C’est dimanche. Un jour donné pour fixer notre esprit sur l’essentiel : la liberté donnée par Dieu qui fait échapper aux esclavages et à la mort.Dieu de l’alliance, tu te fais connaître par tes dons. Donne-nous de reconnaître que tout ce que nous avons vient de ta bonté, celle que Jésus a manifestée jusqu’à la croix.
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Homélie du Père Louis Groslambert pour le 18ème dimanche du temps ordinaire
Frères et sœurs, nous venons d’entendre ce conseil de Jésus : « travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». Chacun travaille pour vivre et faire vivre sa famille. Saint Paul écrit même aux chrétiens de Thessalonique que « celui qui ne veut pas travailler n’a pas le droit de manger ». Si manger est essentiel (les personnes qui ont vu de près des anorexiques le diraient mieux que moi), travailler pour manger est donc essentiel. Mais manger quoi ? Selon une formule qu’on dit volontiers : « qu’est-ce qu’on mange aujourd’hui ? » ; quelle est notre nourriture ?
Jésus dit qu’il y a de la nourriture qui se perd. Il ne parle pas seulement de la nourriture qu’on gaspille et qu’on jette (nous le déplorons nous aussi). Il parle de la nourriture dont le bienfait n’est que très provisoire, de la nourriture qui ne rassasie pas, puisque chaque jour, cuisinières et cuisiniers passent des heures à préparer des plats qui devront être remplacés par d’autres, 6 h plus tard. En revanche, Jésus révèle qu’il une nourriture qui demeure en vie éternelle.
Quel est ce pain que nous ne trouvons pas dans les supermarchés mais que nous venons chercher à l’église ? C’est ce pain dont il dit « prenez, mangez ; si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme vous n’aurez pas la vie ». Devant ce pain de l’eucharistie, nous nous interrogerons toujours comme les gens devant la manne, en disant : « qu’est-ce que c’est ? » Bien sûr le catéchisme répond : c’est le corps du Christ. Mais cette réponse sera toujours mystérieuse et nous serons toujours interrogatifs : qu’est-ce que c’est ? Car ce n’est pas du pain qui vient des richesses de l’homme, ce n’est pas du pain que notre monde produit.
A la question « qu’est-ce que c’est ? Moïse répondait : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger ». A la table de l’eucharistie, nous recevons la même parole : c’est le pain que le Seigneur vous donne à manger. Donc pour mieux comprendre ce qu’est le pain consacré, il faut savoir d’une part qu’il est donné (que notre monde ne le produit pas) et il faut connaître d’autre part qui le donne : « C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel ». Oui, si c’est le Père qui nous donne ce pain, c’est sûrement la nourriture indispensable, la nourriture qui fortifie notre confiance, notre fidélité, notre miséricorde, notre espérance…
Le Père veut pour nous le meilleur ; donc la nourriture qu’il donne, même si elle reste mystérieuse, est sûrement indispensable. Si nous prenons conscience que c’est le Père qui nous donne ce pain, nous ne le gaspillerons pas.
Deux questions ont été posées : 1.qu’est-ce que ce pain qui est donné à la messe ; et donc qu’est ce qui me nourrit ? et 2. qui donne ce pain ; et donc qui me nourrit ? Il me semble qu’une troisième question s’adjoint aux précédentes : Moi, qui ai-je à nourrir ? à qui suis-je donné en nourriture ? Qui compte sur moi pour que je le nourrisse par ma bienveillance, ma fidélité, mon pardon, ma disponibilité ? Si moi qui suis nourri, je ne nourris personne, la nourriture que je prends est une nourriture qui se perd. Si au contraire, ayant reçu gratuitement, je donne gratuitement la bienveillance que j’ai reçue, si j’offre le pardon que j’ai reçu, si je regarde les autres avec estime parce que Dieu m’a regardé avec estime, ce qui m’a nourri devient une nourriture qui se garde pour la vie éternelle.
Frères et sœurs, notre prière consiste à dire « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Effectivement par Jésus qui meurt pour nous, Dieu exprime que nous lui sommes précieux, et par le Christ qui meurt pour nous, il nous assure qu’il sera à nos côtés, y compris les jours où nous souffrirons, où nous trahirons…. C’est une vraie nourriture, une nourriture qui est le don du Père. Il convient que nous lui rendions grâce.