Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir
Dieu nous veut grands ; il a pour chacun une grande ambition. Quand il dit « soyez parfaits comme votre Père » on voit de quelle grandeur il rêve pour les hommes. Et nous, quel est notre rêve ?
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Homélie du père Louis Groslambert pour le 29ème dimanche du temps ordinaire
Jacques et Jean ont un rêve. Et nous, quel est notre rêve ? Les jeunes désirent sans doute accéder à une réussite, avoir du succès, une belle carrière, être capables de donner un avis pertinent, gravir les échelons, monter dans l’échelle sociale… ; de leur côté, les plus âgés désirent une vieillesse paisible, avec un entourage affectueux, mais ils continuent de rêver de succès de carrière pour leurs enfants… Je ne sais pas si ce désir d’être grand vient de Dieu ou ne vient pas de Dieu. Mais je sais qu’il y a une manière d’être grand qui vient de Dieu : car Dieu nous veut grands ; il a pour chacun une grande ambition. Quand il dit « soyez parfaits comme votre Père » on voit de quelle grandeur il rêve pour les hommes.
Dès que nous nous levons le matin, nous avons envie de réussir notre journée. Mais c’est quoi réussir sa vie ? La société répond que réussir sa vie, c’est être de ceux dont parle la télé, occuper les places influentes. Jacques et Jean, très modernes, pensaient qu’ils réussiraient leur vie si, siégeant aux côtés du Roi, ils participaient au gouvernement du monde ! Et les autres disciples qui s’indignent de leurs prétentions en sont sans doute au même point : « Pourquoi eux, ils siègeraient, plutôt que nous ? »
A la question : c’est quoi réussir sa vie ? Qu’est-ce qui fait la grandeur de l’homme ? Jésus répond : une vie réussie n’est pas l’ascension vers les honneurs, mais l’ascension vers plus d’amour : Le plus grand c’est celui qui sait le plus servir les autres. Jésus bouscule nos réflexes. Certains, embourbés dans les ornières des réussites mondaines, prendront la croix du Christ comme un scandale, un objet de répulsion. Mais Jésus la présente comme la vraie grandeur.
Est-ce vraiment étonnant que le plus grand soit celui qui sert ? Évidemment non ! Dieu est très grand avant tout parce qu’il sert les hommes, qu’il leur donne grâce après grâce, qu’il donne le soleil et la pluie, la présence affectueuse de personnes, et la lumière de la foi, et le pardon de tous leurs péchés, et le goût d’être fraternel. Jésus a montré ce Dieu serviteur en prenant la place du dernier, de l’esclave qui lave les pieds. Le disciple de Jésus ne peut pas prétendre être grand d’une autre manière. Comme le Samaritain qui s’arrête près du blessé et le prend en charge, quiconque sert les pauvres, les frères, c’est lui qui est grand ; c’est lui qui réussit sa vie ; c’est lui qui réalise la vraie ambition que Dieu a mise en lui.
Nous allons participer à l’eucharistie ; nous allons être en présence du Christ dont l’unique grandeur est d’être serviteur. Nous qui sommes baptisés, après avoir entendu Jésus qui dit « mon corps livré pour vous », allons-nous poursuivre le culte de notre supériorité ?
Le culte de la supériorité aboutit à éliminer les autres, les maillons faibles, comme ça se passe dans le sport et tous les concours. Selon la société, le champion est celui qui élimine les autres. Jésus a eu l’ambition d’être champion, non pas en éliminant les faibles, mais en fortifiant les faibles, en rendant justes les pécheurs, en redonnant confiance à ceux qui ont raté. Bref, l’ambition de Jésus est de se mettre au service des autres. Nous qui allons participer au repas du Seigneur, allons-nous faire nôtre sa manière d’être champions ?
Le Christ a eu l’ambition de montrer l’amour infini du Père. Qu’il nous donne l’ambition d’être serviteurs et serviteurs de tous ! Qu’il nous donne l’ambition de dire sur nous-mêmes « mon corps livré pour les autres » ! Qu’il nous donne l’ambition de lui obéir !