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Homélie du père Louis Groslambert et retour en photos sur les 70 ans de l’église du Sacré-Cœur
A l’occasion de cette fête des 70 ans, des conférenciers ont raconté l’histoire de la construction de cette église ; ils ont parlé de l’art des peintres Fernand Léger, Jean Bazaine, Jean Le Moal. Ils ont mis en valeur le génie de ces artistes qui, avec audace et nouveauté, ont su matérialiser dans la pierre et le verre les réalités les plus spirituelles, de sorte que, d’une part les chrétiens ont pu croire à la présence de Dieu dans notre contexte d’industrie, et d’autre part les personnes qui ne partagent pas notre foi ont pu élever leur âme. C’est que toute œuvre d’art a une aptitude spirituelle ; et les artistes ouvrent les esprits à ce qui est spirituel. Merci à eux, et merci aux personnes engagées dans la célébration de cet anniversaire, qui redisent le projet spirituel des constructeurs de cette église.
Maintenant, nous ne sommes pas appelés à construire une église en pierre ; nous sommes appelés à bâtir le Royaume de l’amour fraternel ; et dans nos églises nous nous réunissons pour être construits en corps du Christ, en corps d’amour. Il nous revient de construire, non pas une église de pierres minérales, mais une église de pierres vivantes ; aussi, nous n’allons pas méditer sur les lumières qui émanent des vitraux de verre mais sur la lumière que doivent refléter les hommes qui, chaque dimanche, se placent sous l’étendard de ces 5 plaies.
Le Père Prenel et son entourage ont voulu édifier une église de pierres vivantes. Une église de pierres vivantes, c’est une communauté où l’on s’entraide (pendant que les bénévoles terrassaient les fondations de l’église, dans le quartier des Castors, chacun participait à la construction des maisons de ses voisins et, de ce fait, construisait une humanité fraternelle). Le P. Prenel et son entourage ont voulu une communauté où l’on partage la foi dans les équipes d’action catholique, lors des retraites à la Roche d’or, par la diffusion de la presse chrétienne). Ces seules mentions montrent bien que la fondation de l’Église c’est la Parole de Dieu qui disait notamment par Isaïe « observez le droit, pratiquez la justice. » Mais cette construction d’une humanité fraternelle ne peut être réalisable que si elle émane de personnes qui travaillent pour la fraternité au risque de porter des plaies. Fernand Leger a eu raison : nous admirons le rayonnement du Christ, parce qu’il s’est exposé aux plaies.
Permettez que j’insiste sur les plaies. Vous les sœurs et les frères du doyenné, et vous les catholiques du diocèse et vous les frères protestants, vous le savez : nos communautés sont construites sur le Christ qui rayonne parce que, comme l’expriment ses plaies, il a montré le plus grand amour. Aujourd’hui des prophètes sont rendus crédibles par leurs plaies, par leur fatigue, par leur disponibilité à souffrir pour qu’il y ait plus de fraternité ! Nos communautés ne peuvent être des constructions rayonnantes que si la foi y est active, si la charité se donne de la peine et si l’espérance tient bon. Nos communautés seraient un signe magnifique dans notre monde ambitieux, si notre ambition d’être grands nous conduisait à nous faire serviteurs de tous. Nos communautés seraient un signe magnifique dans notre monde qui exclut, si notre volonté d’accueillir l’amour du Christ nous conduisait à ouvrir les bras pour accueillir les petits, les faibles, les fragiles. Mais, encore une fois, pour construire cette église signe, cette Église de pierres vivantes, il faut consentir à la sueur, à la fatigue, au don de son temps, à l’abnégation… consentir à un chemin de croix… consentir aux plaies.
A propos de la construction en pierres vivantes, il me tient à cœur de dire que Dieu a la liberté d’y associer des personnes qui ne sont pas officiellement chrétiennes. De même que Le Corbusier réputé agnostique, et Fernand Léger inscrit au parti Communiste, ont apporté une contribution très précieuse à la construction d’églises en pierre et en verre, de même, des personnes non baptisées sont des pierres vivantes parce qu’elles ont une espérance active et une charité qui se donne de la peine. Je suis toujours ému en citant la réponse que fit Le Corbusier à un journaliste qui l’interrogeait : « comment se fait-il qu’étant agnostique, vous construisiez une chapelle ? » -« Je ne sais pas si j’ai la foi ou si je ne l’ai pas ; mais je suis disponible ». Comme le Christ a dit « tu m’as ouvert l’oreille, alors j’ai dit « voici je viens » (Psaume 39) ; comme Marie disait « je suis la servante du Seigneur », Le Corbusier disait « Je suis disponible ». Si seulement tous les baptisés répondaient « je suis disponible » ! C’est la joie des chrétiens de voir d’autres personnes répondre aux appels de l’amour et être des pierres vivantes pour la construction du temple de Dieu, le temple de l’amour fraternel.
Nous aimons nos églises. Elles sont souvent belles. Les municipalités attribuent de grosses sommes à leur entretien… Mais aimons aussi l’Église de pierres vivantes, cette construction faite de pierres qui ne sont pas toutes baptisées, cette construction cimentée par la miséricorde fraternelle. Admirons les personnes qui, comme des vitraux, laissent transparaître la lumière de l’espérance, de la bienveillance, de la fidélité… Oui, les personnes sont les temples de Dieu. Merci à vous qui consentez à être des pierres vivantes. Merci à Dieu qui, sans se lasser, s’applique à construire une humanité belle comme une fiancée parée pour son époux.
Bénédiction :
Avant de recevoir la bénédiction, regardons le vitrail de la paix
- Pour que ta paix vienne dans nos cœurs, dans nos quartiers, dans le monde, disons
Père, donne-nous ta bénédiction (bis) - Pour que chacun soit semeur de paix, de joie et d’espérance, disons
Père, donne-nous ta bénédiction (bis) - Pour que chacun consente à être une pierre vivante pour la construction du royaume de l’amour, disons : Père, donne-nous ta bénédiction (bis)
- Que Dieu tout puissant vous bénisse…