le repas raconté aujourd’hui est miraculeux et il nous est difficile de lire les récits de miracles : Jésus aurait nourri cinq mille personnes avec 5 pains et deux poissons ! Que faut-il comprendre ? Il faut comprendre que Jésus est la manifestation de Dieu, de Dieu qui donne en abondance
 Tu ouvres la main, Seigneur, nous voici rassasiés

Tous les pères ouvrent la main. Dieu le Père ouvre la main et donne sans compter à ses enfants. Frères et sœurs, savourez ce que vous avez vécu depuis votre premier jour : vos parents ont ouvert la main pour vous, sans compter… et Dieu vous a donné parents, croissance, intelligence, aptitudes diverses, sans oublier la foi, l’espérance et la charité. Ici, la disposition des chaises mises côte à côte suggère que Dieu donne des frères ; la disposition des chaises tournées vers l’ambon suggère que Dieu donne sa Parole (à tous les sens du mot) ; l’autel au centre témoigne que Dieu ne fait pas que donner, puisqu’il se donne. Et quand nous disons le Notre Père, nous demandons « donne-nous » et nous venons communier en tendant la main comme des mendiants. Marie n’a qu’une prière : magnificat : car elle a repéré que Dieu ne fait que donner.
Tu ouvres la main, nous voici rassasiés.

Croyants ou non, injustes et justes bénéficient du même soleil… les hommes reçoivent les dons de Dieu, mais tous ne les interprètent pas comme des cadeaux de Dieu. Certains attribuent leurs succès à leurs efforts. Un jour, je disais à des parents que leur enfant était un don que Dieu leur faisait ; ils m’ont répondu « notre enfant, c’est nous qui l’avons fait ». Très couramment, les gens pensent qu’il est normal qu’ils aient parents, conjoint, enfant, etc… comme si cela leur était dû. Alors, ce qui fait la particularité des croyants c’est qu’ils reconnaissent que tout est don de Dieu (Tout vient de toi, Seigneur, et tout nous est donné). tout est cadeau de Dieu. Les cadeaux, Dieu les multiplie pour les hommes.
¯ Tu ouvres la main, nous voici rassasiés.

Que chacun se mette en présence de Dieu qui donne et qu’il pense à ceci. Dieu a multiplié ses dons en me plaçant dans les bras de mes parents qui ont tenu à moi plus qu’à la prunelle de leurs yeux… et en me confiant conjoint, enfants et amis… Dieu a multiplié ses dons en me donnant toutes les personnes qui m’ont éduqué, qui m’ont fait confiance, qui m’ont ouvert l’esprit et m’ont enseigné mille choses. Dieu a multiplié ses dons lorsqu’il a mis en moi des aptitudes physiques, intellectuelles, artistiques. Dieu a multiplié ses dons en me montrant que l’Eglise est dans le monde un levain de justice et de réconciliation, un avocat constant de la cause de l’homme contre tout ce qui le dégrade. Dieu a multiplié ses dons lorsqu’il nous a donné d’avoir part à l’héritage des saints, lorsqu’il nous a donné d’entrer dans le monde de la grâce, lorsqu’il nous a faits à son image, capables de faire confiance, d’espérer et d’aimer. La réflexion sur la multiplication des dons introduit bien à accueillir le récit de la multiplication des pains. C’est pourquoi la prière essentielle de l’Eglise, c’est l’eucharistie, la prière de louange : « vraiment il est juste et bon de te rendre gloire… » pour tous tes dons. La multiplication des dons de Dieu est le miracle permanent.
¯ Tu ouvres la main, Seigneur, nous voici rassasiés

Frères et sœurs, Isaïe disait avec ironie : « Tout ce que vous voulez acquérir, vous devez le payer. Profitez des dons de Dieu ; eux, ils sont gratuits ». Sans doute, les spécialistes du commerce disent que ce qui fait croire à la valeur d’une chose, c’est son prix élevé… et c’est pourquoi les spécialistes vous facturent 50 € une intervention de 5 minutes ! Ici, le prix du salut, ce n’est pas nous qui le payons, c’est le Christ qui le paie… sur la croix. Pour le monde, Dieu est prêt à multiplier ses cadeaux.

17ème dimanche du temps ordinaire
26 juillet 2020

La chasse au trésor n’est pas qu’une émission télé. Tout le monde cherche un trésor : l’âme sœur… le métier où l’on pourra s’épanouir… la manière de vivre qui permettra de conjuguer la vie professionnelle et la vie familiale… Et pour trouver ce trésor, des jeunes sont prêts à persévérer sur des années d’études, certains sont prêts à sacrifier leur promotion professionnelle parce qu’une qualité de vie de famille leur parait plus importante… On cherche, parce que nous sommes des êtres de désir, des êtres tendus vers ce qu’ils espèrent.
            Saint Matthieu vient d’affirmer que le trésor que nous espérons tous, c’est « le royaume de Dieu »Il révèle que ce trésor est si précieux qu’il faut renoncer à tout pour l’acquérir. Saint Matthieu a bien écrit « renoncer à tout ». Dans un premier temps, le prix de cette acquisition paraît exorbitant : mais dans un second temps, il on comprend qu’il a une valeur qui dépasse tout. Est-ce que, au lieu de nous contenter de quelques plaisirs éphémères, nous n’aurions pas avantage à vivre dans une société de justice, de paix, de fraternité… ? Est-ce que, au lieu de chercher ce qui nous met au dessus des autres (ce qui a pour conséquence de créer des différences, nous nous n’aurions pas avantage à chercher des relations de justice fraternelle tout à fait propres à créer la paix ?
            Evidemment, ce raisonnement nous conduit à dire que le Royaume de Dieu, c’est notre avantage. Mais cet avantage ne saute pas aux yeux, c’est pourquoi saint Matthieu dit que ce trésor est caché et que ne peuvent le trouver que ceux qui le cherchent. De ce fait, de même qu’une foule de gens peut passer à côté d’un trésor caché dans un champ, de même une foule de gens passe à côté du Royaume de Dieu sans s’en apercevoir. Ainsi, quand Jésus vivait en Palestine, beaucoup sont passés à côté de lui sans s’apercevoir qu’il était un trésor pour toute sa nation et pour toutes les nations. Et, quand l’amour de Dieu se manifeste au plus fort, sur le Calvaire, personne ne s’est aperçu qu’à ce moment, se donnait à voir l’amour le plus précieux, le Dieu qui montre qu’il considère les hommes plus importants que lui.
            Les évangiles racontent pourtant que certains se sont aperçu que Jésus était le trésor :les mages païens, ces chasseurs de trésors spirituels, et les disciples, eux qui ont tout quitté pour le suivre, et les boiteux et les aveugles dont la vie a été changée dès qu’ils l’ont rencontré. Car celui qui trouve le trésor, le Christ, connait une telle transformation de sa vie que tout le reste lui parait sans intérêt. Saint Paul le dit clairement : « tous les avantages, tous les titres éminents qui faisaient mon orgueil, toutes les vertus venant de mon obéissance à la loi, à mes jours de jeûne, à mon assiduité à l’étude , je considère cela comme des balayures à côté de la connaissance de Jésus mon Seigneur ».
           

Permettez que je suggère 3 questions qu’il convient de nous poser.

             D’abord, avons-nous un réel souhait de trouver le trésor : est-ce que Jésus est pour nous le trésor absolu ? Cherchons-nous le Christ avec l’avidité et la persévérance des chercheurs de trésor ? Avec quelle persévérance lui disons-nous, comme Salomon : « donne-moi ta sagesse ; donne-moi de discerner ce qu’il faut faire pour moi, pour mes enfants, pour mon vote, pour servir la société, pour servir mon Eglise ».
            Le chercheur qui « vend tout ce qu’il possède pour acheter le champ » amène à nous poser une 2ème question. Le sportif se prive de beaucoup pour battre un record ; le savant sacrifie tout pour parvenir à trouver sa solution ; nous-mêmes, certains jours où nous sommes affrontés à un problème grave, nous donnerions bien une fortune pour savoir quelle attitude il convient d’adopter. Alors, qu’avons-nous abandonné pour être plus en phase avec le Christ, pour avoir la perle de l’amour infini ? Nous ne pouvons pas prétendre aimer le Christ sans renoncer à rien pour être en phase avec lui. A quoi renonçons-nous ?
            Et 3ème question : Quel trésor le Christ représente-t-il pour nous ? Chaque dimanche l’Eglise nous réunit pour nous dire : Jésus est le seul qui tient tout homme, même le plus méprisé, comme plus important que lui ; l’Eglise nous dit : le trésor de l’humanité, c’est l’homme sans le moindre égoïsme, qui dit « mon corps livré pour vous ». A notre époque où on néglige les faibles, où règne souvent le chacun pour soi, on voit bien que le trésor, c’est ce Jésus qui dit « moi, je ne suis que pour vous ». Que faisons-nous de ce trésor ?

16ème dimanche du temps ordinaire
19 juillet 2020

Dimanche dernier l’évangéliste disait que quand Dieu vient rencontrer les hommes, les paroles qu’il sème en eux sont exposées à tous les dangers, comme les semences du paysan risquent d’être picorées par les oiseaux ou étouffées par les ronces. Ce constat conduit à la déprime un certain nombre de gens impatients ; ces gens disent « avec l’évangile on a un beau projet, mais il ne se réalise pas ; l’évangile nous fait désirer la paix, mais chaque fois qu’on s’en approche elle s’éloigne ; l’évangile nous fait désirer la justice et chaque effort pour y parvenir est contrecarré par des lourdeurs et des pressions ». Nous avons un problème avec la patience. C’est pourquoi il est bon de relire la parabole d’aujourd’hui.
            Nous avons un problème de patience non seulement avec les autres, mais déjà avec nous-mêmes, car nous avons une difficulté à vivre avec nos médiocrités. On rédige des prières où l’on demande d’être de vrais témoins, des chrétiens sans faille ! Or nous savons bien qu’il y a en nous, à côté du bon grain des gestes de sainteté, le chiendent de nos médiocrités. C’est à dire que le royaume de Dieu n’est jamais sans ivraie : le bon grain et le chiendent y poussent côte à côte… et pas seulement chez les autres mais en nous-mêmes. La distinction entre bons et méchants n’existe que dans les westerns. Notre cœur ensemencé par la parole d’amour est réellement pollué en partie par l’ivraie de la méchanceté. Nous voudrions arracher l’ivraie qui pousse chez les autres, mais il faudrait déjà arracher l’ivraie qui pousse chez nous et nous n’y arrivons pas. Pire encore, nous ne savons pas distinguer l’ivraie et le bon grain : combien ont été accusés d’être « des rouges » alors qu’ils avaient le souci de la justice évangélique ? Combien se sont dit « serviteurs de Dieu », alors qu’ils cherchaient à servir leurs avantages personnels ? Il est des vertus qui dissimulent des vices, des prudences qui cachent des trahisons, des générosités motivées par le désir d’être applaudi… Bref, il nous est impossible de séparer l’ivraie et le bon grain.
            Alors la parabole enseigne la patience. « Laissez ensemble le bon grain et l’ivraie ». D’une part il faut patienter parce que, je viens de le dire, à la différence de Dieu, nous ne lisons pas dans le fond des cœurs et nous ne pouvons pas juger (le jugement appartient à Dieu). D’autre part il faut patienter parce que nous pensons être au temps de la moisson et qu’en fait, nous ne sommes qu’au temps de la croissance. On connaît la chanson ‘pour faire un homme, mon Dieu que c’est long’ : il est long le temps de la croissance. Et comme les parents sont obligés de faire avec les crises des adolescents en disant « ça leur passera quand ils auront grandi », nous devons faire avec l’ivraie qui est en nous et chez les autres en disant « nous avons encore à grandir ».
            Dieu est patient. Il mérite la médaille d’or de la patience. La 1ère lecture expliquait pourquoi Dieu n’a pas exterminé les occupants de la terre promise quand le peuple de Moïse est arrivé : réponse : parce que Dieu est patient. Patient ne veut pas dire faible : patient parce que sûr de la supériorité du bon grain sur l’ivraie ; patient parce que sûr du pouvoir du levain dans la pâte ; patient parce que sûr que la semence va grandir. Jésus a traduit cette certitude lorsqu’il a dit « courage, j’ai vaincu le monde », j’ai vaincu l’ivraie !
            Nous nous réjouissons chaque dimanche, parce que Jésus a vaincu tout le chiendent du monde qu’il nous faut supporter tous les jours : les injustices, les mépris, les infidélités, les trahisons, les violences… C’est pourquoi nous lui chanterons « gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu ! Viens juger le monde ! 

15ème dimanche du temps ordinaire
12 juillet 2020

Après la 1ère lecture.
Les paysans ont récolté les foins, les regains, bientôt les moissons. Cette année les fruits de la terre sont abondants. Grâce à la pluie, s’est accompli un travail lent, silencieux, transformant. Le prophète dit que, grâce à la Parole de Jésus, se fait un travail lent, silencieux, transformant. Pensons que ce n’est jamais en vain que vous, missionnaires, dites la foi en Jésus… ça produit toujours du fruit.
♫ Tu visites la terre, tu bénis les semailles

Après l’évangile

Il est évident que le semeur, c’est Dieu. Mais si on rapproche cette parabole et le poème de la création, on se demande si les 2 textes parlent du même Dieu. Dans le poème de la création, Dieu dit une parole qui a une telle autorité que tout se met en place immédiatement : le soleil, la lune, les plantes… Dans la parabole, Dieu sème, mais ça ne poussera qu’au rythme d’une lente germination, et ça ne poussera qu’à condition qu’il n’y ait pas d’oiseaux, pas d’épines… Avant d’avoir créé l’homme, le Dieu créateur ne rencontrait aucun obstacle ; en revanche le Dieu semeur doit compter sur la liberté des hommes ; il ne peut pas garantir la réussite des semailles… Comme le paysan évoque sa récolte en disant des conditions : « s’il le gel ne brûle pas les pousses, si les orages ne saccagent pas les fruits »… Dieu dit « si l’homme veut bien, s’il ouvre quand je frappe à la porte de son cœur ». C’est la loi de l’alliance ; les mariés le savent, eux qui disent « si mon conjoint le veut bien ». Frères et sœurs, la réussite du Seigneur dépend de nous.
            Alors il est intéressant de voir comment Dieu se comporte quand l’homme lui met des obstacles. S’arrête-t-il sur un échec ou se remet-il immédiatement à l’ouvrage ? De mille manières, la Bible raconte que Dieu ne se résigne pas à un échec ; même si ses contemporains sont de mauvaise foi et si les disciples ont la nuque raide, Jésus continue de parler. Les oiseaux ont-ils avalé le grain, le soleil a-t-il brûlé le grain… le semeur sème encore. Le matérialisme a-t-il étouffé l’élan spirituel, une épreuve a-t-elle ébranlé la foi … Dieu continue de parler à chacun. Dieu semeur continue d’être le Dieu créateur de vie. Frères et sœurs, dans notre histoire personnelle, nous pouvons constater que Dieu persévère. Nous lui avons fermé la porte mille fois, refusant de vivre selon son amour… il continue de frapper à notre porte et de nous appeler à vivre selon son amour. Nous pouvons faire sa louange ; il mérite la médaille d’or de la persévérance. En un mot Dieu a la foi, et la foi se vit dans la persévérance.

            Après avoir médité sur la persévérance de Dieu, sa foi et son espérance, méditons un peu sur nous. La communauté de st Matthieu voit bien que le catéchisme ne transforme pas d’emblée les populations païennes ou juives… mais elle voit qu’il suffit qu’il y ait un peu de bonne terre pour que l’évangile fructifie (Dans la ville de Philippe, connue par la lettre aux Philippiens, la communauté a commencé avec 1 personne du nom de Lydie… mais ça a suffi). Aujourd’hui, les gens à qui nous adressons l’évangile sont comme certains terrains pleins d’épines ou de cailloux… Mais il suffit qu’il y ait un peu de bonne terre. La parole de Dieu ne manque pas de produire son effet ; Dieu n’est jamais découragé. Nous aussi, ne perdons pas courage ; l’évangile est une semence que le matérialisme ne stérilise pas.
            Un jour, Jésus a parlé de sa mort en prenant l’image du grain de blé. Il a fait valoir que le grain est fécond parce qu’il consent à donner toute sa richesse nutritive sans voir immédiatement la germination de la tige et le mûrissement de l’épi. Peut-être que ce qui handicape notre action missionnaire, c’est que nous voudrions voir l’effet de nos efforts et nous ne le voyons pas. Les catéchistes ne voient pas ce que produisent les rencontres de catéchisme ; je ne vois pas ce que produisent mes homélies. Ne soyons pas stoppés par l’obsession de l’efficacité immédiate ! Le semeur sait attendre. Entre l’ensemencement et la moisson à la fin des temps, il y a un temps qui admet des échecs apparents. Cela n’empêche pas que le règne de Dieu est en cours. Nous sommes invités à faire une profession de foi et à proclamer le succès des semailles que fait le semeur divin. Quand nous faisons cette profession de foi et que nous proclamons « nous attendons ta venue », nous donnons un sens à l’histoire.

14ème dimanche du temps ordinaire
5 juillet 2020

Après la 1ère lecture 
Vous avez reconnu le texte qu’on lit le dimanche des rameaux et qui décrit le roi qui vient sur un âne. Le roi vient : « voici mon bien aimé qui vient » dit le cantique des cantiques. On n’imagine pas un bien aimé qui entrerait chez sa belle avec des allures de conquérant dominateur : le bien aimé ne montre aucune supériorité. De ce fait, si le bien-aimé vient sur un âne, la monture des pauvres, il pourra être compris des plus humbles… comme nous l’entendrons dans l’évangile. Faisons la louange de Dieu qui se fait comprendre des plus humbles. « Mon Dieu, mon roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais (Ps 144)

Après la 2ème lecture 
Une parole essentielle vient d’être dite : « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous ». Rendez-vous compte de votre noblesse : vous êtes la maison de Dieu ! Rendez-vous compte de la puissance de vie qu’il y a en vous !
Habite en vous l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. Cela justifie que nous acclamions Dieu qui nous parle une parole aussi bouleversante ! Alléluia

Après l’évangile  

            J’ai été attiré par plusieurs phrases. La dernière parole a attiré mon attention : « prenez mon joug ; mon joug est facile à porter ». Je ne vous apprends pas que le joug est une lourde pièce de bois, très solide, qui permet d’atteler deux bœufs au même chariot ou à la même charrue ; cela veut dire que le joug est porté à deux. A vous qui avez un joug à porter, Jésus dit : « ne crains pas, je le porte moi aussi, je marche à tes côtés, du même pas que toi ; nous sommes liés par une alliance » ! Frères et sœurs, pensez que Jésus prend sa part de la peine que vous prenez pour prier, pour servir, pour être fidèles. Sans lui cela vous serait trop pénible. Mais avec lui vous y arrivez car il est avec vous, doux et humble.

            Autre parole qui mérite notre attention : « venez à moi, vous qui peinez » Je viens de dire la tendresse réconfortante que Jésus offre. Il l’offre à ceux qui peinent et il agit comme le médecin ; son évangile a la tonalité d’une heureuse nouvelle pour le soulagement des hommes. Jésus promet d’alléger le fardeau des malades, des gens seuls, des couples en difficulté, des enfants mal aimés, des gens qui subissent les moqueries parce qu’ils sont croyants… Pas étonnant que le pape demande aux communautés chrétiennes d’être comme un hôpital de campagne, prêt à soigner ceux qui souffrent. …Aux yeux de certains la foi est un fardeau dont il est urgent de se décharger ; mais à nos yeux, elle est au contraire précieuse, car du moment qu’il nous aime, loin de faire peser sur nous des fardeaux, Jésus nous aide à en porter. Si lorsque nous peinons, nous venons à lui, au contraire, nous sommes soulagés. « Venez à moi, vous qui peinez »

            Une autre parole fait contempler le lien qui réunit le Père et Jésus : « Personne ne connaît le Père sinon le fils » Voilà bien une vérité : nous avons déjà bien du mal à connaître nos proches ; à plus forte raison, nous ne connaissons pas le Père, en ce sens qu’il est père bien autrement que nos pères ; il a de l’amour, de la fidélité, de la bienveillance bien autrement que les meilleurs des pères humains. Les grands mystiques disent que Dieu est le « tout autre », ce qui est une manière de dire qu’ils ne le connaissent pas. Dieu, nous ne faisons que le chercher… Ceux qui cherchent Dieu, ce sont eux que Jésus appelle « les tout petits ». Les petits apprécient d’être aidés, ils savent que, seuls, ils n’arriveront pas à remplir leur tâche. Les sages et les savants, en revanche, prétendent qu’ils vont réussir seuls et ils sembleraient déchoir s’ils se faisaient aider. Ne craignons pas d’avouer notre faiblesse : le Christ ne demande que cet aveu ; non pas qu’il tienne à nous humilier en nous faisant avouer que nous sommes faibles, mais il attend que nous lui donnions la permission de jouer son rôle d’allié. Il attend cette profession de foi toute simple : Jésus, je me repose sur toi. Nous dirons ‘je ne suis pas digne, mais dis seulement une parole et je serai guéri’. Et ce qui montrera que nous sommes guéris, c’est que, sortis de l’église, nous prendrons encore le parti des pauvres, de ceux qui ne savent pas, qui ne peuvent pas… C’est en prenant le parti des petits que Jésus a montré le Père ; c’est en prenant le parti des petits que nous montrerons le Père.

13ème dimanche du temps ordinaire
28 juin2020

Après la 1ère lecture   

Ce récit dit le bonheur d’une femme qui accueille un prophète, un porteur de la Parole de Dieu. En accueillant un porteur de la Parole, elle accueille Dieu lui-même. Et nous aussi, si nous accueillons la Parole à chaque célébration, nous accueillons Dieu. Voilà pourquoi l’Eglise invite à lire la Parole chez soi et à la partager en groupe.
            Que produit la parole quand on l’accueille ? Vous avez entendu, la Parole produit la vie : à la femme sans enfant, le prophète annonce une prochaine naissance. Que la Parole produise la vie, cela ne vous étonnera pas : vos enfants ont vécu autant d’entendre ‘mon chéri, mon amour’, que de manger des tartines ; et ce qui alimente notre envie de vivre, c’est d’entendre « je te fais confiance ; je peux compter sur toi ». Oui ! L’homme vit de la Parole de Dieu parce que la Parole de Dieu fait sortir des impasses, des chemins qui ne mènent nulle part (le chacun pour soi, l’infidélité, la violence mènent immanquablement à des impasses). Ce qu’il faut préférer à tout, l’attitude qu’il faut acquérir c’est d’accueillir la Parole d’amour. Rendons grâce au Seigneur pour sa parole d’amour « Ton amour, Seigneur, sans fin je le chante » (chant du psaume 88)


Après l’Evangile :

La réflexion sur la foi gagne toujours à s’appuyer sur le mariage. On lit parfois, lors des mariages, ces phrases du Cantique des cantiques : « voici mon bien aimé qui vient » ! Effectivement, la foi consiste à reconnaître et à accueillir Jésus, notre bien-aimé, qui vient dire la Parole d’amour ; la foi fait qu’on accueille toute personne qui porte la Parole d’amour comme un prophète de Jésus. La foi consiste à capter les messages d’amour.
            Dès qu’on a éprouvé la joie de savoir que Dieu aime les hommes de tout son cœur, de toute sa force, de toute son intelligence, on se dit que la réponse qui convient, c’est d’aimer Dieu, en retour, de tout notre cœur, de toute notre force, de toute notre intelligence. C’est à dire de mettre Dieu au-dessus de tout, de mettre l’obéissance à l’appel de l’amour au-dessus de tous les autres appels. Le comportement de la femme qui accueillait le prophète Elisée est exemplaire… et ce fut une démarche de vie puisque ayant accueilli la Parole et l’ayant mise au-dessus de tout, elle est devenue mère. Le message d’aujourd’hui est simple : Dieu dit à chacun « ce qui montrera que tu m’accueilles c’est que tu me mettras au dessus de tout ».
            Mettre Jésus au dessus de tout ! N’est-ce pas en contradiction avec le commandement d’après lequel honorer son père et sa mère est le devoir sacré, absolu ? Que comprendre quand Jésus dit que le disciple doit aimer le Christ plus que ses parents (« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi »). Est-ce que Jésus dit « choisis entre moi et ta femme, entre moi et ton mari, entre moi et tes enfants » ?
            Un cas très fréquent dans la vie de famille montre qu’un amour nouveau ne supplante pas l’amour des parents : c’est quand la demoiselle ou le jeune homme ont trouvé chaussure à leur pied, ils quittent leur père et leur mère… sans pour autant cesser de les aimer. De même que l’amour du fiancé devenu prioritaire n’anéantit pas l’amour des parents, de même l’amour du Christ devenu prioritaire n’anéantit pas l’amour du père et de la mère.
            Plus encore, l’amour en famille a tout à gagner si l’on met Jésus au-dessus de tout : La personne qui aime Jésus va aimer ses parents, ses enfants et ses voisins à la manière de Jésus, en ayant envers eux la patience de Jésus, la bienveillance de Jésus, la douceur de Jésus… et, elle va dire ce que Jésus dit dans son testament : « Mon corps livré pour toi ». La personne qui met Jésus au-dessus de tout va aimer sans égoïsme, sans jalousie, sans possessivité, sans lassitude… Et comme dit l’évangile, cette personne va trouver sa vie, sa joie, son bonheur… Exactement ce que décrivait la 1ère lecture : en accueillant le prophète, la femme a trouvé sa vie, et satisfait son amour maternel. Si elle n’avait pas donné la priorité au prophète elle serait restée stérile, elle n’aurait pas trouvé la vie.
            Puisque nous sommes à la messe, puissions-nous accueillir la parole « mon corps livré pour vous », parole par laquelle Jésus exprime qu’il met les hommes au-dessus de tout. Et puissions-nous exprimer notre décision de mettre Dieu et les autres au-dessus de tout, en disant « mon corps livré pour Dieu et pour les autres »

12ème dimanche du temps ordinaire
21 juin 2020

Avant la 1ère lecture  
     
Quand vous circulez en voiture, vous recevez des appels de phares qui préviennent d’un danger (radar ou gendarmes !), et vous en êtes reconnaissants. Il rend service celui qui prévient les autres de la nécessité de se prémunir contre un danger ; depuis 3 mois, nous bénéficions de message de ce genre « prends soin de toi ». C’est cela le rôle du prophète. Baptisés, nous avons pour mission d’indiquer au nom de Dieu quelle manière de vivre génère la paix, la réconciliation et l’espérance… et nous avons pour mission de dénoncer du même coup des comportements qui engendrent l’injustice ou les larmes. Nous pensons que, faisant cela, nous sommes utiles ; et il semblerait normal que nous soyons bien reçus. Or nous ne sommes pas toujours bien reçus : « vous êtes ringards… » Les prophètes sont persécutés et nous parlons peut-être comme le prophète Jérémie. Ecoutons le.

Après l’évangile

            « Ne craignez pas ! Vos cheveux sont comptés ! n’ayez pas peur !» Si ces propos nous sont adressés, c’est parce que, marchant derrière Jérémie persécuté, derrière Jésus persécuté, derrière la communauté de st Matthieu persécutée, nous sommes nous-mêmes exposés.
            Si nous disons que les personnes comptent plus que l’argent, nous voilà qualifiés d’irréalistes ; si nous résistons à la pression des opinions à la mode – concernant les migrants par exemple -, nous voilà renvoyés sur les roses ; si nous disons que par souci écologique de la maison commune, il faut réduire les transports qui génèrent les pollutions, nous sommes accusés de saboter le commerce… Effectivement, quand nous traduisons le fameux « prends soin de toi », en attirant l’attention sur le racisme, le chacun pour soi très injuste, la prison matérialiste, nous demandons une conversion coûteuse ; et nous sommes qualifiés de gêneurs, et comme les prophètes, nous sommes persécutés….
            C’est pourquoi au long des siècles, l’Eglise a éprouvé le besoin de se référer à la parole de Jésus « ne craignez pas : Dieu prend soin de tous les moineaux du ciel et vous valez plus qu’eux ; il prend soin de vous ». Ne pas avoir peur de Dieu, évidemment (il est paternel) ; mais surtout ne pas avoir peur des hommes… car les hommes ne peuvent que se moquer ou tuer le corps… « Craignez celui qui peut faire périr l’âme », dit Jésus.
            Quelle était la peur de Jésus ? Jésus n’a pas dit qu’il craignait ceux qui tueraient son corps ; il a dit que ce qui était dangereux, c’était que les disciples s’endorment : il disait « veillez pour ne pas succomber à la tentation qui tue l’âme ». Il nous dit : « ne craignez pas ceux qui se moquent de votre foi ; craignez d’être formatés – endormis – par une société sans Dieu ». Entre parenthèses, beaucoup de parents craignent que leurs enfants soient formatés par une société sans Dieu, sans élévation, une société qui manipule, qui affirme que l’on vit très bien sans référence à Dieu, ou que ce qui importe c’est l’enrichissement matériel… Ca tue l’âme parce que ça détruit la part spirituelle des gens qui en viennent à vivre pratiquement en athées, sans prier, sans se positionner comme prophètes, sans oser aller à contre courant.
Voilà la mort de l’âme.

            S’il ne faut pas craindre, -même si nous sommes comme des brebis au milieu des loups – c’est parce que nous avons un allié qui a scellé une alliance éternelle. L’amour que Dieu a pour le monde est infiniment plus grand que les machinations des hommes qui, d’après la Bible, ne sont, aux yeux de Dieu, pas plus impressionnantes qu’une goutte au bord d’un seau ! S’il ne faut pas craindre, c’est parce que la mort n’a pas résisté à celui qui a aimé de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force. 
            On comprend que le Notre Père, la prière essentielle, comporte cette demande : délivre nous du mal ! Garde-nous de la tentation ! Nous adressons cette prière au Père qui prend soin des moineaux et prendra soin des hommes bien davantage.

Corps et Sang Du Christ
14 juin 2020

Frères et sœurs, nous fêtons le Christ ; et aujourd’hui, nous le fêtons en tant qu’il se donne en nourriture. Chaque communion nous mangeons rituellement celui qui a dit « je suis le pain vivant qui est descendu du ciel… le pain que je donnerai, c’est ma chair »… mon être humain. Or, nous savons depuis Noël que cet être humain, c’est celui qui est l’expression de Dieu, la Parole de Dieu.En rappelant que Jésus est la Parole de Dieu, je suis conduit à citer la 1ère lecture : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.
            Le matin, à midi, le soir, nous avons la chance d’avoir sur la table tout ce qui peut remplir notre estomac ; mais voilà que la 1ère lecture disait « vous les savez bien : ce que vous avez sur la table, c’est important ; mais aussi copieux que ce soit, ça ne suffit pas pour vous faire vivre et faire de vous des vivants. Chacun contrôle le niveau de son compte en banque ; mais voilà que la 1ère lecture disait : votre avoir a son importance, mais ne vous leurrez pas : ce que vous avez en banque, aussi abondant que ce soit, ne fait pas de vous des vivants. Les revendications sociales sont toutes axées sur le pouvoir d’achat, ce qui a son importance ; mais la 1ère lecture dit : « ne vous leurrez pas ; ce n’est pas votre pouvoir d’achat qui suffit à faire de vous des vivants ». On pourrait continuer en disant que les diplômes, les armements, les notoriétés… ne suffisent pas à faire de nous des vivants. L’homme ne vit pas seulement de pain !
            Que faut-il à l’homme en plus du pain ? Il vit d’absorber ce qui n’est pas terrestre, ce qui n’est pas de l’homme, ce qui est de Dieu. Depuis qu’il y a des historiens, ils rapportent que, malgré la faim de justice, les hommes ne l’ont jamais produite… que malgré leur faim de compassion, les hommes ont toujours été violents… que malgré leur faim d’égalité, les sociétés ont toujours été inégalitaires… Bref, les hommes ne produisent pas ce dont ils ont faim. Donc leur faim ne peut être apaisée que par une nourriture qui vient d’ailleurs.
            Frères et sœurs, à ces hommes qui ont faim de ce qu’ils ne trouvent pas sur terre, Dieu offre ce que saint Jean appelle le pain venu du ciel, le Christ. Ainsi celui qui reçoit en lui le Christ reçoit toute la richesse du Christ : sa patience, sa fidélité, sa miséricorde, son souci des pauvres etc… L’homme ne vit pas seulement de pain, seulement des nourritures terrestres. Il vit parce qu’il reçoit de pouvoir être fraternel, parce qu’il reçoit d’avoir l’audace espérer, parce qu’il reçoit de se tenir comme un fils devant son papa, sûr que son papa lui sera fidèle.
            C’est tout cela qui caractérise Jésus ; c’est tout cela qui nous est offert dans la communion. Et cela nous met le cœur en fête : nous faisons la fête parce que « si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement »         

Fête de la Sainte Trinité
07 juin 2020

Après la 1ère lecture  
Frères et sœurs, vous avez entendu de quelle manière Dieu parle de lui-même : il se qualifie de « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité.  » Savourons cette bonne nouvelle : dégustons la ; repassons dans notre cœur ces phrases :
            – Seigneur, dans le monde qui est violent, tu es tendre : merci pour ta tendresse ! –   
        – Seigneur, dans la société sans miséricorde pour les faibles, merci pour ta miséricorde
          – Seigneur, nos colères n’apportent aucune solution, merci pour ta patience
 

Après l’évangile       
Le Seigneur a dit son nom « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité ». Jésus a effectivement montré Dieu plein de tendresse pour les gens qui allaient mal, plein de miséricorde pour ceux qui s’étaient égarés… Jésus a montré Dieu lent à la colère, si peu lent à la colère qu’au lieu de punir ceux qui font le mal il prie pour eux « pardonne-leur »… Jésus a montré Dieu plein d’amour, débordant d’amour préférant mourir plutôt que nous abandonner. Alors si Dieu est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, nous n’avons qu’une chose à faire : nous laisser aimer ; consentir à être aimés ; consentir aussi à ce que les autres qui nous cassent les pieds parfois soient aimés eux aussi autant que nous. Nous n’avons qu’une chose à faire : laisser Dieu être le Dieu tendre en miséricordieux »… et nous en réjouir

            Quand l’Eglise a choisi des textes bibliques pour la fête de la Sainte Trinité, elle a retenu ces textes où il est clair que l’amour fait partie de Dieu : le Père aime le Fils, il aime le monde, il envoie le Fils pour sauver le monde, et l’Esprit Saint offre à toute personne l’amour du Père et du Fils.
            De sorte que l’Eglise parle de la Trinité non pas comme d’un problème où il faudrait démontrer que trois égale un, mais comme d’un amour partagé. Et partagé entre Dieu et les hommes. Tout l’amour que vous avez vécu, que vous vivez, que vous vivrez, n’est autre que la présence en vous de l’amour que le Père offre à Jésus et l’amour que Jésus offre au Père. Vous baignez dans un bain d’amour et vous sentez que votre vocation est une vocation d’amour filial.
            Chez nous, chaque personne a besoin des autres pour exister : à la base du mariage, il y a l’élan qui fait dire : ma raison de vivre c’est toi ; j’ai besoin de toi pour vivre. L’enfant a besoin de ses parents pour exister ; le papa a besoin de la maman pour être père, la maman a besoin du papa pour être mère… nous n’existons que grâce aux autres. Ce besoin de l’autre existe en Dieu, car le Père dit au Fils « je ne peux pas me passer de toi » et le Fils répond pareillement « je ne peux pas vivre sans toi ». Mais comprenons que le Père et le Fils disent à chacun de nous : « je ne peux pas me passer de toi ». Je suis renversé qu’à moi, pauvre mortel, le Tout puissant dise « je ne peux pas me passer de toi ». Ma profession de foi découle de là : je réponds « moi aussi, je ne peux pas me passer de toi.
            Cette interdépendance, saint Paul l’a formulée ainsi : soyez d’accord, vivez en paix, exprimez votre amour par le baiser de paix. Il n’exhorte pas seulement à supporter les autres mais à être leurs supporters ; il exhorte à leur dire « je ne peux pas me passer de toi ; ta vie me tient à coeur ». Il plaide donc pour que nos relations soient à l’image de Dieu trinité.
            Une dernière idée : Une personne m’a demandé : qu’est-ce que la communion des saints ? Voici la réponse que le saint Esprit m’a suggérée : la communion des saints, c’est la transposition chez les hommes des relations qui existent les personnes de la trinité. Si Dieu donne tout ce qui est à lui, il donne ce miracle de soutien mutuel, de confiance mutuelle qui est en lui, la communion des saints. Puisque la trinité guérit de toute division, que cette fête vous donne la paix.

Pentecôte
31 mai 2020

Frères, cette année, la fête de la Pentecôte est célébrée à ce moment où la population de notre pays sort petit à petit de l’enfermement où la tenait la crise du virus. De son côté, les consignes du gouvernement demandent le masque et les distances, mais offrent un peu de liberté ; pas la liberté de faire n’importe quoi, car la liberté et la santé de l’un s’arrête là où commence la liberté et la santé des autres ; nous continuerons à respecter les précautions.
            A propos de liberté, vous voyez des gens qui prennent trop de libertés par rapport aux recommandations sanitaires ; vous en voyez aussi qui sont sans liberté, des gens paralysés et prisonniers de la peur : la peur d’être contaminé, la peur d’aborder une période économiquement très difficile, la peur de devoir renoncer à tel ou tel projet…
            Frères et sœurs, parmi les dons du Saint Esprit, il y a la liberté, la victoire sur la peur. Parce qu’il avait reçu le Saint Esprit, J Paul II disait « n’ayez pas peur, soyez libres »
            Je suis sensible au fait que l’Eglise présente le Saint Esprit avec des symboles de liberté. St Luc dit que l’Esprit est comme un feu : rien de plus libre que le feu qui se déplace et danse en surface et en hauteur rendant bien difficile la tâche des pompiers ! St Luc et st Jean disent aussi que « Jésus donne l’Esprit comme un souffle » et rien n’est plus libre que le souffle du vent : bien malin qui voudrait maîtriser le vent. Et st Luc dit que la parole des apôtres est libre des soucis de traduction. D’ailleurs le message des apôtres annonce la liberté absolue, celle que Dieu a donnée à Jésus en ouvrant son tombeau.
            Nous, que ferons-nous de notre liberté, après l’enfermement dans les appartements ? Les spécialistes préconisent mille modifications dans l’organisation industrielle, économique, et sanitaire ; les enseignants sont acculés à inventer des méthodes nouvelles. Et nous, chrétiens, nous aurons à ré-apprendre à vivre en Eglise, puisque beaucoup auront limité leur vie en Eglise à une messe à la télévision… (Convenez que c’est loin d’être l’idéal, puisque Eglise signifie assemblée convoquée).
            Le Saint Esprit, qui a ouvert un passage pour que le Vivant sorte du tombeau, va continuer de nous appeler, de nous dire « Va ! en avant ! Ne crains pas ! » Il va ouvrir pour nous des passages, et nous faire passer là où nous ne pensions pas… Donc je ne peux pas vous décrire les chemins sur lesquels l’Esprit nous conduira. Mais vous savez comme moi que, comme le Père a envoyé son Fils sur un chemin qui comportait la passion, l’Esprit Saint nous envoie sur le même itinéraire. La passion du Christ a dit sa volonté d’être solidaire des hommes quoi qu’il lui en coûte. Eh bien attendons-nous à devoir jouer la carte de la solidarité exigeante. L’Esprit de Pentecôte demande la prière, sûrement ! Mais la solidarité, sûrement.
            Vous le savez : de la crise, beaucoup de gens sortent appauvris, beaucoup (surtout des intérimaires) auront perdu leur emploi, bien des entreprises auront déposé leur bilan… Tous nous devrons aller résolument sur le chemin d’une solidarité réelle ; ce qui suppose d’être libres par rapport à nos conforts précédents et à nos revendications antérieures. Nous voilà prévenus : il est inutile de chanter « Viens, Esprit Saint », Esprit de liberté, si nous tenons à rester captifs de notre standing, de nos habitudes, de nos aises. Il faudra être libres.
            Heureusement, la crise aura mis sous nos yeux des gens libres par rapport à leurs aises : notamment les soignants, les responsables et les agents des services publics. Et ces gens ont été applaudis chaque soir à 20 h, parce qu’ils avaient choisi d’être disponibles pour le bien de tous, et parce qu’ils ont montré que la noblesse humaine est dans l’offrande de soi que l’on fait librement. La vie éternelle est dans l’offrande de soi que l’on fait librement, comme Jésus.      

Appelons l’Esprit de la Pentecôte, l’Esprit de liberté :


– Lave ce qui, en moi, est souillé 
– Réchauffe ce qui est moi n’a plus d’ardeur
– Guéris ce qui, chez nous est malade      

– Redresse ce qui l’esprit du mal a faussé
– Assouplis ce que la peur a rendu raide
–  Baigne ce que l’habitude a désséché.
– Viens, Esprit Saint.  

Ascension
21 mai 2020

Frères et sœurs, tout l’essentiel de la foi se dit en trois mots : « Christ est vivant ». Le contenu de cette affirmation est si monumental que, pour le dire, il faut bien s’y reprendre à plusieurs fois C’est ce que nous faisons au long du temps pascal ; en lisant les Actes des Apôtres et les évangiles, nous voyons différentes facettes du mystère du Ressuscité : nous voyons qu’il anime l’Eglise, qu’il agit comme un bon berger, qu’il prie pour l’Eglise… Bref, il est actif ; et c’est parce qu’il est actif que nous disons qu’il est vivant. Est-ce que l’Ascension fait voir une (ou des) nouvelle(s) facette(s) du mystère du Ressuscité ?
            La fête de l’Ascension précise d’abord que la résurrection de Jésus de Nazareth n’est pas la réanimation de son cadavre. L’Ascension du Christ vivant, c’est le fait qu’il est emporté vers Dieu ; son humanité passe du côté de Dieu, et notamment du Dieu qui est partout. Donc il ne se déplace pas ; quand on dit que les apôtres l’ont vu monter vers le ciel, on ne dit pas qu’il change d’altitude ; on dit qu’il accède à un état supérieur à tous les autres états. (Notre langage courant utilise le verbe monter pour désigner non pas un changement d’altitude mais l’accès à un état supérieur : le soldat monte en grade, le voisin monte dans mon estime et le malade remonte la pente et la courbe de l’emploi remonte) Donc l’homme Jésus de Nazareth avec son humanité a accédé à l’état supérieur, au dessus de tout ; il est en Dieu … et encore une fois avec son humanité.
            Pourquoi cela nous réjouit ? Parce qu’il emporte avec lui, chez Dieu, tout ce que comporte l’humanité. Lui qui s’était abaissé dans la condition des pauvres, il emporte vers Dieu ce trésor qu’est la vie des pauvres. Lui qui a formulé mieux que personne tout ce qu’il faut savoir, il emporte vers Dieu tous les efforts que font les scientifiques, les poètes, les mystiques pour formuler les mystères de la vie, de l’amour, de l’espérance… Lui qui a travaillé, transpiré, subi des échecs, il emporte vers Dieu tout le travail des hommes, leurs joies et leurs peines. Lui qui a pris chair emporte vers Dieu tout ce qui fait notre chair. L’Ascension révèle la destinée divine de tout ce que vivent les hommes. Nous qui nous démenons dans le quotidien banal, nous voilà donc anoblis merveilleusement ! Du coup, si toute la vie de l’homme est faite pour être associée à Dieu, voyez qu’il faut bien se garder de mépriser l’homme ! 
            La prédication de notre destinée divine a été raillée par certains et notamment les marxistes qui disaient « vous demandez aux gens de regarder vers le ciel ; vous feriez mieux de leur demander de changer les choses qui ne vont pas bien sur terre ». Or saint Luc, bien avant Marx, rapporte ce que disent les messagers en vêtements blancs qui commentent l’Ascension : « ne restez pas à regarder le ciel ». Avant l’Ascension, pour voir Dieu, les apôtres ne devaient pas regarder le ciel mais regarder sur terre l’homme Jésus, menant ses relations humaines ; après l’Ascension, il faut s’intéresser aux choses de ce monde. Croire au ciel va de pair avec travailler sur la terre pour que viennent des relations de justice, de fidélité, de respect, de miséricorde.
            L’Ascension vient donc réveiller notre mission sur terre : Celui qui a fait sa part de travail pour que les pauvres soient respectés et que les malades soient guéris, nous l’entendons nous dire : « fais ta part pour que des larmes ne coulent plus… fais ta part. ». Le Christ n’a plus d’autres bras que les nôtres ; il n’a plus d’autres lèvres pour exprimer la bonté que les nôtres ; il n’a plus d’autres pieds pour s’approcher des frères que les nôtres ! C’est pourquoi il dit «  fais ta part ». Nous ferons notre part puisque le Christ n’est plus à côté de nous mais en nous ; puisqu’il n’est plus seulement notre compagnon de route, mais qu’il est notre force pour marcher ; puisque lui que nous ne voyons plus nous donne de voir avec amour. Il n’est plus seulement une présence aimante à nos côtés ; il est devenu notre force d’aimer.

6ème dimanche de Pâques
17 mai 2020

Ce dimanche précède la fête de l’Ascension. L’Ascension, Jésus la commente en disant : « D’ici peu de temps le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant ».
            Jésus a promis que nous le verrions vivant ! Si vous croyez en lui alors que vous ne croyez pas en Vercingétorix, c’est que Jésus n’est pas enfoui dans les brumes du passé comme Vercingétorix, mais qu’il fait partie de votre présent, que vous le voyez vivant, actif… Quand on croit en Jésus, il est un compagnon et toutes sortes de choses rappellent sa présence.
            Dans la 1ère lecture, il est dit que, quand Philippe, Pierre et Jean font des guérisons comme en faisait Jésus, les gens sont conduits à dire que Jésus est présent, vivant. Aujourd’hui, il y a mille situations qui vous ont fait penser que Jésus notre ami est vivant avec vous ! Je voudrais vous aider à les voir. Exemples ? Il y avait une forte tendance à vivre chacun pour soi ; or, dans la crise du virus, vous avez vu les soignants se dépenser en prenant des risques, les couturières s’activer devant leur machine à coudre les masques, et vous dites ‘ces gens reproduisent le comportement du Christ qui donne sa vie pour les autres ; il est vivant’. Face à une peine qui laisse sans voix tout le groupe, une personne dit une parole réconfortante, et vous dites ‘Cette personne est inspirée, elle parle comme Jésus ; il est vivant en elle’. Une dispute… et voici quelqu’un qui a le tact de calmer les protagonistes, et vous pensez ‘cette personne qui a osé s’interposer et qui a trouvé les mots justes, c’est le Christ prince de la paix qui l’a suscitée !’
            Vous avez fait des réflexions semblables aussi à propos de vous-mêmes. Vous avez eu l’audace de dire votre désaccord dans une conversation basée sur le mépris, et vous dites « c’est le Seigneur qui m’a inspiré » ; ou bien, vous avez consenti à vous déranger pour aider quelqu’un… et vous dites : « c’est le Seigneur qui m’a poussé ». Bref, vous pouvez voir Jésus vivant aujourd’hui sous les traits de toute personne qui vit selon l’Esprit de Jésus.
            Le Christ s’applique à nous faire voir sa présence. S’il y met une telle application, nous ne devrions pas nous coucher le soir sans avoir écrit un ou deux ou trois faits observés dans la journée qui montrent que Jésus est vivant aujourd’hui. Au bout d’un mois, nous aurions 30 ou 60 ou 90 indices de Jésus vivant !
            Quelle joie de voir le Christ, par la foi ! Quelle joie de passer ensuite de la vision à la contemplation, d’acquérir un esprit contemplatif !
            Nous pouvons contempler les signes de la présence du Christ notamment dans les « sacrements ». Prenons ce signe que sont les personnes en couples, les mariés… vous, peut-être. Parce qu’elles sont des sacrements de la présence du Christ, je voudrais leur dire merci. Vous qui vivez dans un couple fidèle, regardez vos années de fidélité, de patience, de douceur, de pardon ; vous vous êtes aidés à vivre, votre amour a été plus solide que vos déceptions et vos disputes, vous vous êtes mis au service l’un de l’autre… Si vous avez pu faire tout cela, c’est que le Christ est vivant en vous, lui dont l’amour est plus fort que les tiédeurs et le péché, lui qui donne sa vie pour l’humanité ! Merci beaucoup à vous, les couples, les mariés : vous mettez sous les yeux de nos contemporains les manières du Christ; vous êtes les signes du Christ vivant aujourd’hui. Avis à ceux qui cherchent des signes de la présence du Seigneur de l’amour fidèle : regardez les mariés !
            Un conte va me permettre de développer l’idée qu’il est important de contempler Jésus présent, vivant aujourd’hui. Un rabbin et l’abbé d’un monastère se rencontraient dans l’amitié et se faisaient des confidences : « Dans mon monastère – disait l’abbé sur un ton découragé -, les frères n’ont guère d’élan ; on n’a pas de jeunes moines ; à l’hôtellerie, on a de moins en moins de retraitants ; on a du mal d’envisager l’avenir avec espérance ». « Dans ma communauté, c’est pareil – disait le rabbin… » Leur échange ne débouchant sur rien qui donne de la lumière, ils ont été d’accord pour prier ensemble. Un psaume. Puis un autre psaume. Et au moment de se séparer, l’abbé dit au rabbin « Donnez-moi un conseil ». Le rabbin répondit : « Le messie est l’un des moines » ! Le Père abbé rentre au monastère, réunit les moines et leur dit « Le messie est l’un de nous ». A partir de ce jour, les gestes de prévenance se multiplient, la ferveur anime toutes les activités… et l’hôtellerie se remplit de gens intéressés… et des jeunes se présentent au noviciat… Quand on a dans la tête que le Messie est parmi nous, vivant, tout est changé. Il est sûr que ce n’est pas aux « païens » de se convertir ; c’est à nous de nous convertir… Si nous le faisons, alors seulement nous ferons signe aux autres… comme les vieux couples font signe aux jeunes.
            Je termine par cette parole de Jésus « je reviens vers vous ». Cette promesse nous conduit à dire à chaque messe : Viens Seigneur Jésus ! Jésus est attendu dans notre monde. Pour mesurer l’importance d’être attendu, je rapporte la réflexion d’une personne au chômage : « Quand je travaillais, on m’attendait, on me reprochait d’être en retard ; on me félicitait quand j’étais en avance… Maintenant que je sois là ou pas, tout le monde s’en fiche, je n’existe plus ». Eh bien, si nous n’attendons pas Jésus, si on n’est pas à l’affût des signes qui montrent qu’il est vivant, il n’existe plus ! Pour éviter cela, pour qu’il soit le compagnon permanent, nous lui disons : « viens Seigneur Jésus, nous t’attendons, nous attendons ta venue ; donne-nous de te voir vivant ».

5ème dimanche de Pâques
10 mai 2020

En guise d’homélie, j’ai écrit une lettre à Philippe (dont parle l’évangile) ; je serais heureux si Philippe me répondait ! Louis

Mon cher Philippe

            Aujourd’hui, 3 mai, c’est le jour de ta fête. Comme j’ai écrit à Thomas, il y a 15 jours, aujourd’hui, je t’écris non seulement pour te souhaiter ta fête, mais encore pour te remercier. Car, comme Thomas, tu nous aides à connaître Jésus et à croire en lui.
            Mon cher Philippe, tu as dit à Jésus ce qui, à tes yeux, constitue le désir le plus fondamental ; tu lui as dit : « montre-nous le Père ». Je pense que tu avais prié souvent le psaume 42 « Mon âme a soif de toi. Quand te verrai-je face à face ? » J’aime aussi prier ce psaume parce mon désir profond c’est de voir ce Père qui est la source de tout amour, voir le Père en qui s’enracine l’amour de tous les pères, voir le Dieu dont l’amour anime les époux, les parents, les amis, les bénévoles… Je pense aussi que tous les hommes sont insatisfaits de poser leur regard sur les vanités qui ne portent pas le sceau du Père… Je pense aussi que leur insatisfaction vient de ce qu’ils n’ont pas appris à voir que tout porte le sceau de l’amour du Père, que tout émane de ce foyer d’amour qu’est le Père. Philippe, tu as raison ; la prière essentielle est celle que tu as exprimée : « montre-nous le Père ».
            Alors, Jésus t’a donné sa réponse… « Celui qui m’a vu a vu le Père ; je suis dans le Père et le Père est en moi ». J’imagine que tu as été surpris ! Jésus ne te demandait pas de faire seulement un pas sur le chemin de la foi ; il te demandait de faire un véritable saut en longueur. Le fils du charpentier serait le visage du Père !
            On dit parfois que vous, les contemporains de Jésus, vous avez eu accès à la foi plus facilement que nous, parce que vous avez vu Jésus. Je devine au contraire que votre foi s’est élaborée très progressivement. Il vous a fallu relire tous les comportements de Jésus (ses longs temps de prière, ses miracles, ses paroles créatrices de libération, ses paroles d’autorité…) ; et au terme de toute cette réflexion vous avez conclu que « Dieu a visité son peuple », que Jésus vous avait montré le Père. Quand il relevait les malades, il montrait le Père qui veut l’homme debout ; quand il fréquentait les pécheurs, il montrait le Père qui agit envers les pécheurs comme un médecin agit envers les malades ; quand il donnait sa vie, il montrait le Père aime ses enfants quoi qu’il lui en coûte…
            Philippe, je tenais à te remercier, car, en interrogeant Jésus sur la connaissance du Père, tu nous as permis de recevoir cet enseignement : pour croire que Jésus est digne de foi – comme le Père-, il faut nous appliquer à voir son comportement humain. Dieu s’est montré dans l’homme Jésus. On dit chez nous « tel père, tel fils » : donc en voyant Jésus, on peut voir comment est le Père.

            Mais Jésus ne s’est pas contenté de dire qu’il est le visage du Père. Il a dit qu’il allait vers le Père et qu’il préparait près du Père une place pour chacun. Philippe, tu as appris que, grâce à Jésus, tu aurais ta place près du Père non seulement dans l’au-delà, mais déjà sur terre ; en un mot que tu serais heureux, que tu réussirais ta vie.
            Dis-moi si je me trompe, Philippe ! Je devine que nous sommes en chemin vers le Père chaque fois que nous adoptons la manière dont Jésus vivait dans la prière et la fraternité. Je le devine, parce que notre vie a un sens seulement quand nous agissons selon l’Esprit de Jésus ; nous allons vers le Père, nous nous approchons de ce foyer d’amour qu’est le Père seulement quand, comme Jésus, nous cherchons à faire aux autres ce que nous aimerions qu’ils fassent pour nous. Justice, partage des biens, regards de sympathie, fidélité, don de soi… tout cela, c’est le Christ… tout cela, c’est le chemin vers le Père. N’est-ce pas ?
            Philippe, en concluant, puis-je t’adresser une demande ? S’il te plait, peux-tu dire à Jésus « J’ai reçu une lettre de gens qui voudraient voir le Père : montre-leur le Père ! Montre-leur que tu es le visage du Père ! »
            Merci !  Louis

4ème dimanche de Pâques
03 mai 2020

Jésus a dit « je suis la porte » : avez vous aimé que Jésus se compare à une porte ? Est-ce une porte pour que les disciples soient confinés, enfermés ? ou une porte pour leur permettre de sortir du confinement ?
            La Bible ne parle que de portes ouvertes ; elle ne parle de Dieu que comme de Celui qui ouvre un avenir. Lors de la sortie d’Egypte : le Dieu de Moïse a été la porte qui a fait sortir ses brebis de leur esclavage. Vers 538 avant JC, si les déportés sont revenus de Babylone, c’est grâce à Dieu qui a ouvert la porte. Les deux disciples d’Emmaüs (évangile de dimanche dernier) ont dit que Jésus a été la porte qui les a fait sortir de la prison de leur tristesse et du non-sens. Souvenez-vous de Zachée : Jésus a été la porte grâce à qui le voleur est sorti de sa vie ratée. Souvenez-vous de Pierre, en disant au renégat « m’aimes-tu », Jésus a été la porte lui permettant de sortir de sa culpabilité morbide. Et, ne nous a-t-il jamais ouvert une porte afin que nous sortions d’un égarement, d’un péché, d’une forme de mort ? N’avons-nous pas reçu l’évangile comme une libération, une porte ouverte ? Et moi, j’aime dire avec le psaume 30,9 « devant moi tu as ouvert un passage » En fait, nous aimons le Christ pour son art d’ouvrir les portes, de faire sortir, d’ouvrir des issues là où tout a l’allure d’une impasse, là où à l’évidence, « on va dans le mur ».
            « Le berger appelle les brebis par leur nom et les fait sortir, il les pousse dehors ».
           
            Jésus dit aussi une autre bonne nouvelle : « Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance ». Certes, seul Dieu sait ce qu’est la vie en abondance. J’en dis pourtant quelques mots.
            Avoir la vie en abondance, être un homme vraiment vivant, c’est déjà comprendre que le bon fonctionnement des systèmes respiratoire, digestif, cardiovasculaire ne suffit pas pour faire de l’homme un vrai vivant. Il faut à l’homme ce qu’apporte le Christ. L’homme est vraiment vivant s’il connaît Dieu comme le Christ le révèle, c’est à dire comme Père ; l’homme est vraiment vivant s’il apprend par le Christ qu’il est aimé par un Père qui va jusqu’à donner son Fils ; l’homme est vraiment vivant s’il apprend par le Christ qu’il est libre même par rapport à l’échec, au péché, à la mort ; l’homme est vraiment vivant s’il laisse le Christ déposer dans son cœur un amour d’un calibre insoupçonné : « aimez-vous comme je vous ai aimés ».
            Nous sommes attachés à Jésus et nous l’appelons volontiers notre berger, parce qu’il est, lui, l’homme parfaitement vivant. Jésus est le seul qui connaît le Père, le seul homme parfaitement libre ; le seul qui aime même ses ennemis. Il peut dire : « Je suis la vie », « Je suis le pain de vie ». Lui, il est « hyper-vivant »

            Avoir la vie en abondance, c’est sûrement avoir une vie unifiée par l’amour. L’homme n’a pas la vie en abondance tant qu’il a le cœur partagé entre Dieu et des idoles, entre des projets très élevés et des futilités (ceux qui sont partagés entre deux amours connaissent un vrai déchirement ; ils ne sont pas vivants). Les grands maîtres spirituels enseignent que l’homme progresse vers la vie lorsqu’il cherche à être unifié. Il est probable que nous avons encore des progrès à faire dans cette recherche. Heureusement le Saint Esprit œuvre en nous !

            La parole de Jésus « Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance » me suggère cette pensée : que saint Jean n’approuve pas le texte du « Minuit, chrétiens ». Je le rappelle : « L’homme Dieu descendit jusqu’à nous pour … de son Père, apaiser le courroux ». Alors que cette formulation exprime la relation entre Dieu et les hommes sur le mode des transactions (Dieu étant blessé par les hommes, il faut l’apaiser par un sacrifice humain), saint Jean exprime la relation sur le mode de la grâce : Dieu souffre que les hommes n’aient pas la vie et il envoie son Fils pour que les hommes aient la vie.

            C’est la journée de prière pour les vocations. Notre vocation commune, c’est d’ouvrir des portes. Et cette vocation commune est une porte ouverte, une source de liberté ; en écoutant l’appel à servir le monde, nous trouvons la liberté, nous ressuscitons. En servant l’Eglise, en disant sur nous-mêmes « mon corps livré » nous passons la porte de la liberté, nous ressuscitons.
            Notre vocation c’est d’avoir une vie unifiée par l’amour. Ca me rappelle ce que racontait le cardinal Etchegaray : il avait trouvé chez un prêtre un billet que ce prêtre regardait souvent pour se rappeler sa vocation au service des gens : « Si tu ralentis, ils s’arrêtent ; si tu faiblis, ils flanchent ; si tu t’assois, ils se couchent ; si tu doutes, ils désespèrent ; si tu critiques, ils démolissent ; mais si tu marches devant, ils te dépassent ; si tu donnes ta main, ils donneront leur peau ; et si tu pries, alors ils seront des saints ». En temps de crise, que chacun soit pour les autres un berger de cette trempe, à l’image des responsables, des soignants et tous ceux qui pratiquent l’entraide !

3ème dimanche de Pâques
26 avril 2020

Comme l’évangile de dimanche 19 avril cite le nom d’un des deux disciples qui marchaient vers Emmaüs (Luc 24) et qui, donc, a vu Jésus ressuscité, j’ai eu envie de lui écrire.

Cher Cléophas,

            Puisque j’ai eu ton nom par saint Luc, je m’adresse à toi qui es un témoin de première main dans l’histoire de la résurrection de Jésus et de l’accès à la foi.
            Inutile de te dire pourquoi la résurrection de Jésus m’intéresse : c’est que, personnellement, j’y crois, mais, comme toi et ton compagnon, j’éprouve, devant des grands malheurs, que ce n’est pas évident d’y croire. Tu expliquais : « Jésus était puissant et nous espérions… mais la mort a renversé nos espérances ». Eh bien, nous sommes nombreux à éprouver le même écroulement de nos espoirs… comme toi. Dans notre crise du coronavirus – et dans toutes les autres -, nos appuis humains, matériels, sociétaux, montrent leurs limites, et le sens que nous leur trouvions se dérobe. De plus, curieusement, même le sens des appuis spirituels se dérobe aussi, parfois.
            Et puis, je m’intéresse à ton témoignage, car, en tant que prêtre, j’ai à dire ce message qui me dépasse, et j’ai tout intérêt à relire comment toi, tu l’as dit.
            Bien sûr, le rapport des femmes avait fait naître en toi et en ton compagnon une lueur, mais cette lueur n’a pas été pour vous une réelle clarté. L’Eglise entretient cette lueur ; moi-même, j’annonce la Résurrection. Mais ai-je une manière crédible de l’exprimer auprès des personnes qui à cause du virus, ont des proches malades ou décédés ? Nos belles paroles sur la résurrection et sur l’espérance, peut-on s’y fier ? Encore une fois, pour avoir une réponse, en ta compagnie, je veux relire ton témoignage.
            En quittant Jérusalem, en t’enfonçant dans l’épaisseur de tes questions, tu ne t’attendais pas à rencontrer la main tendue. Quand on n’espère plus, on pense qu’aucune main ne nous est tendue.
            Alors, tu témoignes d’abord qu’une main t’était tendue par le fait que tu n’étais pas seul ; tu avais un compagnon ; et même si, tous les deux, vous ruminiez votre amertume, vous pouviez parler et faire sortir de votre cœur la douleur qui vous minait. Ca n’est pas le cas des familles qui ne peuvent se réunir autour d’un mari, ou d’une épouse, ou d’un parent défunt. Vous étiez deux, et vous parliez comme les gens qui peuvent dialoguer au téléphone et qui en éprouvent un grand bien. A lire ta connivence avec ton compagnon, je souhaite que tous ceux qui se soutiennent par téléphone interposé rendent grâce pour la main tendue de leur correspondant.
            Et puis, tu témoignes qu’une autre main vous a été tendue… alors que vous vous enfonciez dangereusement. Celui qui fait route avec les hommes est arrivé près de vous, vous ne savez pas comment,… tout à fait inattendu, comme un voleur (c’est lui qui avait dit « de ma venue, vous ne savez ni le jour ni l’heure »). Il s’est approché de vous comme le Samaritain s’est approché du blessé ; et comme le samaritain avait demandé au blessé « où as-tu mal ? », il vous a demandé ce qui vous faisait souffrir. Et de même que le blessé n’a pas demandé à son sauveteur son identité, toi et ton compagnon, trop accaparés par vos blessures, vous n’avez pas su qui vous tendait la main. Ton ancêtre Jacob disait « le Seigneur était là, et je ne le savais pas » (Genèse 28,16) et tu as fait le même aveu ; le Seigneur était sur ta route et tu ne le savais pas. Que tu n’aies pas eu la présence d’esprit de lui demander son nom, je le comprends, et je suis sûr que Dieu le comprend, parce que Dieu a l’habitude d’être depuis toujours le passager clandestin, anonyme, sur la route des hommes. Cléophas, merci de tout cœur : de ton témoignage, je réapprends qu’aucune situation ne peut dissuader le Seigneur de tendre toujours la main aux hommes et de marcher avec eux… même s’ils ne le reconnaissent pas. Tu me réapprends que, même si on ne sait pas parler de la résurrection, on peut au moins dire que le Ressuscité marche avec les hommes, et qu’il pleure avec ceux qui pleurent.
            Toi et ton compagnon, vous n’avez pas eu des félicitations ! Le Seigneur vous a dit que vous étiez « sans intelligence, lents à croire » ! Mais, des reproches comme ceux-là ne sont pas très durs à entendre puisqu’ils viennent de celui qui nous a aimés jusqu’à mourir. Par ailleurs, comment pourrions-nous avoir assez d’intelligence pour comprendre que le tout puissant se fait tout faible, que celui qui règne se fait serviteur, que le Juste est volontaire pour souffrir avec les coupables ? Comment pourrions-nous avoir assez d’intelligence pour accepter que la pierre rejetée par les professionnels de la construction est en fait la pierre d’angle ? Sans intelligence ! Effectivement le grain de blé lui, comprend que, pour accéder à la vie, il faut passer par la mort ; mais nous avons du mal de comprendre la nécessité de passer par la mort.
            Alors, je n’ai pas toue l’intelligence pour comprendre Jésus, mais j’ai de la reconnaissance envers toi, Cléophas. Je te dis un nouveau merci, parce que, en avouant que tu n’avais pas compris le sens des vieux écrits, tu t’es fait notre porte parole. En effet, parce que nous cherchons dans la Bible des modèles de bonne conduite, nous n’avons pas appris à lire que la Bible ne raconte pas des histoires édifiantes, mais qu’elle raconte la marche fidèle de Dieu avec son peuple même quand il est loin d’être irréprochable ; parce que nous sommes avides de puissance, nous n’avons pas appris à lire dans la Bible comment Dieu a l’habitude de mettre sa puissance dans la faiblesse… De ce fait, toi et ton compagnon, vous n’étiez pas enclins à accueillir un Jésus qui meurt avec les coupables, qui montre que la puissance de Dieu est dans sa décision d’être au plus bas. Et nous ne sommes pas mieux préparés que vous. Merci, Cléophas ; en me racontant comment Jésus a expliqué la Bible, tu me fais comprendre qu’une autre manière de parler de la résurrection consiste à dire que, dans nos crises, Dieu sera toujours notre allié, appliqué à nous faire traverser l’épreuve, comme la Bible le raconte. Par la même occasion, je dis merci à l’Eglise qui continue d’ouvrir ainsi notre esprit à l’intelligence des Ecritures.
            Le voyageur a du prendre beaucoup de temps pour relire la Bible avec vous deux, puisque tu as raconté que l’explication a duré jusqu’à la tombée de la nuit. Or à l’approche de la nuit, on ressent la fragilité, l’inquiétude… Pour affronter cela, mais surtout parce que s’installait en vous petit à petit l’idée que Jésus était la pierre d’angle, ton compagnon et toi, vous l’avez invité à rester avec vous. Et tu racontes qu’il a rendu votre cœur brûlant et que vos yeux se sont ouverts… En fait, vous avez convaincus que Jésus est ressuscité parce qu’il vous avait fait renaître, quasi ressuscités. Des gens parlent de résilience mais n’identifient pas l’origine de cette force ; toi et ton compagnon, vous l’avez identifiée : c’est Jésus qui met sur la table – pour qu’on s’en nourrisse – son corps et son sang. Et les gens qui viennent à la messe disent comme vous « On trouve à la messe une force qui nous relève ». Merci, Cléophas, de m’enseigner qu’une manière de parler de Jésus ressuscité, c’est de dire qu’il est ressuscitant, qu’il donne à ceux qui sont tombés la force de se relever, à ceux qui buttent contre un obstacle la force de traverser. Ton compagnon et toi, au début, quand vous tombiez dans le découragement, vous pensiez que vous ne pouviez plus bâtir votre vie sur Jésus du fait de sa faiblesse ; et à la fin de l’histoire, quand vous l’avez invité à rester, vous avez constaté qu’il n’est pas faible puisque sa présence vous a reconstruits, … puisqu’il est la pierre d’angle.
            Merci à vous, Cléophas et ton compagnon, car votre témoignage nous est utile. En effet, notre compagnonnage avec Jésus passe par les mêmes étapes que le vôtre, et notre foi en la résurrection s’élabore aujourd’hui en s’appuyant sur votre témoignage.
            Cléophas, je te prie de croire à la reconnaissance de tous les chrétiens.
            Et, comme on dit à ceux qui ne sont pas positifs au virus : prends soin de toi… et des autres.
                                                                                   Louis

2ème dimanche de Pâques
19 avril 2020

L’homélie de ce dimanche où l’évangile raconte l’apparition de Jésus ressuscité à Thomas, je la rédige sous forme d’une lettre à Thomas.
             
            Mon cher Thomas,

            J’ai lu le récit où saint Jean raconte l’histoire de ta foi au Ressuscité. Sans doute, Jean n’a pas écrit ce récit pour se moquer de ta difficulté à croire ; en effet, les femmes, Pierre, ceux qui marchaient vers Emmaüs, tous les autres autant que toi, vous avez été tellement lessivés par l’épreuve de la passion que vous aviez perdu tout espoir de voir Jésus vivant. Jean a sûrement écrit ton entrée dans la foi parce qu’il pressentait que nous entrerions dans la foi par la même porte.
            A propos de porte, tu sais que nous sommes confinés par peur du virus ; et je lis que vous l’étiez vous, par peur des Juifs. La peur, ça isole. Et même, ça crée des tensions, ça monte les gens les uns contre les autres : ici, le confinement fait qu’entre membres de la même famille, on se supporte difficilement ; et je lis que c’était pareil entre vous, les apôtres : quand les autres te disaient leur foi naissante, tu les envoyais sur les roses sans ménagement. Les inconvénients du confinement sont tels qu’il est évident que l’on n’est pas fait pour être confinés chacun chez soi ou même avec ses proches, mais pour être en liens avec tous. Bref, on est, toi et nous, dans la même situation.
            Or, dans votre confinement entre apôtres, Jésus s’est trouvé présent. Et sans doute, il est présent à tous ceux qui sont cloitrés chez eux actuellement. Ca fait du bien de réapprendre que le Ressuscité n’est pas lié par les consignes du confinement. Lui, il ne porte pas de virus ; quant au virus de notre péché, il l’a déjà combattu victorieusement ; il a même trouvé le vaccin ; et si j’ai bien compris, on est vacciné contre le péché quand on remet notre vie entre les mains de Dieu, quand on base notre vie sur la foi… même quand ça semble une folie, aux antipodes de la sagesse humaine (par exemple donner sa vie pour les autres).
            Mon cher Thomas, pour accéder à la foi, je parie que, à ta place, nous aurions fait comme les pharisiens ( Matthieu 16,1), nous aurions demandé à Jésus un signe de puissance (des signes comme ça, on en demande souvent). Toi, au contraire, tu as demandé à voir les signes de la faiblesse de Jésus, ses plaies. Je me demande pourquoi. J’ai l’impression que tu avais toi-même une énorme plaie : celle d’avoir abandonné Jésus alors que tu avais promis de donner ta vie pour lui (Jean 11,16) ; tu souffrais d’avoir été un traitre, comme Judas, comme Pierre. Ta plaie était si profonde et si douloureuse que tu pensais ne pouvoir être compris que par quelqu’un qui aurait des plaies.
            Tu avais vu Jésus se comporter comme le compagnon du pire ; tu l’avais vu s’approcher des plaies des lépreux, des voleurs, des pécheresses condamnées à mort, des pécheurs… et les guérir. C’est pourquoi, tu voulais qu’il approche ses plaies de ta plaie. Tu confesserais qu’il est le sauveur si tu pouvais constater que le Christ n’a pas honte de se faire le compagnon de ce qui est le pire en toi. Effectivement, c’est à cause des plaies que tu as dit « mon Seigneur et mon Dieu ». Je crois bien qu’on accède à la foi par cette porte là : celle qui montre Jésus fidèle à nous aimer même quand nous sommes dans le pire.
            Eh bien, Thomas, tu le sais, la plaie de notre humanité, c’est cet effondrement qui ébranle tout actuellement, qui met en détresse des malades, qui plonge des familles dans l’inquiétude, qui désorganise toute l’économie… Comment le Christ va-t-il montrer ses plaies aujourd’hui, de sorte que les gens croient que Jésus est vivant, que l’amour est vivant ? Je te livre ma pensée : m’appuyant sur ton expérience des plaies, je pense que, de même que Jésus t’a montré sa résurrection par ses plaies, il la montrera à notre époque par nos plaies (car nous, l’humanité, nous sommes son corps). La victoire de l’amour est déjà montrée par les soignants qui agissent sans compter au risque de la contamination, par les chercheurs qui se fatiguent à pister le virus, par les dirigeants qui s’appliquent à prendre les mesures adaptées, par les gens qui prennent des nouvelles de leurs connaissances et font les courses des voisins… Les fatigues de ces gens font partie des plaies du Christ, même s’ils ne connaissent pas le Christ. Ca me fait penser à cette histoire : un homme interroge avec beaucoup de condescendance une petite fille ; il lui dit : « je te donne 5 euros, si tu me dis où est Dieu » ; et la petite lui répond : « et moi je vous donne 10 euros, si vous me dites où Dieu n’est pas ». Oui Dieu est partout où des gens disent « mon corps livré pour les autres ». Et, moi, quelles plaies (ou au moins, quelles fatigues) suis-je prêt à porter pour que l’amour soit présent ?
            Thomas, tu as eu raison de souhaiter voir les plaies. C’est, en effet, les plaies (ou au moins les fatigues) de l’Eglise qui ont converti les peuples. Personne ne s’est converti en écoutant les dogmes de l’incarnation ou de la Trinité, ou en répétant le catéchisme selon lequel « Dieu est un pur esprit, éternel, créateur et maître de toute chose ». Ce qui a converti les peuples c’est le constat que l’Eglise se fatiguait pour créer des hôpitaux, des écoles, des léproseries, des lieux d’accueil pour les enfants abandonnés, … qu’elle se faisait proche des mères célibataires, des prisonniers, des galériens, des esclaves…
            Mon cher Thomas, de ton histoire je retiens que la joie de la résurrection n’est pas à trouver du côté de la détente psychique et des divertissements. Je retiens que ta joie est née de voir cette décision qui fut celle du Christ et qui est celle de beaucoup : la décision de risquer des plaies pour les autres.
            Thomas, excuse-moi d’avoir été long. Merci d’avoir pris le temps de lire tout cela. Et toi qui as trouvé par quelle porte tu pouvais entrer dans la foi, fais tout ton possible pour que beaucoup trouvent cette porte.
            Prends soin de toi (comme on dit actuellement)
                                                                                                          Louis

Pâques 2020

Pâques ! L’Eglise dit : «  le Christ est ressuscité ». Elle l’a dit au long des siècles, même dans des contextes d’horreur et de désespoir. Comment parlait-on de Pâques dans les paroisses de France pendant la Terreur ? et en 14-18 et en 39-45, alors que la liste des morts s’allongeait ? Et au Rwanda à l’époque du génocide ? Et dans les pays des Balkans à l’époque de la guerre ? Persécutés, décimés par les guerres, nos pères et nos frères ont annoncé Pâques, même quand pour eux, l’heure était au vendredi saint ; c’est que le message de Pâques ne découle pas de ce qui tombe sous les yeux ; c’est le jaillissement d’une nouveauté, comme Dieu seul sait en faire. Donc, malgré le virus et ses contraintes sanitaires et ses redoutables conséquences économiques, nous annonçons Pâques.
               Depuis le dimanche des Rameaux, nous étant identifiés aux personnages contemporains de Jésus, nous avons vu notre place dans l’histoire du salut qui se déroule en ce moment. Avec l’inconnu à qui les deux disciples disent « C’est chez toi que le maître veut manger la Pâque »,nous avons entendu et nous avons dit « Oui, Seigneur, viens chez moi, je veux vivre avec toi la perspective d’être libéré de la pandémie ». Avec Simon de Cyrène qui porte la croix, nous avons ravivé notre vocation à prendre notre part du poids de l’amour à offrir particulièrement aux malades, aux soignants etc… Avec le brigand crucifié avec Jésus, nous avons reconnu que nous ne sommes pas des justes, et nous avons professé que Jésus partage nos misères alors qu’il « n’a rien fait de mal ». Avec Joseph d’Arimathie, qui avait préparé un tombeau pour lui-même, nous avons compris la nécessité d’accueillir le Christ dans notre vie marquée par la mort. Avec Jésus qui remet sa vie entre les mains du Père, nous avons remis l’avenir incertain de notre humanité entre les mains du Père…
               Et en ce jour de Pâques, comme Pierre et Jean qui ont couru vers le tombeau, sur les dires de Marie, nous nous sommes mis en marche sur les affirmations de l’Eglise. Comme eux, nous entrons dans le tombeau vide ; comme eux nous sommes peut-être perplexes ; comme eux, nous avons à apprendre à voir des signes de la puissance de l’amour.   
               En effet, selon l’évangile d’aujourd’hui, je constate que la foi en la résurrection commence quand on s’aperçoit de nouveautés : Marie Madeleine s’aperçoit que la pierre a été enlevée, que le tombeau est vide, et Pierre s’aperçoit que les linges sont posés, … Ces indices ne prouvent pas que Jésus est vivant, car le corps aurait pu être enlevé, comme dit Marie ; les faits interpellent Marie et Pierre mais ne les font pas croire ; il n’y a pas de preuves matérielles de la résurrection.
               Quant à Jean, « il vit et il crut ». Les faits – ce qu’il voit – ne lui prouvent pas que Jésus est vivant, mais le font commencer à croire. Pour croire, il faut voir des indices, et pour voir que ces indices sont des indices de Jésus vivant, il faut aimer Jésus, comme « le disciple que Jésus aimait ». Comme Jean et Pierre, nous accédons à la foi si nous prenons la peine de voir ce qui procède de l’Esprit de Jésus et pas de l’esprit mondain, parce que nous aimons l’Esprit de Jésus. C’est pourquoi, dans nos paroisses, au cours du Carême et de l’avent 2019, nous avons invité à écrire les beaux gestes que nous voyions… et nous avons conclu que ces gestes sont suscités, non par l’esprit mondain, mais par Jésus Ressuscité. Aujourd’hui, elles ne manquent pas les belles attitudes que nous pouvons voir : les personnels soignants se dévouent sans compter, des associations leur offrent nourritures et gâteaux, les personnes qui assurent les besoins fondamentaux (nourriture…) sont fidèles à leur poste, certains offrent à un voisin de lui faire ses courses, tout le monde prend des nouvelles de ceux-ci et ceux-là… Si nous ouvrons les yeux, nous nous apercevons de ceci : alors qu’on a tué Jésus et que, par volonté de s’émanciper du christianisme réputé ringard, on voulait bâtir une société où l’argent est plus important que l’amour, on constate que l’amour est toujours là, essentiel, habitant le cœur de beaucoup. A mes yeux, ce sont des indices qui me mettent sur la voie de la foi en Jésus vivant aujourd’hui. Quelle joie, même dans la pandémie !
               On a des indices de Jésus vivant quand on regarde ses amis. Lui, personne n’a pu dire qu’il l’a vu en train de ressusciter et qu’il peut décrire ce qui a changé pour Jésus ; en revanche, nous pouvons dire ce qui change pour ceux qui se laissent atteindre par le message de Pâques. Le nouveau Testament décrit des apôtres peureux qui deviennent audacieux ; des groupes humains où régnait l’égoïsme qui commencent à tout mettre en commun ; un Philémon qui aurait eu le droit de châtier à mort un esclave et qui décide de le traiter comme un frère ; un Paul qui cesse de persécuter et qui devient apôtre… Et puis un dandy d’Assise qui renonce au luxe et qui devient le pauvre François… L’histoire est pleine de gens qui sont « ressuscités » au sens où ils renaissent et adoptent une vie toute nouvelle… parce que le Christ a été actif en eux. Si Jésus est actif, c’est qu’il est vivant.
               Jésus ressuscité, actif en chacun : voilà le motif de notre fête. Luther a écrit ceci : « Quand tu lis que Jésus est ressuscité, ajoute aussitôt : ‘Je suis ressuscité avec lui, et mon voisin aussi’. Ne pas apprendre que nous sommes participants de la résurrection, c’est ne rien apprendre du tout ».
               Aujourd’hui, le Christ fait renaître : des gens corrigent la trajectoire de leur vie, renoncent à des futilités et donnent la priorité à des réalités importantes. On le voit dans la crise : ceux qui ne voyaient pas comment donner des moyens aux hôpitaux se sont bien aperçu que la santé des gens était prioritaire ; d’autres qui négligeaient la prière en retrouvent le chemin ; d’autres qui donnaient la priorité à leur bien-être personnel trouvent que leur vie a plus de sens maintenant qu’ils se mettent au service d’un voisin pour lui faire ses courses ou lui coudre un masque…
               L’évangile selon saint Jean (chapitre 3) dit que pour réussir sa vie, il faut « renaître ». Je suis sûr que « renaître » et « participer à la résurrection de Jésus », c’est pareil. Et si la renaissance est votre caractéristique de baptisé qui prend au sérieux son baptême, je me permets de vous appeler de ce prénom rare aujourd’hui : René.
               René, je vous souhaite de vous réjouir énormément à Pâques, puisque, même dans la crise sanitaire, l’amour du Christ est toujours actif. René, bonne fête de Pâques. 

Vendredi Saint

Probablement, vous allez bien penser que ce vendredi est particulier. Vous allez prendre votre bible ou votre Prions en Eglise, relire le récit de la passion (saint Jean 18 et 19) Vous allez capter sur votre radio ou votre télé la transmission d’un office. Les nourritures spirituelles sont à votre portée. Pour maintenir le lien paroissial je vous offre ces pensées qui me viennent quand je médite la Passion du Christ et la souffrance de l’humanité aujourd’hui.

Où est Dieu ?    
Un des récits de la déportation rapporte que, devant toute la population du camp d’Auschwitz, à titre de punition exemplaire, les SS avaient pendu un certain nombre de prisonniers. Devant ce spectacle, un prisonnier dit « Où est Dieu ? » ; et un autre répond : « Il est là, pendu avec eux ». Devant les trois crucifiés du Calvaire, on poserait la même question : « Où est Dieu ? » et on aurait la même réponse. Dans la crise du virus, certains posent la même question : « Pourquoi Dieu permet cela ? Où est Dieu ? », et ce vendredi saint fournit la même réponse.
               Puisqu’on dit que Dieu est tout puissant et qu’il aime les hommes, on imagine qu’il doit et qu’il peut leur épargner la souffrance. Or sa manière d’aimer les hommes, c’est de souffrir avec eux. On imagine que Dieu est partout où ça réussit ; or il est aussi là où c’est tragique. On se souvient du retable d’Issenheim : le peintre (Matthias Grünewald) a pris soin de représenter le corps du Crucifié marqué des mêmes plaies que celles qui apparaissaient sur le corps des gens qui souffraient du « mal des ardents ».
               Dans la situation du monde, Dieu est présent. Il ne cesse de dire « je suis avec vous ». Et Jésus s’appelle Emmanuel, Dieu avec nous. Notre Dieu a fait alliance avec les hommes, de sorte que « rien ne peut nous séparer de son amour », rien, ni le virus, ni le cancer, ni le péché !

La croix              
Devant une croix, les pensées les plus diverses affluent : Certains – comme saint Paul – disent « Il m’a aimé à ce point ! » (Galates 2,20). Mais d’autres disent « c’est de la folie ; il aurait pu échapper à ces tortures » ; un homme m’a dit « Il s’est suicidé ».
               Nous voulons tous réussir notre vie. Or, pensez-vous qu’on rate sa vie – qu’on manque totalement de sagesse – quand on paie de sa personne pour les autres ? Ne trouvez-vous pas magnifique l’engagement de l’époux, ou du parent, ou de l’enfant qui dit « Je ferai tout pour toi quoi qu’il m’en coûte » ? Inversement, pensez-vous qu’un homme aimerait vraiment sa femme, et donc réussirait sa vie, s’il lui disait : « je t’aime à condition que ça ne me dérange pas trop » ?
               En fait, est-ce que la sagesse ne serait pas d’aimer sans mesure, sans limite ? Est-ce que la sagesse du Dieu d’amour ne trouve pas son expression parfaite sur la croix ? Est-ce que la croix n’est pas la révélation totale de l’amour de Dieu ? Certes, Dieu dit son amour en créant les beautés, en donnant à chacun ses talents, en libérant son peuple… mais le sommet de la Révélation de l’amour, c’est la décision du Fils de Dieu de mourir pour ses frères.
               Une dame me disait qu’elle aimerait que les croix ne portent pas la représentation du corps de Jésus, puisqu’il est ressuscité. Certes, le Christ est ressuscité ; mais si nous ne voyions plus le corps torturé, nous courrions le risque de n’avoir plus sous les yeux le témoignage de l’amour sans limite. Il n’y a pas de dimanche de Pâques sans Vendredi saint, pas de Jésus ressuscité sans Jésus crucifié.          Nous ne regardons pas la croix parce que nous avons le goût du morbide ; nous la regardons parce que nous sommes attirés par cet amour infini, renversant. Dieu est amour.
               Alors, toute l’année, mais spécialement en ces mois d’épidémie, bien des gens mettent au centre de leur vie la générosité, le bénévolat, la solidarité… et parfois au risque de contracter la maladie. Mes yeux de chrétiens me font voir en ces personnes l’image du Christ qui paie de sa personne pour les autres. Toute l’année, mais spécialement en ces mois, des gens quittent leurs estrades pour se faire serviteurs des autres : ils me font penser à Jésus qui n’a pas revendiqué sa condition divine et qui s’est abaissé pour servir l’humanité en lui offrant le plus grand amour(Philippiens 2,8) Ces personnes perçoivent bien que la croix – le don de soi – c’est la base d’une morale véritable.


Le procès de Jésus         
Les évangiles racontent que le procès de Jésus s’est tenu chez le Grand Prêtre et chez Pilate le gouverneur. Actuellement, il se tient dans cœur de chacun. Une part de nous-mêmes est attiré par Jésus qui avait dit : « Elevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jean 12,32) ; grâce à cet attrait, nous avons envie de construire notre vie avec Jésus comme pierre angulaire. Mais une part de nous-mêmes regimbe : « être fidèle absolument, c’est trop difficile ; pardonner, c’est passer pour un faible ; me mettre au service d’une association, c’est trop contraignant… ». Bref, l’envie persiste de construire notre vie sans Jésus… Si nous cédons à cette envie, nous sommes complices de ceux qui souhaitaient ne plus entendre la voix de Jésus et criaient « à mort ! »… et du même coup, nous ne faisons pas exister dans notre présent la seule réalité qui sauve la société : l’amour.
               Remarquez que, même si nous tombons dans cet échec, le Christ nous aimera, et, tel le bon berger qui cherche ses brebis égarées, il viendra nous rechercher, même s’il risque les épines et les clous. Son amour est sans limite.
 

Jeudi Saint

Nous allons vivre la semaine sainte sans rassemblement dans les églises. Comment ne pas voir les liens entre la semaine sainte et le contexte actuel d’épidémie, entre ce que nous affirmons à l’église et ce qui fait notre vie quotidienne ? Plus précisément, la semaine sainte annonce le salut, une nouvelle manière de vivre, une résurrection ; mais comment cela se traduirait-il dans le concret ?

Après ?                Invité à faire le carême, je pense que la coïncidence entre carême et confinement invite à réfléchir. On vit le carême en pensant « après, ce sera mieux, ce sera la résurrection » et, ayant constaté que le péché ne conduit pas à la joie, on est disposé à changer quelque chose ; et le pire, au terme du carême, serait que nous n’ayons rien changé. Simultanément, bien des personnes parlent de l’épidémie dans les mêmes termes : « Après l’épidémie, plus rien ne sera comme avant » ! Je laisse aux spécialistes le soin d’identifier ce qu’il faudrait changer pour mettre fin aux anomalies révélées par la crise du virus ; mais, s’il y a des anomalies, le pire serait que rien ne change.



Réajuster les priorités   
Toute la semaine sainte – et donc le Jeudi Saint – oriente vers Pâques, ce jour à partir duquel rien n’est plus comme avant. Le changement est formulé ainsi par le psaume 117 (c’est le psaume de la messe du dimanche de Pâques) : « La pierre rejetée des bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ». Ce jeudi, sachant bien que son appel à la conversion avait rencontré une forte opposition, Jésus faisait son repas d’adieu ; l’heure venait où il serait rejeté, condamné parce qu’il était dérangeant… Mais la mort n’est pas la fin, puisqu’il dit qu’il y aura un « après » : « Ce fruit de la vigne, je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père ».


               Jusqu’au Jeudi saint, aucun maître ne se mettait pas aux pieds de ses disciples. Jusque là, on n’avait pas énoncé le commandement de laver les pieds des autres, de les servir le plus humblement. C’était même des réalités qu’on rejetait comme inaptes à faire des hommes dignes et à faire une société unie. Or voilà que c’est devenu une priorité pour le Maître de se mettre à genoux devant les hommes ; une priorité pour les disciples de se mettre à genoux devant les humains. Une priorité, une pierre d’angle.
               Vivre en chrétien, croire à Pâques (à un au-delà de la passion et de la mort) c’est aussi réfléchir à un « après l’épidémie ». Jusque là, on avait rejeté un certain nombre de revendications, alléguant qu’elles seraient dérangeantes pour la marche économique, donc impossibles… ; on avait dit que les experts à écouter étaient les économistes ; le trésor, c’était la tirelire. Et voilà que le trésor est devenu la santé, les experts à écouter prioritairement sont devenus les médecins, et les dépenses jugées jusque là impossibles sont désormais indiscutablement impératives. Ce qui était jugé non prioritaire est apparu primordial… et possible !
               Si seulement, après l’épidémie, nous pouvions, au nom de Pâques, bousculer notre échelle de valeurs et faire que ce que nous rejetions devienne « la pierre d’angle » d’une vie nouvelle ! Est-ce qu’on donnera la priorité au bien commun sur nos revendications ? Est-ce qu’on cherchera l’unité plutôt que prôner le chacun pour soi triomphant ? Est-ce qu’on aimera la vie plus que le profit ? Si oui, ce serait une résurrection pour tous, un « après la mort », Pâques.
               Déjà des personnes travaillent en première ligne auprès des malades ; et d’autres s’activent à faire fonctionner les établissements indispensables (boulangers, pharmaciens, éboueurs, gardiennes d’enfants, chauffeurs de bus, etc…) ; et parce qu’il est évident que la vérité est dans le service, des volontaires s’adjoignent… « L’après épidémie » porterait le sceau de Pâques si l’on poursuivait tous dans ce sens.



Le jeudi saint /Manger ensemble  
  Ce jeudi saint, nous ferons mémoire du dernier repas de Jésus… le dernier d’une longue liste, car les évangiles le campent souvent en train de manger avec ceux qu’il aime. Le repas, c’est le signe de cette proximité à laquelle Jésus tient tant, lui qui s’appelle ‘Dieu avec nous, Emmanuel’. Il dit aux disciples : « J’ai ardemment désiré manger avec vous ». La proximité aide à parcourir le chemin vers Pâques.
               Jusqu’aux jours de l’épidémie, les liens familiaux étaient parfois distendus. Par souci du salaire, on ne consacrait que trop peu de temps à dialoguer en famille ; parce que l’un n’aurait pas manqué son sport, que l’autre tenait avant tout à ses divertissements, on vivait trop peu ensemble. Or, beaucoup sont restés près des leurs, avec ou sans télétravail ; invités à faire l’école à la maison, les parents ont vécu davantage à l’unisson avec les enfants. Même si le confinement s’est vécu parfois difficilement, il aura conduit beaucoup de familles à réapprendre les liens élémentaires.
               Mais après ce temps de rapprochement, nous éloignerons-nous de nouveau ? Ce serait un renouveau de Pâques si, après le confinement, ceux qui habitent sous le même toit décidaient de passer ensemble une soirée sur deux pour jouer, parler, consacrer du temps les uns des autres et aussi prendre des nouvelles de ceux qui sont loin. Ce rapprochement des membres des familles, n’est-ce pas une pierre d’angle à intégrer dans la construction de nos vies ? Après la crise, au nom de la nouveauté de Pâques, continuerons-nous d’intensifier les liens familiaux ?

Le jeudi saint / Le lavement des pieds 
Le service des autres n’a pas toujours bonne réputation ; on préfère bâtir sa vie sans cette pierre là : « Il profite de moi ! Il est dans la mouise, c’est son problème ! D’ailleurs, je n’ai pas le temps ». Sans doute, tout le monde ne raisonne pas ainsi ; mais l’individualisme fait que le dérangement pour les autres est « une pierre rejetée par bien des bâtisseurs » du monde actuel.
               Or, les infirmières et infirmiers sont applaudis : le grand public reconnait que le service des autres est « la pierre d’angle ». A leur manière, les soignants soignent leurs frères, humblement, patiemment, délicatement, professionnellement ; ils scrutent les besoins des malades, contrôlent leurs appareils, et n’hésitent pas à se faire proches. Belle image de Jésus qui lave les pieds, y compris de Judas et de Pierre.
               Puisque le lavement des pieds a été pour Jésus la clé qui ouvre vers un « après », le service des autres sera aussi pour la société la clé de son avenir. Après la crise, garderons-nous cette qualité humaine fondamentale ?



Le jeudi saint / Ceci est mon corps 
Les conversations sont toutes ponctuées par « Prenez soin de vous ». La peur de l’épidémie convainc tout le monde que le soin de soi coïncide avec le soin des autres, n’existe pas sans le soin des autres. Les hommes sont solidaires ; les économies sont interdépendantes ; ce qui affecte l’un affecte les autres. Peut-être, cette solidarité était-elle négligée comme une pierre jugée inapte à prendre place dans la construction. La crise la remet à la première place. On a l’évidence qu’aucune nation, aucune branche professionnelle, aucune personne ne peuvent prétendre s’en sortir seules.
               Jésus avait bien dit : « vous êtes tous frères ». Et, en tant que frère ainé, sa manière de prendre soin de sa vocation a été de prendre soin des autres. Il a donné sa vie pour tous. Le corps livré a ouvert un « après » caractérisé par une communion fraternelle décrite dans les Actes des Apôtres ; le tombeau a cessé d’être une prison, la prisé du chacun pour soi a été vaincue.
               Après l’épidémie, placerons-nous cette « pierre d’angle » qu’est le don de soi, le service des autres ? Entendrons-nous l’affirmation de Jésus selon laquelle celui qui pense aux autres est le seul en bonne santé ? Nous ferons-nous l’obligation de prendre soin des autres autant que de nous-mêmes ? « Ce que tu voudrais que les autres fassent pour toi, fais-le pour eux » (Matthieu 7,12)
               Après la crise, nous dérangerons-nous à l’appel des associations qui clameront « prenez soin des autres » ? Et écouterons-nous ceux qui plaideront pour que nous prenions soin de notre âme, et cherchions des nourritures spirituelles autant que des nourritures terrestres » ? Et prendrons-nous notre part de travail missionnaire pour proposer à notre entourage des nourritures spirituelles ?

Après ? Le chrétien ne se désintéresse pas du présent sous prétexte qu’il espère l’au-delà, « l’après ». Au contraire, il cherche à installer dans le présent ce qui permet un « après »… C’est ainsi que Jésus a fait.  

Fête des Rameaux
05 avril 2020

Puisqu’il n’y aura pas d’assemblée, je ne ferai pas d’homélie… mais je peux vous partager ce que je médite quand je relie les textes bibliques et la crise du corona virus.

Le confinement imposé par le gouvernement est justifié ; il oblige à vivre la proximité autrement qu’en se mettant côte à côte. Je dis « Autrement », car l’obligation de rester chez soi ne supprime pas la proximité que Jésus a voulu vivre avec les hommes (Jésus Ressuscité n’est pas confiné !) ; et cette obligation ne supprime pas non plus le devoir d’être proches les uns des autres qui est l’ADN de l’Eglise (Paul le dit, lui qui se fait juif avec les juifs, faible avec les faibles…” (1 Corinthiens 9,20-22).
               Seigneur, ton Esprit nous met en proximité et en communion avec tes actuels disciples, avec tes disciples d’autrefois que l’Eglise qualifie de saints… et avec tous ceux qui – quelle que soit leur croyance – sont malades, proches des malades ou en deuil, soignants, appliqués à faire fonctionner les services essentiels des pays. N’as-tu pas dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Seigneur tu nous unis.

Lisant l’évangile de l’entrée de Jésus à Jérusalem (Matthieu 21,1-11), mon esprit est attiré par le fait que, pour réaliser son projet, le Seigneur qui est puissant a besoin des deux disciples qu’il envoie chercher l’ânesse, et qu’il a besoin aussi de l’ânesse. « Le Seigneur en a besoin ». Entendons : le Seigneur a besoin de chacun, aujourd’hui.
               Seigneur, tu as besoin de la discipline de chacun ; et quand chacun t’obéit, tu exprimes ton amour. Tu exprimes ton amour en parlant au cœur des infirmiers et des médecins, en leur donnant le courage d’approcher le virus ennemi au risque d’en être infectés, en leur donnant l’audace de se fatiguer pour soigner. Tu nous appelles à regarder comme tes collaborateurs ceux qui agissent pour soigner les malades et protéger la population. Donne-nous la joie de consentir à être les collaborateurs de ton amour.

Lisant la passion selon saint Matthieu (Matthieu 26,14 – 27-66), je m’arrête sur la parole : « L’un de vous va me livrer – Serait-ce moi ? » Jésus dit que sa vie dépend de la décision d’un de ses disciples ; il a voulu être lié aux hommes au point d’être dépendant d’eux. La solidarité entre les hommes fait qu’on ne peut pas dire « chacun pour soi ». Moi, je peux compromettre la réputation de Jésus… et je peux apporter du mal aux autres… délibérément ou même sans le vouloir.
               Tu le sais, nous ne sommes que poussière. Tu le sais, je fais le mal que je ne voudrais pas, et je ne fais pas le bien que je voudrais. Sans doute, je t’ai trahi mille fois. Sois miséricordieux envers ceux qui font le mal.

Je m’arrête aussi sur la Cène (Matthieu 26,17-29) : Le pain «Prenez… mon corps » ; le vin « buvez… mon sang ». Le but de la vie de Jésus, c’est d’aider les autres à vivre, en se donnant. Exactement le contraire du « chacun pour soi » ! Une vraie société n’est pas la juxtaposition de gens qui profitent des services publics et qui réclament leurs droits ; une vraie société se fonde sur un ‘commun’ qui réunit et qui fait que chacun a des devoirs envers les autres. Vivre pour d’autres, c’est le projet de toute personne qui aime (le conjoint, le parent, le bénévole…). Alors que certains accentuent le ‘chacun pour soi’, d’autres cultivent la solidarité.
               Merci pour celles et ceux qui se donnent avec leurs compétences, leur fatigue, leur patience… pour endiguer le mal actuel. Ces gens font comme toi, Jésus ; tu consacres leur œuvre, tu en fais une réalité sacrée.

L’évangile raconte le discours prétentieux de Pierre « Même si je dois mourir, je ne te renierai pas » (Matthieu 26,33-35). Pierre se croit très fort… notre société se croyait très forte. Or la contagion est propre à faire tomber les prétentions d’une humanité qui se croit à l’abri grâce à sa technique… et qui constate qu’un minuscule virus met à l’arrêt et dans l’angoisse les familles, les entreprises, les marchés, les échanges…
               Si je ne m’appuie que sur moi, je vais être renversé par l’infidélité, la peur, la tiédeur…
Seigneur, c’est en toi que je prends appui. Tu déploies ta puissance dans ma faiblesse.

Mon attention s’arrête sur le moment de l’arrestation (Matthieu 26,47-56) qui se conclut ainsi : « Tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent ». Quand il s’agissait de prendre la défense de Jésus accusé, les disciples se dérobent ; quand il s’agissait de donner des moyens à ce service public qu’est l’hôpital, on avançait qu’il y avait d’autres priorités que celle du bien commun ; on se dérobait. Mais quand il s’agit de sauver sa peau, comme en ce moment de crise, bien des gens redécouvrent l’importance du bien commun, du service public. Et bien des gens qui ne priaient guère se mettent à redoubler de prière envers le Dieu que la Bible qualifie de « rocher, citadelle ».
               Comme le prodigue qui a tout perdu, nous avouons que nous n’avons que toi pour rendre aux hommes le sens de leur solidarité, le goût de l’entraide, le respect de la création…

« Barabbas ou Jésus ? » (Matthieu 27,11-26) Le choix est à faire en permanence. Les soignants ont choisi de faire comme Jésus : ce faisant, ils sont l’honneur de la population. Mais combien de fois nous choisissons Barabbas parce que nous trouvons que Jésus est gênant, quand il demande de renoncer à soi, de prendre sa part de dérangement pour le bien commun…  !
               Jésus, nous ne te choisissons pas toujours. Mais toi, tu nous choisis. Ce n’est pas nous qui t’avons choisi ; c’est toi qui as choisis de nous aimer… même si nous te blessons

 L’inscription placée sur la croix (Matthieu 27,37) exprime peut-être le mépris que Pilate a pour les Juifs : votre roi meurt comme un brigand ! Mais si Jésus est roi, il l’est bien davantage que les puissants de la terre. Les puissants, leur couronne peut tomber par un coup d’état : mais la couronne de Jésus c’est sa décision d’aimer quoi qu’il en coûte … peu de gens peuvent prétendre tenir une telle décision. Les puissants, leur supériorité est contestée par leurs inférieurs ; mais la supériorité de Jésus consiste à se faire serviteur, à prendre la dernière place… et personne ne lui conteste cette place.
               Jésus tu es roi ! Tu t’es mis à la hauteur du plus petit, pour l’élever. Tu trouves ta joie à servir et non pas à être servi. Tu pratiques une justice qui consiste à faire du coupable un homme libéré. Aujourd’hui, dans notre crise, que ton règne vienne, par l’action de tous ceux qui se mettent à l’écoute des souffrants et la disponibilité de tous ceux qui servent dans les hôpitaux et les services de la population.

La réflexion « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même » procède d’une philosophie du chacun pour soi ». La crise planétaire met en évidence que, s’il y a une issue, c’est pour tous ou pour personne. L’interdépendance concerne tous les domaines : le sanitaire, l’alimentaire, l’industrie, la pensée, le commerce, le tourisme, … la prière.
               Seigneur, notre Père à tous, tu as voulu que nous soyons liés par une belle solidarité fraternelle. Ton Fils Jésus a été solidaire de l’humanité jusqu’à partager ses souffrances. Fais qu’au sortir de la crise, nous ne retombions pas dans le chacun pour soi.

Enfin la profession de foi du centurion (Matthieu 27,54) retient mon attention : « Vraiment celui-ci était Fils de Dieu ». Le centurion avait fait ce pour quoi il était payé… Mais il a trouvé autre chose que son salaire : il a été mis en face de celui qui est tout amour, qui n’a pas injurié quand on lui clouait les membres comme l’auraient fait tous les autres crucifiés, qui en ne répondant pas au mal par la violence, a dominé le mal. Il est le sauveur.

Je le dis moi aussi : Vraiment, tu es le Fils de Dieu.
Merci pour ceux qui m’ont appris à dire : vraiment tu es le Fils de Dieu
Merci pour ceux qui, aujourd’hui, préfèrent renoncer à leur tranquillité, et même à leur santé … plutôt que d’abandonner ceux qui sont dans la peine.               
 

5ème dimanche de Carême
29 mars 2020

Avant la 1ère lecture
            Il y a des personnes qui sont déçues que la Bible n’exprime pas clairement des vérités. Or la foi n’entre pas dans le cœur par énonciation de vérités, mais par Annonciation. Ce mot me vient parce que la fête de jeudi était celle de l’Annonciation que l’ange a faite à Marie ; et où beaucoup ont voulu faire une annonciation aux soignants, non pas en énonçant des vérités, mais en posant une bougie à leur fenêtre : une lumière qui s’offre, c’est une annonciation.
Ecoutons : Dieu qui a le pouvoir de faire vivre les morts veut nous gratifier d’une annonciation, d’une lumière ; puissions-nous ouvrir notre cœur comme Marie l’a ouvert lors de son annonciation !

Avant la 2ème lecture
            L’annonciation de la 1ère lecture comportait la promesse d’ouvrir les tombeaux ; elle se poursuit en révélant la présence en nous de l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. Il faut bien avouer que nous oublions la présence en nous de l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts.

Après l’évangile

            Dimanche dernier, Saint Jean rapportait qu’à propos de l’aveugle, on s’interrogeait ainsi : « est-il aveugle parce qu’il a péché ? ». Ce dimanche, à propos de la mort de Lazare, saint Jean ne rapporte pas qu’on a demandé si Lazare était mort parce qu’il avait péché. Mais dans les deux cas, la gloire de Dieu s’est manifestée ; l’aveugle et les sœurs de Lazare ont déclaré qu’en la personne de Jésus, Dieu leur avait fait une heureuse annonciation.

            Actuellement, la maladie et la mort frappent. Sûrement personne ne demande si les victimes ont péché ; mais il est probable que des gens disent que l’arrivée du virus est une punition de Dieu. Or, comment peut-on penser que Dieu qui « couronne ses enfants d’amour et de tendresse pourrait envoyer un fléau sur ses mêmes enfants ? Une seule fois Dieu a imaginé qu’un homme mourrait ; il pensait à son Fils Unique bien aimé qui mourrait pour montrer que son amour n’avait pas de limite. Et du même coup, en entrant dans la mort, Jésus fait comprendre que Dieu est aux côtés de ceux qui souffrent aujourd’hui, comme il était aux côtés de Marthe et de Marie ; proche, immergé dans les inquiétudes des gens ; il pleure auprès de la tombe de Lazare… il pleure aujourd’hui.

            Le Seigneur est aux côtés de l’humanité. Sa présence est à trouver dans les drames… j’ai bien dit « dans les drames » et pas « grâce aux drames » car je ne dis pas que les drames ont un rôle positif. Je veux dire que dans le drame actuel, les hommes peuvent reprendre conscience de beaucoup de choses qui sont liés à la présence du Christ.

            Souvent guidés par un fort « chacun pour soi », les gens ré-apprennent qu’ils sont les membres d’un seul corps, interdépendants dans le danger à cause de la circulation des personnes, interdépendants dans l’issue grâce à la recherche médicale, dépendants les uns des autres dans la lutte contre la propagation… Les individualistes apprennent que le sauve qui peut, chacun pour soi, est impossible : tout étant lié (la santé, le commerce, l’industrie,…) ou bien on est tous ruinés, ou bien on est tous guéris. Cette conscience de la solidarité est un signe de la présence du Christ.

            Les gens habitués à ne voir que les zones sombres ont désormais sous les yeux l’engagement des soignants qui prennent des risques… c’est la lumière de la charité (l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en eux – selon l’expression de la 2ème lecture) ! Ceux qui reprochent aux portables d’isoler les gens, en font grand usage pour ne laisser personne dans la solitude… c’est la lumière de la charité. Les prétentieux qui pensent que l’homme est plus fort que tout, sont ramenés à l’humilité (« souviens-toi que tu es poussière »)… Et peut-être que ceux qui étaient polarisés par le projet de mettre la médecine au service du confort s’aperçoivent qu’elle a une vocation plus essentielle.

Bref, le Christ vient nous visiter en suscitant charité et vérité.
 

            A Lazare qui était dans la tombe, Jésus a fait une annonciation « Lazare, viens hors de la tombe ». A Marthe et Marie qui étaient effondrées, Jésus a fait une annonciation « crois-tu ? ». Il nous fait encore une annonciation : Je suis avec vous tous les jours ; venez hors du découragement. Plus encore, l’annonciation est assortie d’une vocation. En effet, Jésus qui a fait lever Lazare aurait pu lui ôter ses bandelettes ; or il charge les gens de le faire. Pareillement, il charge chacun aujourd’hui d’aider son entourage. Puissions-nous savoir que dans ce contexte nous avons une vocation, un rôle à tenir envers ceux que nous connaissons.

            Saint Jean conclut son récit par cette parole « Beaucoup de Juifs crurent en lui » ; puissions-nous faire de même.

4ème dimanche de Carême
22 mars 2020

Avant la 1ère lecture  
Nous utilisons souvent des expressions comme « je n’y vois pas clair, je ne vois pas ce que je dois faire » ; autrement dit, nous avouons que, même si nous n’avons pas besoin de consulter un ophtalmo, nous sommes malvoyants, pour ne pas dire aveugles. Ce qui trompe notre vue, ce sont les apparences ; par exemple, nous peinons à voir que, derrière des apparences de faiblesse, telle personne a un grand cœur… et nous nous regardons avec trop de bienveillance tandis que nous regardons les autres sans bienveillance… Même le prophète Samuel a du apprendre qu’il n’avait pas la clairvoyance de Dieu. C’était le jour où Samuel devait découvrir qui serait le nouveau roi. Vous noterez aussi que le roi reçoit une onction d’huile, et que l’on donne cette onction aux baptisés.

Avant la 2ème lecture 
Nous parlions des apparences qui nous aveuglent. Mais notre péché aussi nous aveugle ; la jalousie, la paresse, la colère… faussent notre jugement. Ce qui nous rend la lumière et nous permet de voir les personnes avec les yeux de Dieu, c’est la foi du baptême, la foi au Christ ; car le Christ met de la lumière dans le regard, dans l’intention, dans le jugement… Pensons à notre baptême : nous étions ténèbres ; et comme dit le chant, le baptême nous fait cette invitation « vivons en enfants de lumière »

Après l’évangile      
Nous avons parlé de nos aveuglements. Quelle boue avons-nous sur les yeux pour ne pas voir que notre matérialisme n’apporte pas la joie ? Quelle boue avons-nous sur les yeux pour ne pas voir que la personne qui nous dérange est aimée du Christ autant que nous ? Quelle boue avons-nous sur les yeux pour faire subir à Jésus, le plus grand bienfaiteur, le châtiment des plus grands malfaiteurs ? Quel aveuglement que celui qui conduit à condamner le Juste ?
            Le savoir-faire des ophtalmos fait voir les couleurs et les volumes, mais ne fait pas voir que Dieu nous aime fidèlement, que les autres sont des frères à aimer, qu’il ne peut y avoir de paix que si nous pratiquons le don de soi, qu’il est anormal que certains possèdent et gaspillent pendant que d’autres n’ont rien, que nous allons laisser à nos enfants une planète empoisonnée… La liste de nos aveuglements est sans fin. C’est le Christ qui fait que nous nous apercevons que nous avons une poutre dans l’œil, que nous sommes aveugles : il nous aider à faire la vérité en nous.
            Ajoutons que c’est en mourant pour nous, pécheurs, que le Christ nous ouvre les yeux. Parce que Jésus consent à être crucifié, nous voyons avec netteté que Dieu nous poursuit de son amour ; parce que le Fils de Dieu souffre les mêmes angoisses que tout le monde, nous voyons que Dieu ne renonce pas à être paternel même si les hommes sont décevants ou offensants ; parce que le Christ a donné sa vie pour la multitude, nous voyons nettement que nos « ennemis » sont aimés de Dieu autant que nous.
            En ce carême, et malgré les contraintes qu’impose la lutte contre le virus, puissions-nous voir que Dieu donne à chacun grâce après grâce… Nous pensons avec joie à toutes les personnes qui se préparent au baptême, parce qu’elles voient les signes de la présence de Dieu
Nous pouvons dire avec elles : «  fais-nous voir, Seigneur ton amour … Fais-nous voir de quel amour tu nous poursuis … Fais-nous voir que tu es vivant.
 

3ème dimanche de carême
15 mars 2020

Avant la 1ère lecture
Le Carême ? Excusez-moi si, en ces mois où il pleut, je pointe que la terre a besoin d’eau et que les hommes ont besoin d’eau. Oui, ne faites pas une fixation sur le temps pluvieux. Pensez plutôt au climat trop sec et trop chaud de l’été dernier… et aux recommandations qu’on nous a faites de boire de l’eau. La Bible raconte comment étant sortis d’Egypte, et ayant reçu la liberté en cadeau, les compagnons de Moïse ont eu soif dans le désert et comment Dieu leur a donné de l’eau à boire. En fait, ils avaient soif surtout de vérifier que Dieu était bien avec eux, même dans l’épreuve. Je crois bien qu’entre beaucoup de soifs, nous avons soif que Dieu nous donne des signes de sa présence.

Avant la 2ème lecture
Nous avons soif de vérifier que Dieu est toujours avec nous dans les épreuves ; en fait, ce qui fait un homme c’est le désir impérieux, la soif d’être aimé. Ecoutons saint Paul : il médite sur ce que représente la croix. Recueillerons sa méditation ; découvrons peut-être qu’en nous aimant jusqu’à mourir pour nous, le Christ répond à notre soif profonde.

Après l’évangile.
Nous avons parlé de nos soifs d’être compris, d’être valorisés, d’être libérés, d’être aimés d’un amour définitif, d’être pardonnés, de vivre en paix… La femme que Jésus a rencontrée dans la région de Samarie avait soif de tout cela . Or l’histoire commence par la parole où Jésus dit « j’ai soif, donne-moi à boire ». 
            De quoi Jésus a-t-il soif ? Il désire fondamentalement que nous ayons la vie en abondance, c’est à dire que nous apaisions nos soifs – nos désirs – non plus en nous accordant des plaisirs passagers, mais en connaissant Dieu, en ayant part à la gloire – à l’amour – de Dieu. 
            Alors, Jésus attendait la femme pour qu’elle connaisse le don de Dieu ; aujourd’hui il vous attend, vous, les enfants, vous qui vous préparez au baptême, vous qui vous préparez à communier… ; il vous attend pour apaiser votre soif. Et nous, nous aimons vous parler de Jésus au catéchisme parce que nous savons que quand vous grandirez, vous aurez peut-être de l’argent, mais votre soif d’être aimés ne sera pas étanchée par l’argent ; vous aurez peut-être des métiers éminents, mais votre soif d’être pardonnés ne sera pas étanchée par un gros salaire ; vous serez peut-être très diplômés, mais ça n’empêchera pas que vous soyez incompris… Alors nous vous parlons de Jésus parce que lui, il comprend les gens, il leur donne le pardon, il les valorise, il les aime. C’est lui qui répond à la soif des hommes.
            Vous ………………                     qui demandez à être baptisés, vous qui vous préparez à communier, écoutez Jésus qui vous dit  « donne-moi à boire » ; et donnez-lui votre foi, votre confiance, votre certitude qu’il est toujours avez vous.
            Parmi ceux qui demandent le baptême, il y a avec nous T….. . Elle a assez vécu pour savoir qu’il y a en elle des zones arides, desséchées, stériles… C’est notre cas à tous, car nous avons parfois un cœur dur, intransigeant, un cœur sans espérance et sans confiance, un cœur fait pour aimer mais stérilisé par le matérialisme… T…… approchez-vous. Nous allons prier pour vous, comme pour les 16 adultes qui seront baptisés à Pâques, afin que le Christ entre dans nos zones arides et qu’il y fasse couler l’eau vive du baptême
            (Suivent les prières du 1er scrutin)


 

2ème dimanche de carême
08 mars 2020

Après la 1ère lecture  
Nous parcourons le chemin du Carême, le chemin de Pâques. En fait, toute notre vie est un chemin vers notre Terre Promise, la vie avec Dieu. Si la vie de foi est un chemin, il n’est pas étonnant qu’Abraham, notre père dans la foi, soit un nomade : il se déplace et physiquement et mentalement. La foi suppose qu’on se déplace mentalement ; y consentons–nous comme Abraham ? Notez aussi que, parce qu’il se déplace, Abraham pourra engendrer une famille ; de même, si Dieu nous demande de nous arracher à nos principes, et à nos habitudes, ce sera pour un heureux événement, c’est pour produire de la vie, et plus précisément, pour mettre au monde la présence de Jésus et la rendre manifeste … nous l’avons dit tout au long de l’Avent dernier. Notez enfin qu’Abraham se déplace parce qu’il fait confiance à la Parole de Dieu ; sur notre chemin de foi, faisons-nous confiance à la Parole de Dieu … à cette Parole selon laquelle l’amour du Seigneur est sur nous ?

Après la 2ème lecture.
Frères et sœurs, saint Paul affirme que « Dieu nous a donné une vocation sainte ». Nous sommes appelés à reconnaître que l’amour de Dieu est présent dans le monde. Dieu nous dit « regardez, je suis là, avec vous ». Notre vocation, c’est de prendre appui sur Dieu qui nous conduit et de parvenir à Pâques. Avec ceux qui se réjouissent d’avoir cette vocation, nous acclamons le Christ.

Après l’évangile.
Nous avons une vocation sainte : non seulement voir les effets de la présence de Dieu, mais voir même le visage de Dieu ! Sans doute, Pierre, Jacques et Jean avaient prié cent fois le psaume 42 « Dieu, quand te verrai-je face à face ? » Eh bien au jour de la transfiguration, ils ont vu que leur ami qui portait la plus grande attention à chacun, qui nourrissait les foules, guérissait les malades et tendait la main aux exclus… est vraiment Dieu. Ils ont vu qu’un corps humain qui n’agit que par amour est resplendissant de la beauté de Dieu. Notre vocation c’est de voir aussi la beauté de Dieu, la beauté du Christ, en toute personne qui agit par amour.
            Tant que Jésus faisait des guérisons, se faisait obéir par les démons et par la mer, les disciples étaient assez facilement portés à professer que la gloire de Dieu demeurait en lui (nous mêmes, nous pensons facilement que Dieu est partout où ça réussit). Mais Jésus était visé par les complots visant à le tuer ; les disciples entendaient leur maître annoncer qu’il souffrirait et qu’il mourrait (quand il y a souffrance et échec, personne ne pense que Dieu est présent ; quand il y a souffrance et échec, on dit que Dieu nous abandonne). Eh bien, Jésus a voulu montrer que c’est justement quand il donne sa vie dans les tortures que la gloire de Dieu est au maximum. C’est pour nous apprendre à voir l’amour qui transfigure dans un homme qui risque d’être défiguré parce qu’il aime, que Jésus a été transfiguré. Apprenons que l’amour d’une personne est vrai quand cette personne vit son amour quoi qu’il lui en coûte.
            Frères et sœurs, vous avez de l’amour dans le cœur. Quand vous donnez votre amour à quelqu’un, vous vous exposez à être affectés par tout ce qui fait souffrir la personne que vous aimez ; vous consentez même à être blessés par les maladresses de la personne que vous aimez. C’est quand vous continuez d’aimer alors que vous êtes blessé, que vous êtes au top de l’amour.Quand on souffre pour celui qu’on aime, l’amour est réel, la gloire est là. Donc la gloire de Dieu est révélée au mieux quand Jésus est défiguré. On comprend que Jésus soit transfiguré peu de jours avant d’être défiguré. Dieu n’est pas partout sauf où l’on échoue, il est aussi là où l’on meurt par amour.
            L’amour, la gloire, est au maximum chez ces parents qui s’usent la santé pour un enfant handicapé ; l’amour et la gloire sont au maximum chez cet époux et cette épouse qui vont tous jours passer des heures au chevet de leur conjoint hospitalisé resplendissent du plus bel amour, parce qu’ils disent à leur conjoint ce que Jésus nous dit sur la croix : « tu m’es tellement précieux que je ne t’abandonnerai pas quoi que j’aie à endurer » ; l’amour et la gloire sont au maximum chez ces éducateurs qui ne comptent pas leurs heures pour tirer quelqu’un d’affaire… Dieu-amour est vraiment partout, pas seulement là où ça réussit, où c’est facile, mais aussi là où c’est difficile, là où l’on souffre par amour.
            Le carême nous exhorte à être ainsi transfigurés par la décision d’aimer quoi qu’il en coûte. Je crois que les personnes qui prennent cette décision sont si nombreuses que le monde est vraiment rempli de la gloire de Dieu (comme on chante dans l’acclamation saint le Seigneur). Ayons beaucoup d’ambition : rêvons de gloire ! rêvons de faire honneur à l’humanité en donnant notre vie comme Jésus, en disant sur nous-mêmes « mon corps livré pour vous ».

1er dimanche de carême
1er mars 2020

Avant la 1ère lecture   C’est quoi la condition humaine ? qu’est-ce qui est chez l’homme depuis qu’il y a des hommes ? Dès ses 1ères pages, la Bible constate que l’homme est tenté, que son cœur est le lieu d’un combat. Pour en parler la Bible écrit un récit, un récit qui n’est pas un compte rendu historique ou scientifique, mais qui dit ce qui se passe en nous à tout moment.

Après la 1ère lecture Vous avez entendu : il s’agit de ce que fait Adam, mot qui veut dire homme, et de ce que fait Eve, mot qui signifie « la vivante ». Le récit dit donc ce que je fais, ce que vous faites. Que faisons-nous ? Comme Adam, comme tout homme, nous écoutons la voix de Dieu mais aussi une autre voix… qui suggère de décider nous-mêmes de ce qui est bien et de ce qui est mal, sans nous référer à Dieu… Quand la voix du Père dit « ce qui est bien c’est que tu accueilles les autres comme des frères », une autre voix me dit : « les autres te gâchent ta vie, ne t’occupe pas d’eux » ; j’entends cette voix et me croyant plus sage que Dieu, je dis « Dieu a tort, il ne veut pas mon bien » (c’est ça le péché). La voix du Père dit « tu es heureux si tu pardonnes » ; mais l’orgueil me dit en boucle « ne te laisse pas marcher sur les pieds, fais valoir ton bon droit » ; j’entends cette voix et me croyant plus sage que Dieu, je dis « Dieu a tort, il ne veut pas mon bien » (c’est ça le péché). Depuis qu’il y a des hommes, ils sont pollués par un esprit qui les convainc que Dieu n’est pas paternel et ne veut pas leur bien. Tous nos péchés commencent par ce moment où nous laissons s’installer en nous l’idée que Dieu ne veut pas notre bien et l’idée que nous sommes assez grands pour savoir ce que nous avons à faire. De même qu’on promeut l’écologie pour prendre soin de la planète, de même l’évangile présente une écologie pour prendre soin de notre liberté, pour nous empêcher d’obéir à n’importe quoi, d’être prisonniers de l’esprit du mal

Après l’évangile

Le 1er récit disait qu’Adam, tout homme, est pollué par la prétention de savoir mieux que le Père ce qui est bien et ce qui est mal. Dans l’évangile, Jésus est révélé pur de cette pollution, lui qui se réfère exclusivement à la Parole du Père, parce qu’il pense que le Père est le seul à savoir ce qui est bien et mal. En ces deux récits sont décrites les manières dont Adam et Jésus affrontent le Tentateur. Pendant ce carême, il nous revient d’écrire un 3ème récit racontant comment nous affrontons le tentateur. Nous aurons, comme Jésus, la tentation de l’abondance (non pas changer les pierres en pain, mais penser qu’on vit seulement de nourritures terrestres) ; nous aurons comme Jésus la tentation de l’apparence (non pas nous jeter du haut d’un mur, mais tout faire pour que les autres aient une bonne opinion de nous, et même nous faire applaudir) ; la tentation de la puissance (non pas dominer la terre, mais diriger, avoir raison, en famille, avec les voisins et les collègues) Notre société cède à ces tentations… et on voit ce que ça donne : des gens enlisés dans le matérialisme, ne se souciant que du compte en banque, chacun n’ayant aucun scrupule de prendre les autres en otages. Il serait bien que notre carême nous fasse préférer le partage à l’abondance, la modestie à l’orgueilleux souci d’épater, le service à la puissance. Le carême est une démarche pour une écologie de l’homme
            Une jeune femme a jugé que ce chemin de Jésus est le bon chemin, c’est pourquoi elle s’est préparée au baptême que nous célébrerons ici à la Veillée pascale. Elle fait partie des 16 adultes qui seront appelés au baptême par l’évêque ce dimanche soir à la cathédrale. Voulez-vous que nous occupions notre carême à nous souvenir de notre baptême ? Et à pratiquer une écologie de notre vie spirituelle.
            Le carême est fait pour changer d’air. L’air du chacun pour soi, du matérialisme, de l’infidélité…nous l’avons déclaré pollué ; puissions-nous laisser entrer l’air frais de Jésus, de l’attention au frère. Puissions-nous renaître, partir sur des bases nouvelles, avoir d’autres références que le jugement des autres et la seule perspective du virement de la retraite !

            Qu’est-ce que Dieu fait pour l’homme ? Il fait qu’il soit comme Jésus, extrait de l’emprise de Satan. Rendons grâce car chaque fois que nous avons résisté à l’esprit du mal, cela nous a été donné par Dieu, cela a été un miracle

Mercredi des Cendres
26 février 2020

Accueil           Frères et sœurs, le carême est la route que nous allons suivre pendant 40 jours. Savez-vous pourquoi le mot « carême » suscite rarement l’enthousiasme ? Parce que nous oublions que le carême conduit vers Pâques. C’est cela que je veux rappeler au tout début du carême. Quand nous prenons notre voiture, nous réglons d’abord notre GPS sur la destination. Eh bien, la destination à laquelle le carême nous conduit, c’est la joie de Pâques. Parce qu’ils sont ordonnés à la joie de Pâques, qu’ils permettent la joie d’être libres et d’être réconciliés, les efforts dans le domaine de la prière, du partage, du jeûne… semblent justifiés et nécessaires. Et nous éprouverons la joie d’être renouvelés ; et surtout nous donnerons à Dieu ait la joie de voir revenir vers lui ses enfants prodigues.


Après la 1ère lecture
– Le Seigneur nous adresse cette prière : Revenez à moi de tout votre cœur ! Exaucerons-nous la prière que Dieu nous fait quand il dit : « Revenez à moi » ?
           Je reconnais que je me suis éloigné de toi, Père. Comme le prodigue, je veux revenir à toi.

– Revenez au Seigneur, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour, renonçant au châtiment ».
            Père, tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour… si je reviens vers toi, je serai recréé à ton image, miséricordieux, lent à la colère… Je serai semblable à Jésus !

– Fais vivre ton peuple ! Ainsi les païens ne diront pas que ça ne sert à rien de croire en toi.
            Convertis-nous, Seigneur ! Change notre cœur ! Que les païens reconnaissent ta sagesse

Psaume 50

Pitié pour moi, mon Dieu dans ton amour                Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
selon ta grand miséricorde, efface mon péché         renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit,
Lave-moi tout entier de ma faute                            Ne me chasse pas loin de ta face,
Purifie-moi de mon offense.                                    Ne me reprends pas ton esprit saint.

Oui, je connais mon péché                                        Rends-moi la joie d’être sauvé
Ma faute est toujours devant moi                              que l’esprit généreux me soutienne
Contre toi et toi seul, j’ai péché,                              Seigneur, ouvre mes lèvres
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.                        Et ma bouche annoncera ta louange.
 

Après la 2ème lecture
– L’Eglise est l’ambassadrice de Dieu. Elle nous dit : « Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Exaucerons-nous la prière que nous font tous les membres de l’Eglise ?  
  Tu nous guides par l’Eglise, Seigneur. Merci pour ces frères qui m’invitent à me convertir.

– L’Eglise, ambassadrice de Dieu, nous exhorte à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu ; elle insiste en disant que c’est maintenant le moment favorable, le temps du salut.
            Seigneur, tu m’as donné tant de bienfaits : ce carême est un bienfait de plus.
Donne-moi de ne pas le gâcher ! Donne-moi de ne pas négliger tes grâces !


– L’Eglise nous décrit ainsi la joie de Pâques : « nous devenons justes de la justice de Dieu » !
            Que ta justice et ta fidélité habitent en moi ! Que ta miséricorde habite en moi !
 

Après l’évangile

– Jésus dit : « Pour devenir des hommes, des justes, évitez de vous faire remarquer des hommes ».
            Seigneur mon Dieu, tu vois dans le secret de mon cœur ; tu sais bien que je t’aime.

– Jésus dit « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite »
            Seigneur, tu nous donnes des frères à aimer ; que je sois assez libre pour partager.

– Jésus dit : « Quand tu pries, retire-toi dans une pièce retirée, prie ton Père présent dans le secret »
            Père, les hommes qui s’appuient sur toi sont heureux ; avive en nous le goût de prier.

– Jésus dit que pour Dieu aime ceux qui cultivent la joie de vivre, comme des ressuscités : « Quand tu  jeûnes, ne prends pas un air abattu ni une mine défaite ; parfume-toi la tête »
            Père, que notre entourage remarque que notre seule joie est de t’avoir pour Père !

6ème dimanche du temps ordinaire
16 février 2020

– avant la 1ère lecture  
Constamment nous sommes devant des choix, comme à des carrefours ; Irai-je vers la rancune ou vers le pardon ? Irai-je vers le respect ou vers le mépris ? Vais-je soigner ma tranquillité ou me déranger pour les autres ? Dieu nous a faits libres ! et c’est à nous de choisir si nous voulons goûter la joie de l’amour, ou si nous préférons ce qui génère la tristesse, la guerre, la mort.
Après la 1ère lecture.
Merci à vous, parents, grands parents, éducateurs… qui, vous appuyant sur votre expérience, enseignez à choisir entre l’eau qui fait vivre ou le feu qui détruit, entre le partage qui fait sourire et le chacun pour soi qui fait pleurer. Merci à l’Eglise qui nous rappelle chaque dimanche, le chemin de la paix, de la joie…
 Après la 2ème lecture.
 Saint Paul vient de nous parler de sagesse. Ce que le monde appelle sagesse se réduit souvent à la bienséance. Or vous avez compris que, d’après saint Paul, la sagesse des disciples de Jésus préconise autre chose que le bon sens. Car, quand l’amour est au centre, le plus grand est le serviteur, la vraie joie est de tenir les autres comme plus importants que nous, le plus pauvre et le plus faible est comme la présence de Dieu… C’est la sagesse de l’amour. Remercions Dieu de nous la donner, en chantant :  Alléluia

Homélie :
            Frères et sœurs, c’est Jésus qui nous nous enseigne à propos de la Loi. Il a été un observateur fidèle de la Loi de Moïse, c’est à dire qu’il ne la disqualifie pas, mais il en donne une interprétation qui ne se cantonne pas à dire « ceci est permis, cela est défendu ». Par ailleurs, en disant « on vous a dit, moi je vous dis », il indique qu’il introduit du nouveau. Quelle est cette nouveauté ?
            Nous avons une compréhension minimale de toute loi, à plus forte raison de la loi de Dieu. En voyant comment Jésus agit, nous comprenons que la loi d’amour ne peut être réduite à la bienséance, à la politesse, au bon sens. Jésus est sûrement heureux de voir des gens honnêtes, polis ; il approuve la loi ancienne qui prescrivait de ne pas tuer, de ne pas briser un couple, de tenir ses promesses. Mais il ne m’applaudit pas si je lui dit « je n’ai pas tué, je n’ai pas volé », car même si je n’ai pas tué ni volé, même si je n’ai pas brisé un couple, même si je n’ai pas fraudé ni insulté, il est probable que je n’ai pas vraiment observé la loi d’amour ; en effet, je peux avoir eu des pensées vraiment meurtrières, des silences vraiment coupables, des omissions vraiment fratricides, des façons de juger blessantes et des regards foudroyants pires que des condamnations à mort.
            Evidemment Jésus, parole de Dieu, ne conteste pas la Parole de la Loi, mais il diagnostique qu’elle est interprétée de manière légaliste, formaliste. C’est pourquoi Jésus attire l’attention « on vous a dit la loi… vous pensez qu’elle s’applique seulement à ce qui apparaît à l’extérieur ; moi je vous dis que l’appel à vivre en fils de Dieu concerne aussi vos pensées secrètes et que vous n’obéissez pas à l’appel à aimer si vous faites seulement le minimum prévu par la sagesse humaine. Le propos sur le meurtre illustre la manière dont Jésus accomplit et perfectionne la loi : Il part de « tu ne tueras pas » ; il précise ensuite « attention tu peux être meurtrier seulement par des paroles ou des pensées insultantes, tu peux être meurtrier en brisant un couple » et il arrive à « tu aimeras ton ennemi ». Voyez comment Jésus accomplit la loi ; il lui donne tout son sens ; il montre qu’elle concerne même les pensées et il dit que la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure. On est ainsi loin de l’observance formaliste.
            Frères et sœurs, n’attendez pas que Jésus vous parle de pratiques de piété, de jeûnes ; ni qu’il dise « ceci est permis, ceci est défendu ». Ce n’est pas qu’il soit peu exigeant. Au contraire. Vous savez que votre amour exige forcément beaucoup de vous. Jésus qui a aimé les siens, les a aimés jusqu’au bout de l’amour, jusqu’à dire « mon corps livré pour vous ».

5ème dimanche du temps ordinaire
09 février 2020

Vous êtes « le sel et la lumière » dit Jésus. Cela nous étonne : comment être lumière , alors que nos conduites sont loin d’être brillantes ? Comment être le sel qui empêche la décomposition du monde, alors que nous sommes complices de bien des mépris qui décomposent la société ? Mais puisque Jésus dit que nous sommes lumière et sel, il faut le croire sur parole ! Alors que nous pouvons être fades, il dit « vous êtes le sel » ; alors que nous pouvons être sombres, il dit ‘vous êtes la lumière », alors que nous pouvons le renier, il dit « je vous choisis comme apôtres ». Dieu déborde de confiance !
            Vous êtes le sel, vous êtes la lumière. Jésus ne dit pas « je suis le sel et vous êtes la salière ; je suis la lumière et vous êtes le lampadaire, je suis le trésor et vous n’êtes que l’emballage ». Mais il dit « vous êtes le sel » parce que l’évangile de la charité vous rend capables d’ôter la fadeur de l’indifférence et de donner à la vie en société le goût de la fraternité ; « vous êtes la lumière » parce que l’Esprit de la charité vous a rendus capables d’indiquer à nos proches ce qui vaut la peine d’être vécu… Ceux qui ont en eux le sel de l’évangile (le sel de la pauvreté, de la confiance, de l’humilité, de la miséricorde, de la paix, de la justice…) ceux-là sauvent leur entourage de la fadeur la vie sociale, familiale, professionnelle et ecclésiale.. comme les cuisinières sauvent les plats de la fadeur avec un peu de sel. Ceux qui ont en eux la lumière de la fidélité, du pardon, de la justice, suggèrent un chemin droit et noble, comme les phares maintiennent les conducteurs sur la route
            Vous êtes le sel de la terre. Je sais que, moi, je peux perdre ma saveur, ma ferveur, ma douceur, ma fidélité. Si dès qu’une difficulté surgit, je tombe dans le découragement sans espérance, si je néglige la prière, si je quitte l’attitude filiale, si je me laisse gagner par le réflexe du chacun pour soi… je me dénature. Un baptisé dénaturé, c’est un cierge éteint, c’est un téléphone sans sa carte à puce, c’est un ordinateur sans mémoire… c’est un être vide. Maisheureux ceux qui ont assez de sel en eux pour semer des graines d’espérance dans un monde alarmiste, pour dire des paroles de paix là où sévit la violence, pour promouvoir la bienveillance là où règne la dérision.
            Prenons un instant pour dire merci à Dieu qui nous envoie constamment le saint Esprit pour donner à l’Eglise d’être sel et lumière.
            Mais Jésus parle à tout le groupe des disciples « vous êtes le sel et la lumière… En voyant ce que vous faites de bon, les gens rendront gloire à Dieu » ». Le baptisé n’est pas sel et lumière tout seul, mais avec sa communauté. Je fais donc un plaidoyer pour chacun s’adjoigne à une équipe : soit une équipe de visiteurs de malades (on appelle cela le Service évangélique des malades), soit une équipe liturgique, soit à l’équipe du secours catholique, soit à l’équipe des catéchistes, équipe de partage biblique, etc… Il faut être ensemble pour être sel de la terre et lumière. « On verra que vous êtes mes disciples si vous vous aimez, si vous n’êtes pas seuls ».
            Notre Eglise reçoit de sévères critiques ; parfois son sel perd sa saveur ; parfois sa luminosité ne saute pas aux yeux. Il n’empêche que, parce que le Saint Esprit est en elle, elle ne cesse pas d’engendrer des gens qui donnent à la société le bon goût de la justice, de l’espérance, de la fraternité… Rendons grâce à Dieu !
 

Présentation de Jésus au temple
02 février 2020

Frères et sœurs, lorsqu’un vous vous trouvez en présence d’un nouveau né, vous vous exclamez sans doute : « oh ! comme il est beau ! » et vous avez l’envie forte de le prendre dans les bras, de l’embrasser et de le bénir « grandis bien, que Dieu te garde ». Sous les traits du nouveau-né, c’est un peu de la lumière de Dieu qui entre dans votre cœur. Autrement dit, l’enfant fait jaillir l’action de grâce. D’ailleurs les évangiles rapportent l’action de grâce de Zacharie quand Jean Baptiste est né, l’action de grâce de Marie – le Magnificat – quand commence sa grossesse, et aujourd’hui l’action de grâce de Syméon et d’Anne
            Ce jour là, à Jérusalem, deux vieillards – à l’époque l’espérance de vie est d’environ 40 ans ! mais Anne a 84 ans – deux vieillards affirment qu’avec l’enfant Jésus, c’est la jeunesse de Dieu qui entre dans leur vie. Aujourd’hui, ici, puissions-nous dire notre désir que la jeunesse de Dieu entre chez nous ! « Qu’il entre en moi, le roi de gloire ! » En écoutant la Parole, nous disons « qu’il entre en moi le roi de gloire », et tout à l’heure en communiant, nous dirons encore « qu’il entre le roi de gloire… qu’il entre dans ma vie, qu’il y mette la paix, la décision de prier, la patience avec les autres, le désir de donner ma vie. « Qu’il entre en moi, le roi de gloire… et qu’il entre dans la vie de mes enfants, de mes voisins… ».
            Ce dimanche se situe 40 jours après la naissance à Noël. Il nous est rappelé ce que la Loi juive demandait de faire 40 jours après la naissance d’un premier né. Deux choses : d’abord la purification de la mère : parce qu’elle avait été en contact avec la force de vie, elle ne pouvait pas rentrer sans préparation dans le cours profane des jours ; elle restait chez elle confinée pendant 40 jours. Ensuite, parce qu’on considérait que l’enfant appartenait à Dieu, on le lui consacrait.Peut-être avez vous dit pareillement à propos de vos enfants « ces enfants, Dieu nous les a confiés, fondamentalement ils appartiennent à Dieu ». Marie et Joseph sont venus avec l’enfant pour faire cette purification et cette consécration… Voyez-les ; quand ils obéissent à la démarche commune, c’est là qu’ils approfondissent leur connaissance de Jésus. Nous aussi, si nous pratiquons l’obéissance, nous approfondirons notre connaissance de Jésus.
            Ainsi, les vieillards Syméon et Anne, pilotés par l’Esprit Saint, disent qui est Jésus. Ces deux là ne se contentent pas de dire « comme il est beau, votre petit ». Ils disent : « La promesse de Dieu dont nous attendions la réalisation a été tenue : nous pouvons mourir en paix. Depuis plus de 4000 ans les nations attendent celui qui musellera les violents et les menteurs : nous, nous l’avons vu chez nous ! Les nations attendent celui qui apprendra à vivre en frères : nous, nous le voyons chez nous! Elles attendent celui qui au lieu de dévaluer les gens, les valorisera au point de leur donner une valeur éternelle : celui-là, nous le voyons chez nous. Il est la lumière dans nos ténèbres… et cette lumière universelle s’est levée dans notre minuscule peuple !
            Syméon –comme un grand-père – porte l’enfant dans ses bras ; ne trouvez-vous pas qu’en fait, c’est l’enfant qui porte le vieillard ? Anne la prophétesse parle de l’enfant qui ne parle pas ; mais ne trouvez-vous pas qu’en même temps, c’est l’enfant qui dit la beauté de cette femme fidèle ? Bref, le Saint Esprit est là, lui qui transforme les gens à l’image de Jésus Ce récit a l’allure d’une Pentecôte… qui se continue avec ceux qui continuent d’agir sous l’influence de l’Esprit. Si comme Syméon vous voulez tenir Jésus dans vos bras, il vous est indispensable de vous tenir sous l’Esprit Saint, d’être fidèles à votre confirmation.
            Dernière mention : Devant un nouveau-né, on pense probablement à son avenir : que fera-t-il dans la vie ? Qu’apportera-t-il à la société ? Eh bien Syméon et Anne parlent de l’avenir de Jésus avec les mots de la Passion, en disant qu’il sera signe de contradiction, c’est à dire que chacun devra se positionner pour ou contre lui. Aujourd’hui, comment nous positionnons-nous par rapport à celui qui dit « mon corps livré pour vous » ? Comment nous positionnons-nous par rapport à celui qui dit « Ce que tu fais au plus petit, c’est à moi que tu le fais » ?

2ème dimanche du temps ordinaire
19 janvier 2020

Dimanche dernier, nous fêtions le baptême du Christ. Aujourd’hui l’évangile nous ramène à ce moment où Dieu a parlé à Jésus et où il a répondu :
♫ « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté »
            De la bouche du Père Jésus entend ceci : « Tu es mon serviteur. Il faut révéler aux hommes que je leur pardonne, que je les bénis, que je veux les rendre libres et enlever leur péché» ; à cela, Jésus répond « Me voici, je viens faire ta volonté ; je vais donner aux hommes l’assurance qu’un pardon est offert à ceux qui ont trahi et méprisé ; je vais montrer que Dieu ne pense qu’à bénir les enfants et les adultes ; je viens pour que les gens soient libres ». Si la volonté du Père c’est que tous soient pardonnés, libérés, relevés, nous qui sommes les serviteurs de Dieu, il nous faut répondre au Père ce que le Fils a répondu :
♫ « Me voici, je viens faire ta volonté ».
            Si Jésus fait manifestement la volonté du Père, il n’est pas étonnant que Jean Baptiste dise qu’il a vu l’Esprit de Dieu descendre sur Jésus et demeurer sur lui. Parce qu’il fait la volonté du Père, Jésus est forcément sous la mouvance de l’Esprit de Dieu !
            Mais, pour savoir encore mieux qui est Jésus, portons attention à d’autres paroles de Jean Baptiste. Parlant de Jésus, il dit : « moi je ne le connaissais pas » ; pourquoi dit-il cela alors que leurs mères sont cousines, qu’ils sont petits cousins, qu’ils ont joué ensemble et qu’ils habitent à 10 ou 20 km de distance ? C’est que, jusqu’au jour du baptême, il n’avait pas pénétré l’identité de Jésus… Et il ajoute : au baptême, quand Jésus s’est mis dans la file des pécheurs, j’ai vu qu’il est vraiment Dieu avec nous, Emmanuel, Dieu avec les hommes… et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. Jean Baptiste parle comme un témoin qui fait sa déposition au tribunal : « J’ai vu l’Esprit descendre et demeurer sur Jésus… je rends témoignage, c’est lui le Fils de Dieu »
            Et nous, nous avons la même mission que Jean Baptiste ; nous avons à donner notre témoignage sur Jésus. En effet, d’une manière ou d’une autre, des gens nous demandent : « où ça se voit que Jésus est ton Dieu ? » Je pense que Jésus est vraiment notre Dieu si, comme lui, nous disons « Me voici, je viens faire ta volonté ». En effet, à tout moment, Dieu nous appelle à aimer et à aider les autres à vivre. Dieu dit à celui-ci « tu ferais bien de donner un peu de temps à ton voisin », à celui là « tu ferais bien de faire le premier pas pour mettre fin à une querelle ». Et quand une personne a besoin d’être écoutée, quand un groupe a besoin d’être défendu, quand une idée méprisante est énoncée, Dieu nous dit « vas-tu rester sans rien dire ? ne pourrais-tu pas faire quelque chose au nom de l’amour qui te baigne ? ». Dieu appelle et donc il dérange (il n’y a que les idoles qui ne dérangent pas !). Jésus est vraiment notre Dieu si, nous laissant déranger par lui, nous disons : ♫ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté ».
            Attardons-nous encore sur cette autre parole que prononce Jean Baptiste et que le prêtre répète à chaque messe : « voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » L’élu de Dieu vient sous la figure de l’agneau et sur lui repose la colombe ; l’agneau et la colombe, deux symboles de douceur ; la mission de Jésus sera donc d’agir dans la douceur. Quand, à chaque messe, on dit « voici l’agneau de Dieu », on dit que Jésus sans péché a pour mission d’être tué comme était tué l’agneau pascal sans défaut, afin d’être mangé en mémoire du Seigneur qui libère. Cette mission, Jésus-Christ la réalise pour nous : à chaque messe, nous le recevons en nourriture, alors que nous faisons mémoire de la libération de Pâques. Réjouissons-nous, car Jésus remplit bien sa mission. Il dit, et nous disons avec lui :
            ♫ Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté 
 

Baptême de Jésus
12 janvier 2020

Qui se souvient de la date de son baptême ? Heureusement, chaque fois que nous célébrons des baptêmes, ce qui nous est arrivé lors de notre baptême se trouve ravivé. N…, E…., J…, I…, N…. et A…. qui se préparent au baptême vont nous donner bientôt l’occasion de nous souvenir de notre baptême. A notre baptême, nous a été dite une parole déterminante : et nous avons appris que nous sommes plongés dans l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit. Vous qui vous préparez à communier pour la 1ère fois, souvenez-vous de cette parole.
            Baptiser signifie ‘baigner, plonger’…. Pas seulement dans l’eau mais dans un amour.Tous, enfants et adultes, nous avons baigné d’abord dans le bain d’amour de nos parents et frères et sœurs. Puis nous avons vu d’autres personnes qui se dérangent pour les autres, qui rendent service, qui font le bien… : c’est aussi un bain d’amour de fidélité, de pardon, de générosité… ; en un mot, c’est un bain non pas dans l’eau, mais dans l’Esprit d’amour ; grâce à ce bain, nous avons grandi (Comme ils sont malheureux ceux qui sont dans un bain d’esprit mauvais, de chacun pour soi, de mensonge, ou d’infidélité !). Le bain d’amour est si universel que nous ne sommes pas étonnés que l’Eglise fasse pour chacun un geste avec l’eau.
            (On verse dans une cuve 1/3 de l’eau d’un pichet) Beaucoup ne s’aperçoivent pas qu’ils baignent dans l’amour infini de Dieu. C’est pour le leur apprendre que Jésus est venu. On a vu que Jésus faisait le bien, qu’il relevait ceux qui tombent, qu’il pardonnait à ceux qui font le mal… On a conclu que Jésus baptise dans l’Esprit d’amour. C’est notre joie de dire que Jésus Ressuscité baigne tous les hommes dans le grand amour de Dieu. Vous qui êtes baptisés et vous qui le serez bientôt, votre joie est d’être baignés dans l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit.

            Souvenons-nous d’un autre aspect de notre baptême : (on verse un 1/3 de l’eau) L’eau fait pousser, apaise la soif, permet de jouer… l’eau indispensable à la vie. Or ce qui est indispensable pour être vraiment vivant, c’est l’Esprit de Jésus, c’est de savoir aimer comme Jésus. N…, E…, J…, I…, N… et A…, nous allons prier pour que vous ayez en vous l’Esprit saint, l’Esprit d’amour… comme Jésus ! Et vous qui vous préparez à communier, sachez que tous les dimanches, nous prions pour que, vous comme nous, nous soyons remplis de l’Esprit d’amour, que nous pensions comme Jésus, respections les autres comme Jésus, priions comme Jésus, soyons serviteurs comme Jésus… De ce fait, comme dit saint Jean, nous renaissons, ou comme dit saint Paul, nous sommes ressuscités.
            (On verse le dernier 1/3 de l’eau) Un dernier mot pour réfléchir à cette question : Qu’est-ce qu’une Eglise qui baptise ? Si les paroissiens pensent qu’il suffit que le prêtre verse de l’eau sur des enfants, ils ne forment pas une paroisse qui baptise. Une paroisse baptise quand les familles font pour les enfants un bain de foi, d’espérance et de charité. Une paroisse baptise quand des gens qui font un bain d’amour en accueillant et en accompagnant, en soulageant. Vous qui avez demandé le baptême pour vos enfants, vous avez à les plonger constamment dans ce bain de prière, de pardon, de don de soi… C’est la plus belle parole que vous puissiez dire à vos enfants ; c’est une joie de baigner les autres dans l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit

Epiphanie
05 janvier 2020

Frères et sœurs, voilà donc des païens qui sont attirés par le Christ. Si nous faisons la fête, c’est parce que c’est aujourd’hui et en toute époque que les païens sont attirés par le Christ. Pendant trente ou cinquante ans de mission, et donc bien avant que saint Matthieu écrive le récit de la venue des mages, les communautés chrétiennes de Paul et de Pierre ont vu des païens embrasser la foi, s’adjoindre à elles, en disant que le Christ est leur lumière. A Ephèse, à Rome, à Corinthe, à Thessalonique… le Christ a attiré les païens parce qu’il est comme une étoile qui brille dans la nuit du paganisme ; ces païens qui accèdent à la foi, réalisent la prophétie : « tous se rassemblent, ils viennent vers toi ». En racontant que trois mages païens sont attirés vers le Christ – trois selon la tradition, à cause des 3 cadeaux -, saint Matthieu parle donc d’un événement de la petite enfance de Jésus, mais il parle tout autant des innombrables païens qui sont attirés par la lumière du Christ. Oui, frères et sœurs, tous les hommes sont attirés vers le Christ. La vérité est attirante, la justice est attirante, la miséricorde est attirante… les saints sont attirants, le Christ est attirant.
            Récemment une grand-mère pleurait devant moi parce que ses enfants ne vont plus à l’église, même à Noël. Elle ne doutait pas que le Christ les attire, mais elle souffrait que ses enfants ne voient pas l’intérêt de se déplacer comme les mages. Simultanément, nous nous réjouissons lorsque nous voyons des non-chrétiens qui ont des comportements conformes à l’évangile : nous pensons donc qu’ils sont attirés par le Christ, même s’ils ne reconnaissent pas que la lumière qui les guide, c’est le Christ. Frères et sœurs, saint Paul a raison de dire que l’étoile qui brille dans le paganisme actuel, c’est le Christ et sa parole : « Toutes les nations sont associées au même héritage ». Même si tous ne sont pas prêts à passer par la porte étroite (Mt 7,13), – la porte du don de soi – nous pouvons regarder les personnes « des périphéries » comme des personnes appelées autant que nous à connaître la joie de la foi au Christ. Sur les non croyants – et donc sur vos enfants, Dieu s’applique à faire briller la beauté de l’évangile ; il le dit, et il a l’habitude de faire ce qu’il dit. Ne soyez donc pas inquiets pour vos enfants.
            L’histoire des mages enseigne que pour rencontrer le Christ, pour le laisser éclairer notre route – comme l’étoile dans la nuit – il faut se déplacer mentalement ; il faut oser sortir des ténèbres des violences pour donner la paix… comme à la messe ; il faut oser sortir de la nuit de la voracité à posséder pour faire l’offrande…comme à la messe ; il faut oser sortir de la tristesse de l’individualisme pour avoir des liens communautaires… comme à la messe.          Cette décision de suivre l’étoile, la lumière du Christ, donne une couleur nouvelle à la vie en famille, en quartier, au travail ; et nous symbolisons cette décision en venant à la messe. En effet, en venant à la messe, nous imitons les mages.
            D’abord, le Christ nous a attirés, malgré tous les travers païens qu’il y a en nous, comme chez les mages. Et nous sommes venus, parce que nous sommes avertis que le Christ est l’étoile qui brille dans la nuit du monde. Et puis, comme les mages, nous avons eu recours aux Ecritures qui annonçaient que le Christ naîtrait à Bethléem, à l’endroit le plus modeste. Ce précieux renseignement nous permet de trouver le Christ dans le modeste pain partagé, et dans le don de soi quotidien. Et puis, comme les mages qui ont offert leurs trésors, nous avons envie de lui offrir tout : notre santé, notre confiance, et le fruit du travail des hommes, y compris celui des païens… En fait, nous lui offrons ce que lui-même nous a donné. Et puis, nous repartirons ; mais par un autre chemin ; car, ayant trouvé le Christ, l’étoile, nous ne suivrons plus le chemin du découragement, mais celui de l’espérance ; nous ne suivrons plus le chemin du matérialisme mais celui du partage ; notre vie sera nouvelle... nous serons ressuscités.
 


Sainte Famille
29 décembre 2019

Avant la 1ère lecture.   Frères et sœurs, la fête de la sainte Famille conduit nécessairement à regarder nos familles. Elles vivent souvent des joies, mais parfois des jours qui ressemblent au vendredi saint. Il peut être très difficile d’honorer son père si celui-ci s’est mal conduit ; difficile d’avoir de la tendresse ou de la patience pour un proche dont le caractère est exécrable ; difficile de pardonner à un proche qui a blessé… L’histoire de bien des familles a besoin d’une boussole : seule la boussole de Pâques permet de s’orienter quand il faut tenir dans l’épreuve.

Avant la 2ème lecture : J’ai parlé tout à l’heure de la boussole de Pâques pour mener une vie où il y a des tensions. Saint Paul donne des conseils pour vivre ensemble : derrière ces conseils, vous repèrerez l’invitation à être victorieux des blessures par l’amour qui fait ressusciter.

Après l’évangile

            Saint Matthieu écrit pour des communautés composées de fidèles d’origine juive. Il fallait leur démontrer que Jésus se situe dans le droit fil l’Ancien Testament. C’est pourquoi, il conclut souvent ses récits par cette formule « ainsi s’accomplit la parole du prophète… ». Ce qui avait été la parole centrale de l’AT, c’est le fait que le peuple est allé en Egypte pour fuir la famine, puis le fait qu’il est sorti d’Egypte pour entrer dans la Terre Promise. En racontant que Jésus a été conduit en Egypte pour fuir le massacre des Innocents et qu’il est ensuite sorti d’Egypte, saint Matthieu dit que Jésus accomplit toute l’histoire de son peuple. Comprenons que Jésus tient à vivre tout ce que vivent les gens ; ce que vous vivez, il le vit avec vous
            Saint Matthieu enseigne aussi que partout – même chez nous – on peut rencontrer le danger et le salut. Puisqu’il était né en Terre Promise, Jésus aurait du être exempt de souci, mais il est en danger puisque Hérode veut le supprimer ; comprenons que le danger peut être là où on pense être en sécurité. Inversement l’Egypte où Jésus trouve salut et refuge avait été un lieu d’esclavage ; comprenons qu’un salut peut s’effectuer là où l’on craindrait un danger.
Aujourd’hui, aux yeux de beaucoup, le salut est dans la possession, le prestige, la compagnie exclusive de bien pensants ; et Jésus révèle que là est le danger. Inversement, le salut et la liberté peuvent être là où la société voit les dangers de la pauvreté, la fréquentation de personnes d’autres religions, l’obligation de renoncer à sa propre vie. Pareillement, la famille n’est pas un lieu où l’on est exempt de toute difficulté (je ne l’apprends à personne : il y a probablement des gens qui vivent des heurts dans leur vie professionnelle et qui espèrent des relations de couple totalement pacifiques… et qui sont tellement déçus qu’ils divorcent). On arrive à la joie de Pâques que moyennant la traversée difficile du vendredi saint. 
            Vous voyez que l’Eglise parle de la sainte famille en racontant – non pas que les parents sont gentils et que l’enfant est admirable – mais en racontant qu’ils ont eu à vivre le mystère de mort et de résurrection, le contexte de persécution et de retour au calme, le contexte de l’exil et du retour chez soi. Si la famille de Nazareth est sainte, à même d’apporter quelque lumière aux familles actuelles affrontées aux problèmes de santé, de budget, de conflits, au décès d’un petit, au départ d’un jeune qui claque la porte, à la dérive d’un membre qui s’enfonce dans la drogue ou l’alcool, etc…, c’est parce qu’elle s’éclaire de la lumière de Pâques, du mystère de mort et de résurrection. Sa boussole, c’est Pâques.
            La famille Eglise se réfère aussi à la boussole de Pâques. Elle le fait à chaque messe, quand elle annonce la présence de celui qui est sorti de la mort comme il est sorti de la violence d’Hérode. Et puis, quand elle partage le même pain et prophétise le rassemblement un seul corps, la famille Eglise apporte au monde divisé l’espérance d’échapper au pouvoir de la division et de la haine, plus redoutable qu’Hérode. Et puis, quand elle fait mémoire du dernier repas du Christ, elle apprend à chacun à dire sur soi-même « mon corps livré pour mon épouse, pour mon mari, pour les enfants, pour les parents ». Voilà la recette de la sainte famille, la recette de la famille Eglise, la recette de toute famille.

Jour de Noël

Frères et sœurs, même si vous n’étiez pas chrétiens, vous sauriez que c’est Noël ; aussi laïc qu’il soit, notre pays inscrit Noël dans le calendrier civil : les administrations ferment leurs guichets, les marchands et restaurateurs ne ratent pas l’aubaine, et quasi toutes les familles font un repas de fête avec des cadeaux. La société de consommation a transformé Noël : le temps de l’avent est devenu le temps de la vente ; le temps prévu pour se préparer à accueillir Dieu est devenu un temps fait pour se préparer à tenir une machine électronique nouvelle… Bref, Noël est coupé de son origine religieuse et beaucoup ne savent pas pourquoi ils font la fête. Reprenons conscience de ce qui motive notre fête de Noël.
            Ce motif, saint Jean l’a formulé ainsi : ‘Le Verbe s’est fait chair’, Dieu s’exprime « dans notre chair humaine », dans nos situations quotidiennes ; Dieu s’exprime même dans les désordres du monde (les violences n’empêchent pas Dieu de parler). Dieu parle au cœur de chacun parce que Jésus est dans la chair, dans les conditions de vie de tout le monde. En étant bébé et dépendant –comme beaucoup le sont maintenant -, Jésus révèle que Dieu ne peut pas être présenté comme celui dont il faut avoir peur ; en étant sur la paille, Jésus révèle que Dieu se met beaucoup plus bas que l’homme et donc tient l’homme pour plus important que lui ; en se mêlant à l’histoire banale d’un village pendant 30 ans, Jésus dit que Dieu est présent dans l’histoire des personnes et les accompagne en famille, au travail et dans la souffrance et les loisirs ; en poussant la fidélité jusqu’à risquer d’être torturé, Jésus dit que Dieu est fidèle d’une manière absolue. Le Verbe nous parle dans notre chair

            C’est cette proximité de Dieu que nos crèches veulent figurer : les modestes santons de Marie, Joseph et Jésus, les santons des bergers et les rustiques santons de l’âne et du bœuf situent le mystère de Noël à un niveau très terre à terre : Dieu est dans la chair, il est avec nous, il fait des gestes imitables, il mérite son surnom : Emmanuel « Dieu avec nous ».
            Du coup, si la Parole d’amour s’est incarnée autrefois dans la personne (la chair) de Jésus, sous le règne de l’empereur Auguste, elle s’incarne encore chaque fois que l’amour prend corps dans la chair des saints. Les saints – dont vous êtes – s’appliquent à incarner qui le soin des frères, qui la préoccupation de la paix, qui la réconciliation… : ils sont le corps du Christ. Longtemps, les Français ont tenu l’abbé Pierre comme leur personnalité préférée : ils pressentaient que ce prêtre ne disait pas des paroles en l’air, mais incarnait dans le réel – dans la chair -l’amour qui est dans le Christ. C’est notre rôle à tous.
            A Noël, Dieu parle par la chair de l’enfant Jésus. L’enfant désire grandir ; il est donc dans un état provisoire : Nous rêvons que Dieu soit dans l’achevé, le réussi ; or Dieu s’incarne dans le provisoire. Apprenons donc à voir la présence de Dieu chez les enfants et les jeunes qui attendent un développement de leurs vies, chez les mariés dont l’amour d’époux doit se développer, chez les artisans de paix dont les semences de conciliation sont riches d’un développement, dans notre Eglise dont les efforts de conversion attendent un développement, … Beaucoup de situations attendent un développement, comme les enfants… Le Royaume est semblable à une semence qui doit se développer. Nous avons raison d’espérer un mieux, parce Dieu est le maître du développement.
            Cette pensée de développement m’amène à dire que l’on parle facilement de Noël comme d’un événement passé (il l’est évidemment) mais il faut dire que c’est un événement d’aujourd’hui qui conduit l’avenir. Jésus est né, mais il naît aujourd’hui et il est encore à naître ; à nous de faire fleurir son amour dans toutes les relations. Les anges ont chanté la paix, mais la partition de leur chant est à reprendre constamment car il faut encore mettre au monde la paix. On ne peut pas parler de Noël sans envisager la mise au monde du Christ qui reste à faire à toute époque… au prix de douleurs d’enfantement ». Regardons ce que montre la crèche : voilà une famille réfugiée dans une étable : c’est un espoir pour les sans logement. Voilà un roi africain et un roi arabe qui visitent un roi juif : c’est une espérance en ces temps de conflits de civilisation. Voilà des bergers, des éleveurs qui crient de joie : grande espérance pour les paysans de tous les pays dont les produits ne sont pas payés à un prix décent. … Les douleurs du monde, symbolisées dans la crèche, sont conduites vers un dénouement, car l’enfant qui sauvera le monde va de croissance en croissance. Frères et sœurs, consentons à ce qu’il grandisse en nous, autour de nous : que les douleurs du monde soient non pas des douleurs d’anéantissement mais des douleurs d’enfantement.

Nuit de Noël

Gloria ! En français cela signifie « gloire à Dieu ». Nous applaudissons Dieu ! En effet, il dit ceci : « Les hommes pratiquent le chacun pour soi, ils ne cessent pas de se battre, chacun veut avoir raison et enfoncer le voisin… je ne vais pas les punir, je vais aller à leur rencontre et les soigner » Quand Dieu invente Noël, il ne pense pas à punir les méchants ; il pense à leur porter la paix, à dire à chacun qu’il est aimé, à réveiller l’amour qui est en eux. Et c’est ainsi que Jésus est venu : il a montré aux bergers, plus tard aux mages, aux rois, aux foules… que chacun est le trésor de Dieu… que Dieu tient à chacun, qu’il ne veut perdre personne. Vous les enfants, et vous les adultes, Jésus vient à Noël pour vous sauver, pour vous libérer de vos méchancetés, et de ce qui vous fait peur, et de ce qui vous fait pleurer. Prenons 10 secondes pour lui dire de quoi nous voudrions être sauvés 

♫ Aujourd’hui un sauveur nous est né… 

            Comment se présente le Sauveur ? Pas comme un héros de dessins animés qui détruit tout ce qui lui déplait ! Non ! Il vient comme un bébé qui va grandir et être l’ami des gens. Un bébé ! Vous les mamans, vous les papas, vous vous souvenez du jour où vous avez dit « aujourd’hui nous est né notre enfant » ! Vous, les enfants, vous vous souvenez du jour où vous avez dit « aujourd’hui est né mon petit frère, ma petite sœur ». Tous, vous avez éprouvé qu’il y a du salut dans un tout petit : le bébé qui n’a pas d’arrière-pensée vous lave de vos calculs et de vos tricheries ; lui qui est sans défense désarme vos prétentions à être puissants ; lui qui a une simple beauté vous guérit de vos laideurs. Bref, la naissance des bébés, chez vous, vous a fait dire « la grâce s’est manifestée », exactement ce que dit st Paul à propos de la naissance et de la présence de Jésus. Il y a du salut quand vient un bébé ; il y a du salut quand Jésus naît dans le monde… et en nous. 

♫ Aujourd’hui un sauveur nous est né. 

            Evidemment, l’enfant Jésus a le rayonnement de tous les bébés. Mais il rayonne encore davantage car il est l’image de Dieu. Le Père l’a envoyé pour que les hommes se représentent Dieu correctement. Frères et sœurs, les idées que vous vous faites de Dieu sont peut être fausses : au vu de Jésus, comprenez que Dieu est celui qui prend soin de ses frères… que Dieu est celui qui tient les frères pour plus importants que soi-même… que Dieu est celui qui, comme le bon samaritain, change tout son emploi du temps parce qu’il a rencontré un homme dans la difficulté… que Dieu se fait serviteur de tous au point de donner sa vie pour tous… mon corps livré pour vous ». 

♫ Aujourd’hui un sauveur nous est né. 

            Les gens qui vont fêter Noël uniquement sur le mode de la gastronomie oublient que la naissance du Christ dans l’humanité est l’événement le plus important de toute l’histoire. Depuis Noël, notre humanité compte dans ses rangs, le Juste, le Fidèle, le Miséricordieux, l’Assoiffé de Justice… Il renouvelle tout : Jésus est attentionné au frère : nous pouvons tous l’être ; Jésus apporte son soutien aux personnes fragiles : nous pouvons tous le faire ; Jésus aide chacun à vivre : nous pouvons le faire. De même que le Père a dit à son Fils : « tu es mon enfant bien aimé, parce que tu fais toujours ce qui développe l’amour, la paix, la vie… », de même, il vous dit : tu es mon enfant bien aimé ; prends soin d’écouter la voix qui t’appelle à aimer… Mets au monde mon amour ».
            Avez-vous noté que dans le récit de saint Luc, la gloire enveloppe de sa lumière non pas l’enfant, non pas Marie, non pas Joseph, mais les bergers, ceux qui ont particulièrement besoin d’être sauvés ! La bienveillance de Dieu vient sur vous comme elle est venue sur les bergers. Le Seigneur couronne d’amour et de tendresse chacun de vous. Alors, puissions-nous porter la paix, être réconciliateurs, prendre soin des frères… bref, puissions-nous couronner de tendresse tous ceux que nous rencontrerons ; puissions-nous mettre au monde l’amour de Dieu ! Nous serons heureux ; et ce sera Noël tous les jours. 

4ème dimanche de l’avent
22 décembre 2019

Permettez-moi de rappeler que pendant l’avent, nous fêtons 3 venues du Christ. Nous ne nous concentrons pas seulement sur la venue de Jésus à Bethléem, quand il a fait sa première venue ; nous regardons aussi comment en tant que ressuscité il vient chaque jour visiter l’humanité et nous regardons aussi vers le jour où « il reviendra dans la gloire » : ce sont ses trois venues.
            Dimanche dernier, l’évangile faisait regarder Jean Baptiste et donnait à entendre comment il invitait les gens à préparer le chemin, pour que le Seigneur vienne aujourd’hui, c’est-à-dire qu’il soit visible et reconnu ; aujourd’hui l’évangile fait regarder Joseph et Marie, de sorte que nous voyions comment ils ont fait en sorte que celui qui porte tout l’amour de Dieu soit visible et reconnu.
            D’abord, Marie. Elle avait donné son accord : « je suis la servante du Seigneur, je mettrai toute ma vie au service de la mise au monde de celui qui porte tout l’amour du Père ». On admire la disponibilité de Marie. Mais observons que pour mettre au monde tout l’amour du Père, elle n’a rien fait d’autre que ce que font toutes les mamans : elle a pris soin du bébé, préparé les repas, fait les lessives, conduit l’éducation, et continué de parler gentiment avec les voisines … Vous les parents et grands parents, en tenant votre rôle en famille, en pratiquant la confiance, la patience, le don de vous-mêmes, comme Marie, vous mettez le Christ au monde, vous rendez tangible l’amour de Dieu …. Bien sûr il faut que, comme Marie, vous fassiez cela sans orgueil, en toute douceur, avec modestie… comme des servants et servantes du Seigneur. Et vous qui pratiquez le bénévolat de toutes sortes de manières, vous diriez sans doute que vous ne faites rien d’extraordinaire ; mais Marie aussi ne faisait rien d’extraordinaire ! En aidant les autres à vivre, vous mettez le Christ au monde, vous rendez tangible l’amour de Dieu.
            Joseph, lui, s’est trouvé devant une situation inhabituelle, du fait que son épouse était devenue enceinte miraculeusement. Lui aussi, en faisant confiance à la Parole de l’ange – c’est-à-dire à Dieu-, il a mis au monde cette attitude qui n’est pas « de ce monde », cette attitude qui appartient au Christ, lui que nous admirons parce qu’il « fait toujours ce qui plait au Père ». Ceci est remarquable ! Je suis loin de faire toujours ce qui plait au Père ! En croyant à la fidélité de Marie son épouse qui n’était pas enceinte de lui, Joseph a obéi à la voix du Seigneur et non pas au bon sens. Eh bien, aujourd’hui, je suis sûr qu’il y a beaucoup de personnes qui font de même : au lieu de refuser l’étranger (ce qui est le bon sens aux yeux de beaucoup), ils accueillent ; au lieu de tenir des propos racistes (ce qui est légitime aux yeux de beaucoup), ils pensent que tout homme est un frère ; au lieu de dire « moi d’abord » (ce qui est le réflexe commun), ils paient de leur personne pour d’autres… En un mot, ils mettent au monde les signes qui montrent que le Ressuscité est là.
            Mettre au monde quelque chose du Christ, c’est aller à contre courant et affronter une opposition : c’est pourquoi Dieu nous dit ce que l’ange disait à Joseph : « ne crains pas ». Nous ne pouvons mettre au monde les signes de la présence du Ressuscité que si nous maitrisons le réflexe de la peur : « ne crains pas ». Comment chasser la peur ? En faisant confiance à la Parole, comme Joseph. Frères et sœurs, ne craignez pas ; vous aurez la joie de mettre au monde des trésors qui appartiennent à Jésus ; vos proches apprécieront de voir votre patience, votre douceur, votre recherche de la paix ; bref ils seront heureux de voir que l’amour de Dieu est présent près d’eux ; en un mot, vous serez utiles à la société. Et vous ressemblerez à Marie, la servante du Seigneur.
           

3ème dimanche de l’Avent
16 décembre 2019

L’ange Gabriel a dit à Marie « ta cousine Elisabeth est enceinte » ; donc l’enfant de Marie et l’enfant d’Elisabeth sont des petits cousins. Donc Jean connaît Jésus ; parlant de Jésus à son entourage, il dit « Jésus, c’est l’Agneau de Dieu ». C’est pourquoi on s’étonne que Jean demande à Jésus : « es-tu celui qui doit venir ? ». En fait le récit ne renseigne pas sur ce qui se passe dans la tête de Jean Baptiste qui est en prison, mais dans la tête des membres de la communauté de saint Matthieu qui sont persécutés et se demandent s’ils ont bien fait de donner leur confiance à Jésus : s’il les laisse dans la persécution, est-il le sauveur puissant qu’annonçaient les prophètes, qui abattrait les faiseurs de mal comme le bûcheron abat un arbre, qui mettrait hors d’état de nuire les violeurs, les assassins et les traîtres ? Il est probable que bien des gens d’aujourd’hui se posent la même question ; est-ce que nous avons raison de compter sur Jésus pour être libérés des haines, des injustices, des mépris et des maladies ? Ne devrions-nous pas nous tourner vers Mohamed ou vers Bouddha ? ou plus radicalement, manger, boire faire du commerce et ne pas nous poser de question ?
            Puisque la question de Jean Baptiste se pose aujourd’hui, écoutons ce qui lui a été répondu : Depuis que Jésus est là, les aveugles voient, les boiteux marchent, ceux qui sont déclarés pas aimables sont manifestement aimés… autrement dit le médecin de l’humanité est venu. Oui, nous avons bien fait de donner notre confiance à Jésus qui prend soin de ses frères, qui fait avancer ceux qui sont paralysés par la peur, qui manifeste à ceux qui ne se croient mal aimés qu’ils sont aimés par quelqu’un qui est prêt à être torturé pour eux sur la croix.
            Pourquoi nous sommes attachés à Jésus ? Parce que nous sommes issus de Caïn, prompts à dire comme lui que nous n’avons pas à veiller sur nos frères et parfois nous désirons les éliminer… Nous sentons bien que ce réflexe ne produit rien de bon ; et nous nous réjouissons que Dieu ait fait venir dans le monde Jésus plein de miséricorde. Maintenant qu’il est ressuscité, ce Christ agit puissamment et pousse beaucoup de gens à prendre soin de leurs frères en leur disant : « fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent ‘prenez courage ». Vous entendez cette voix intérieure qui vous dit : « prends soin de ton frère, le boiteux, le migrant, le dépressif, l’isolé…». Et vous pensez sans doute que vous avez raison de laisser votre cœur ouvert à cette voix.
            Je le répète depuis le 1er dimanche de l’avent : si vous prenez soin de quelqu’un, vous rendez visible la présence du Christ dans le monde… vous mettez le Christ au monde, comme Marie… Vous mettez au monde le médecin du monde, celui qui regarde chacun comme un trésor. Donc si vous aidez les éclopés en tous genres à s’apercevoir qu’ils sont aimés, c’est vous qui avez raison 
            Je reviens au dialogue de Jésus et Jean Baptiste : Quand Jésus dit « les aveugles voient » Jean reconnaît là les signes que Jésus est bien celui qui doit venir. Eh bien, nous aussi, nous avons la possibilité de voir mille délicatesses posées sur des faiblesses et des blessures : comme Jean disons que Jésus est bien l’envoyé de Dieu. Nous avons l’occasion de voir que mille mains tendues aux réfugiés, aux endeuillés, aux personnes seules… les empêchent de s’enfoncer ; comme Jean nous disons que le Christ est vivant et qu’il rend les gens capables d’apporter au monde la vraie vie. Bref, comme Jean Baptiste, nous voyons les signes de l’Esprit Saint. (Et nous en collectons dans notre précieuse boite).
            Du coup, notre prière est stimulée : Viens Seigneur Jésus ! Venez divin Messie ! Nous attendons ta venue !


2eme dimanche de l’Avent
8 décembre 2019

Permettez-moi de rappeler que pendant l’avent, nous fêtons 3 venues du Christ. 1. la venue de Jésus à Bethléem, 2. Sa venue en tant que ressuscité 3. Sa venue le jour où ‘il reviendra dans la gloire » :

♬ Nous attendons ta venue dans la gloire ! 

                Même si nous lisons des textes qui disent comment des prophètes, Marie et Joseph ont attendu la venue, la naissance de Jésus, – et même si nous disposons la crèche – nous n’attendons pas la venue de Jésus en tant que petit enfant ; car il vient en tant que Ressuscité. Nous lisons des textes qui disent comment Jean Baptiste a accueilli le Christ dans sa vie quotidienne ; car nous avons à accueillir le Ressuscité dans notre vie quotidienne. Accueille le Ressuscité celui qui accepte que son cœur soit changé. Voyez Jean Baptiste ; il aurait pu vivre confortablement ; or il s’est laissé conduire au désert, loin de tout ce qui n’est pas Dieu ; il aurait pu vivre sans prendre de risque ; or il a osé faire des reproches au roi et il a été martyrisé.
                Nous, comment allons-nous accueillir le Christ et sa résurrection ? Allons-nous le laisser nous ressusciter ? Ce serait notre grande joie d’être libérés de nos rancunes et d’offrir le pardon ! Ce serait notre grande joie de fermer la télé ou les téléphones et de parler en famille ! Ce serait notre grande joie de prendre un temps de prière… Jésus vient pour nous ressusciter, nous donner une vie nouvelle.

♬ Nous attendons ta venue dans la gloire ! 

                Quand on accueille le Ressuscité, on est dans la joie, mais en même temps on réjouit les autres, parce qu’ils sont amenés à penser que l’amour de Dieu est présent chez les hommes. Ce fut le cas de Marie : elle a réjouit le monde en mettant Jésus au monde, car les gens ont pu penser : « l’amour de Dieu est parmi nous ». Jean Baptiste dit que nous avons la même mission que Marie : il dit « préparez la route » ; traduisons : « montrez aux gens que le Seigneur vient dans leur quotidien, en tant que Ressuscité, pour qu’ils aient la joie, pour ouvrir un passage dans leurs affaires difficiles. » C’est ce qu’ont fait les saints : St François a rendu visible le Christ pauvre et il a ouvert un passage dans le marécage du matérialisme des riches marchands ; Saint Ignace a rendu visible le Christ obéissant et il a ouvert un passage dans le mur des prétentions des conquérants ; saint Dominique a rendu visible le Christ enseignant et pauvre, saint Jean de Dieu a rendu visible le Christ qui soigne les malades… Alors aujourd’hui, que les mariés donnent à voir la fidélité de Jésus, que les éducateurs donnent à voir la patience du Christ, que les bénévoles donnent à voir le Christ qui donne sa vie !
                Nous comprenons que notre mission est aussi de mettre au monde quelque chose de Jésus. L’un met au monde la fidélité de Jésus, un autre met au monde le pardon de Jésus, un autre met au monde la prière de Jésus, un autre met au monde la faim de justice qui brûle le cœur de Jésus. (Vous reconnaissez l’idée qui conduit à vous demander d’écrire ce que vous faites pour mettre au monde quelque chose de Jésus, pour rendre visible la venue du Christ dans notre village, dans notre société.)    Et quand vous faites cela, vous avez de la joie, vous êtes pour votre entourage comme un évangile, une bonne nouvelle. Et comme votre comportement est sans ostentations, vous comprenez que tous les jours, le Christ vient avec discrétion, modestie, respect.

                Cette méditation sur la venue quotidienne nous réjouit. Et elle stimule en nous le désir, l’attente de la venue dans la gloire, le désir de chanter « nous attendons ta venue ». Evidemment, ceux qui mettent au monde une réconciliation stimulent le désir de voir le jour où viendra la grande réconciliation du loup avec l’agneau. Ceux qui ne jugent pas sur l’apparence stimulent le désir de voir le jour où viendra le juge qui juge avec justice. Celui qui aujourd’hui dans une association d’entraide a souci du faible et du pauvre montre qu’il n’est pas stupide d’attendre le jour de gloire où vient le roi de toute justice. Celui qui aujourd’hui est miséricordieux montre que la miséricorde est une réalité et qu’il n’est pas stupide d’espérer le jour où viendra le grand miséricordieux
                Nous dirons ce désir en chantant « nous attendons ta venue dans la gloire » ; viens Seigneur, nous t’attendons aujourd’hui et au terme de l’histoire.

Rejoignez-nous

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque semaine toute l'actualité catholique en Nord Franche-Comté

S'INSCRIRE

Je recherche